Une cuve de carburant de 3 500 m3 “qui a été en cours de finition et qui devait être réceptionnée officiellement à la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) en août 2016”, vient d’être démolie. A l’heure actuelle, cette cuve dont le coût financier a été estimé à plus de 700 millions de francs comoriens, est à nouveau en cours de reconstruction avec une nouvelle société connue sous le nom de BnhGas.
Au lieu de la société “Hairu Engineering consultancy Comoros Sarl” qui avait obtenu le marché de cette cuve, laquelle avait déjà reçu 85% du montant alloué à la construction, soit près de 600 millions de francs. Une situation qui suscite une multitude d’interrogations pour plusieurs raisons, en l’occurrence sur le fait que le projet initial soit tombé à l’eau, la société Hairu engineering étant portée disparue alors qu’elle avait déjà touché 85% de la somme. Et puis il devait être question de finition et non pas de reconstruction…
Dans un courrier datant du 7 septembre 2016, soit un mois après la date prévue pour la réception, adressé à la direction de la Sch, dont Al-watwan s’est procuré une copie, cette société avait demandé un paiement local et un transfert international de fonds pour la complétion des travaux restants de la cuve.
Transferts de fonds
Dans le but de pouvoir accélérer la finition de ces travaux, notamment la couverture de la cuve, nous utilisons les services de la société Kulak pour leur grue immobile, peut-on lire dans la lettre avec les détails bancaires de ladite société.
Dans le même courrier, il a été précisé que d’autres lettres de la société Hairu datées respectivement du 23 février 2016 et du 18 juin 2016 ont été adressées à la direction du distributeur public comorien des lubrifiants pour faire part de l’état des travaux de construction de la cuve de carburant.
“Nous vous prions de procéder et de faciliter ces deux transferts dans les plus brefs délais afin de pouvoir entamer la finalisation des travaux de la cuve de carburant”, a-t-il été écrit dans le courrier.
Le total à payer, après les 85% cités ci- dessus, est de 14,41%représentant la somme de près de 96 millions de francs, soit 242 640,10 USD.
Impossible d’en finir
Pour finaliser les travaux inhérents à la cuve, de Hairu engineering avait demandé le paiement de 29 millions de francs comoriens, soit 4,41% de la somme globale. Quant à la somme à payer après la livraison du bac, il s’agit de près de 67 millions de francs. Il y a lieu de se demander ce que compte faire la Sch puisque 600 millions ont été déjà versés à Hairu, et que la société est aux abonnés absents…
Interrogé à ce sujet lors de sa conférence de presse du 29 mars, le patron de la Société comorienne des hydrocarbures, Mohamed Chatur Badaoui, a répondu qu’il a refusé de procéder au paiement demandé parce qu’à
mon arrivée à la tête de la Sch, Hairu Engineering consultancy n’effectuait déjà plus les travaux.
Le pourcentage s’élève à 14,41% sur le total de la somme, ce qui représente le seuil de sécurité du marché ; et il restait également deux viroles à mettre en place.”Il a été impossible de finir les travaux à cause de la technique utilisée dès le début. C’est une cuve d’un grand diamètre. Cette société a disparu alors qu’elle a reçu une somme à hauteur de 85%”, a-t-il ajouté. Selon le conférencier, il nécessitait une grue équipée d’un bras de 45 mètres pour pouvoir poser les deux viroles.
“Un engin pareil n’existe pas dans le pays. Sur le lieu où se situait la cuve, il serait difficile de faire circuler un engin. Normalement les travaux devaient commencer du haut vers le bas, ce qui n’a pas été le cas. La nouvelle société sélectionnée a été obligée de la démolir et tout reconstruire”, a-t-il lancé.
Plainte contre qui ?
Mohamed Chatur Badaoui a par ailleurs fait savoir qu’un appel d’offres international a été lancé pour la reconstruction de ladite cuve.
Depuis mon arrivée à la Sch, les travaux de construction de cette citerne n’avançaient plus. Vu les problèmes de stockage, on commandait des cargaisons tous les 40 jours, on était obligé de faire recours à une autre société, a-t-il expliqué.
Pourtant, l’appel d’offres qui a permis à la société BnhGas d’être sélectionnée n’a pas parlé précisément de reconstruction. D’ailleurs, la note d’information sur l’attribution du marché suite à un appel d’offre en date du 21 mars 2017, dont Al-watwan a pu obtenir une copie, a été relative à la finition d’un BAC de 3 500 m3 et non de reconstruction.
Pour la somme correspondant aux 85%, le directeur général de la Sch a laissé entendre que les juristes de sa société étaient en train d’étudier cette question pour pouvoir porter l’affaire devant la juridiction compétente.
“Le problème est qu’il s’agit d’une société de nationalité comorienne. C’est la société des Sri-lankais alors que ces derniers sont partis. Une société créée sur place et enregistrée au registre de commerce à Moroni”, a-t-il fait savoir.
Prêt d’un milliard de francs
Quant à l’information selon laquelle la direction de la Sch a emprunté une somme d’un milliard de francs auprès de Comores Télécom pour financer ladite cuve et commander du carburant, Mohamed Chatur Badaoui a confirmé que ledit prêtd’un milliard de francs a été effectué suite
aux exigences de l’Etat, à raison des contributions de la Sch à son endroit. On a procédé à ce prêt d’un milliard auprès de Comores Télécom. C’est comme l’avance d’un milliard de francs que nous avons octroyé à l’Etat lors de l’achat des groupes électrogènes. Et il précisera nous n’avons pas demandé ce prêt à Comores Télécom pour acheter du carburant”.
Au niveau de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), BnhGas, qui est, on le rappelle la société qui a la charge de reconstruire la cuve, ne s’y est pas fait enregistrer. Résultat, elle n’a pas honoré la redevance de 0,5% auprès de l’Armp, pourtant prévue dans le code de passations des marchés publics.