Fraichement nommé, le nouveau directeur de la Société nationale de l’électricité (Sonelec), Soilihi Mohamed Djounaid, devra jongler ses ambitions avec de nombreux problèmes qui ne sont pas des moindres. S’il s’est donné 90 jours pour réaliser sa mission, celle-ci est très compliquée au vu de la situation.
La dette actuelle de la Sonelec s’élèverait à plus 1,4 milliard de francs en octobre dernier, date à laquelle a été rédigé le courrier par la direction administrative et financière de la Sonelec dont nous nous sommes procurés une copie. Le courrier était adressé au secrétariat général du gouvernement.
Le Daf a explicité dans ledit courrier que la société en charge de produire et de distribuer l’électricité devait 280 millions à la Société comorienne des hydrocarbures, 189 millions aux fournisseurs, 283 millions aux banques, 370 millions à la Caisse nationale de retraite et 46 millions de francs à la Caisse de prévoyance sociale. La Sonelec a également 263 millions d’arriérés fiscales.
La liste des maux qui frappela Sonelec est longue
Le directeur administratif et financier de la boite a tiré la sonnette d’alarme, pour des dépenses engagées “ces derniers temps par la direction générale qui ne sont pas de nature à aider à l’amélioration de notre situation, qui sombre vers des dettes incommensurables, parce que ne tenant pas compte des avis du département financier”, pouvait-on lire dans le document sus-cité.
La société, toujours selon le courrier, a du mal “à honorer les charges qui lui incombent”. Et de faire observer “que les recettes journalières qui arrivent rarement à hauteur de 15 ou 16 millions avaient du mal à honorer les 19 millions quotidiens destinés à l’achat de gazole”.
Situation qui a eu comme conséquence “un gap journalier entre 3 et 4 millions, et ce d’autant que la subvention de l’Etat est passée de 3 milliards à 2 milliards sans explication aucune”. Salim Ali Chahidi, a pointé du doigt une des nombreuses anomalies de la Sonelec : “le plus grave est que la consommation reste standard quel que soit le nombre de moteurs opérationnels et les durées de délestages constatées”.
Et d’enfoncer le clou en révélant une information de taille : “le rapport de 2019 qui a dégagé une perte d’environ 460 millions sur le seul chapitre du gazole, n’a jamais fait l’objet d’aucune mesure de correction”.
La liste des maux qui frappe la Sonelec est longue. Et dans le chapitre des recrutements, l’on apprend que “la masse salariale est passée de 84 millions à presque 100 millions en seulement 2 ans”.
“Cette situation est due non seulement aux recrutements incontrôlés et inopportuns qui ne répondent à aucun besoin mais aussi et surtout aux décisions unilatérales des différents directeurs sur les fixations et alignements des salaires et des reclassements d’employés sans justificatifs, et tout cela en vue de faire augmenter illégalement leurs salaires”, s’est lamenté le DAF.
Salim Ali Chahid a regretté que la Sonelec dépende “en totalité de commerçants de Volovolo pour le ravitaillement en matériels de branchement et de lubrifiants”. La conséquence étant, à titre d’exemple, “l’achat d’un conteneur de 100 futs d’huile à 45 millions contre un coût d’un maximum de 25 millions”, si la Sonelec procédait elle-même “à l’achat de notre huile”.
Pour redresser les finances de la maison, le Daf demande le retour à une subvention de 3 milliards, du litre de gazole à 300 francs au lieu de 315, l’obtention d’une exonération douanière ou encore, l’obtention d’une compensation en gazole sur les factures de l’Etat. Soilihi Mohamed Djounaid, administrateur de formation, devra donc faire face à tous ces soucis pour mener à bien sa mission. L’intéressé s’est donné 90 jours pour rétablir la situation. Wait and see.