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Sommet de l’IA à Paris I Entre besoins d’innovations et craintes pour l’Humanité

Sommet de l’IA à Paris I Entre besoins d’innovations et craintes pour l’Humanité

Société | -   A.S. Kemba

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L’Intelligence artificielle (IA) fascine autant qu’elle inquiète. Et cela en raison des facilités qu’elle génère dans toutes les dimensions de la vie humaine et les avantages qu’elle procure aux nouvelles générations. Mais les outils déployés ouvrent la voie aux excès, suscitant des voix critiques qui réclament «un encadrement» pour épargner l’Humanité d’un effondrement de ses valeurs. Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a plaidé pour «une utilisation éthique et équitable» de ces outils dans «un cadre multilatéral», demandant «une gouvernance de l’IA véritablement inclusive». (Lire page 3).


Le sommet de l’IA (Intelligence artificielle) a pris fin mardi 11 février après deux jours d’intenses réflexions sur ce nouvel outil qui bouleverse le monde aujourd’hui. La rencontre a été ouverte par le président français, Emmanuel Macron, co-présidée par Narendra Modi, le chef du gouvernement indien. Ce rendez-vous international a eu lieu en présence d’António Guterres, le patron de l’Onu, de nombreux dirigeants du monde dont le Comorien Azali Assoumani, des décideurs du monde numérique, des génies et experts de la Tech.

Des avantages et des défis

La France a mis les petits plats dans les grands pour faire de ce sommet « une nouvelle vitrine diplomatique » après les JO de 2024. Elle a choisi un discours équilibré en appelant, d’une part, à des investissements massifs dans le domaine et, d’autre part, à des normes internationales pour garantir un usage à la fois responsable et proportionné des outils de l’Intelligence artificielle (IA).


Car, si celle-ci fascine en raison des réponses qu’elle apporte aux besoins de la vie, elle demeure toutefois une source d’inquiétude dans presque tous les milieux à cause des excès qu’elle engendre notamment en ce qui concerne le piratage des données personnelles, la destruction des emplois, le monopole exercé par les géants de la Tech sur la vie des gens ou encore le vol des œuvres scientifiques, artistiques et littéraires à des fins commerciales sans le consentement de leurs auteurs.


Les outils de l’IA interviennent dans de nombreux domaines de la vie : traduction automatisée des langues, conception des prototypes d’œuvres d’art, productions systématiques de données (livres, jeux vidéo, lunettes intelligentes, appareils auditifs, robots mères porteuses, images, articles de presse, contenus télévisuels), analyses de données et d’informations, diagnostics de maladies sans aucun recours à un médecin, géolocalisation grâce aux données personnelles, entre autres. Considérée comme l’une des plus grandes avancées technologiques du siècle, l’Intelligence artificielle génère des facilités dans tous les domaines de la vie, offre aux nouvelles générations un accès illimité de connaissances et de données en bouleversant les modes d’apprentissage des savoirs.


À ce jour, on compte plus d’une cinquantaine de moteurs de recherche IA et des dizaines d’outils à travers le monde qui permettent, chacun dans des domaines précis, d’intervenir pour apporter des réponses à n’importe quelle question sur des sujets variés ou à offrir des solutions sur des besoins sur de domaines vastes. Les plus connus sont ChatGpt, spécialisé, comme DeepSeek, dans la production des textes, MidJourney pour la production d’images ou encore Mistral AI qui agit dans les deux domaines.

Protéger la planète et réguler les pratiques de l’IA

Mais les outils déployés ouvrent la voie aux excès : piratage, vols de données, fausses informations, montages de vidéos obscènes, escroquerie en ligne, une robotisation de l’ensemble des tâches et services autrefois occupés par l’Homme. La communauté internationale étant aujourd’hui ainsi coincée entre innovations technologiques pour répondre aux besoins dans divers domaines comme la santé, l’enseignement, les transports, la recherche, entre autres, et le souci d’humaniser le monde, protéger la planète et réguler les pratiques de l’IA.


À Paris, deux visions ont ainsi émergé : celle défendue par les géants de la Tech, soutenus par certains gouvernements comme celui des Etats-Unis qui souhaitent laisser la science faire son œuvre en accordant la liberté aux entreprises et aux start-ups à poursuivre leurs innovations technologiques. Et celle soutenue par la France, les Nations-Unies et de nombreux pays qui reconnaissent les avantages de l’intelligence artificielle mais qui demandent toutefois «un encadrement» face aux dérives qu’elle peut entrainer dans le monde. «Nous sommes convaincus que l’IA va nous permettre de mieux apprendre, de mieux nous soigner, de mieux vivre dans nos sociétés », a reconnu Emmanuel Macron. «Nous avons besoin de ces règles pour que l’IA avance et un besoin de continuer à faire avancer une gouvernance internationale de l’IA», a insisté le chef de l’Etat français qui a annoncé des investissements de 109 milliards d’euros dans l’IA. 


L’une des réflexions nourries en marge des rencontres thématiques est la perte d’emplois à cause du remplacement de l’Homme par la machine. Une position qui rappelle les grands bouleversements intervenus au lendemain de la Révolution industrielle au 18eme siècle. Mais un contre-argument a été apporté par le premier ministre indien. «La destruction de l’emploi est la principale crainte liée à l’IA, mais l’histoire a montré que la technologie ne fait pas disparaître l’emploi, elle change la nature du travail et de nombreux emplois sont créés», a nuancé Narendra Modi qui a appelé à «renforcer notre partenariat mondial sur l’IA.

Le fossé entre le Nord et le Sud

Le Secrétaire général de l’Onu a insisté, de son côté, sur la nécessité de « combler le fossé entre les pays développés et en développement», se félicitant des avantages des progrès technologiques. «En un battement de cils, l’IA a quitté l’univers de la science-fiction pour devenir une force puissante qui révolutionne notre monde», a dit António Guterres qui souligne toutefois que l’IA «met à l’épreuve nos valeurs communes et nos droits fondamentaux ». À l’issue du sommet de Paris, les participants se sont accordés à mettre en place «une gouvernance mondiale de l’IA» à travers un pacte signé par 61 pays avec la volonté de lutter contre les fossés qui existent entre le nord et le Sud.

D’aucuns estiment que l’Intelligence artificielle ne profite pas véritablement aux pays en développement, en Afrique plus particulièrement. Les Comores font partie de ces pays qui sont toujours en retard en matière d’IA, selon des connaisseurs du secteur. Bien que des citoyens fassent recours à des outils de l’IA pour des tâches personnelles, le pays, malgré une volonté manifeste des acteurs, ne dispose pas à ce jour, d’une politique nationale en la matière ou d’un plan intérimaire d’intégration de l’IA dans certains domaines comme la santé, l’enseignement. (Lire page suivante).

 

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