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Souveraineté des Comores I Des acteurs politiques et de la société civile rejettent la militarisation de Mayotte

Souveraineté des Comores I Des acteurs politiques et de la société civile rejettent la militarisation de Mayotte

Société | -

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Une coalition rassemblant plusieurs partis politiques et organisations de la société civile comorienne a exprimé, lors d’une conférence de presse tenue le samedi 5 avril au restaurant Le Select à Moroni, sa ferme condamnation des projets français visant à installer une base militaire à Mayotte et à intégrer celle-ci au sein de la Commission de l’océan indien (Coi).
Cette conférence s’est tenue en présence de représentants de diverses structures, notamment le Rassemblement de l’opposition comorienne, les partis Dudja, Ushe, le Front démocratique des Comores (Fdc), le Mouvement comorien pour le respect de l’accord de Fomboni, le Comité Maore, le Collège des sages, le Collectif solidarité Chido, Adrikni, le Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc), la Confédération des travailleuses et travailleurs des Comores (Cttc), le Comité olympique des îles Comores (Cosic) et la Fédération comorienne des droits de l’Homme (Fcdh).


Formant une véritable force citoyenne, cette coalition dénonce avec vigueur des projets qu’elle considère comme «une violation flagrante du droit international, en particulier des 23 résolutions de l’Onu réaffirmant la souveraineté des Comores sur l’ensemble de l’archipel, y compris Mayotte». Ces projets sont perçus comme « une manœuvre visant à transformer Mayotte en avant-poste militaire sous prétexte de lutte contre l’immigration clandestine », tout en détournant « l’attention des véritables urgences auxquelles fait face les habitants de Mayotte», durement touchés par le cyclone Chido. « En quoi une base navale est-elle une réponse à la reconstruction ? Peut-être qu’elle permettra l’embauche de quelques personnes, mais en quoi est-ce une solution ?», s’est interrogé Idriss Mohamed, membre de la coalition, dénonçant «une propagande mensongère». Selon lui, l’implantation de cette base constitue «un danger stratégique» pour l’ensemble de l’Océan indien. «C’est à cause du cyclone Chido qu’ils tentent de justifier ce projet », a-t-il ajouté.

Appel à la mobilisation nationale

Les forces vives comoriennes lancent donc un appel à la mobilisation générale, au-delà des clivages politiques, afin d’organiser des actions de solidarité nationale et des marches pacifiques à travers le pays et dans les villes françaises où réside la diaspora comorienne. «Il s’agit d’un danger qui menace notre pays et qui risque de transformer l’océan indien en zone de conflit. La France y renforce sa présence militaire et augmente sa capacité d’intervention et de contrôle. Il est évident que d’autres puissances réagiront, car elles ne laisseront pas à la France le monopole stratégique de la région », a mis en garde Idriss Mohamed.


La coalition invite également les Mahorais à dépasser les ressentiments alimentés par la politique française, et à participer à un dialogue constructif, sans ingérence extérieure, pour définir ensemble un avenir commun. «Il faut que toute la nation s’unisse. La nation, c’est le gouvernement, les partis politiques, les syndicats, les associations... Nous voulons que le gouvernement s’implique pleinement dans ce combat », a-t-il insisté.


Il a salué «certaines prises de position » jugées «positives» du gouvernement sur des dossiers comme l’opération Wuambushu, tout en regrettant leur manque de suivi. «Il faut que nos dirigeants soient cohérents avec leurs engagements patriotiques. Le système français de domination devient de plus en plus difficile à maintenir. Il est temps de sortir de cette dynamique et d’être à la hauteur des aspirations nationales », a-t-il conclu.

Des revendications concrètes

La coalition rappelle qu’aucun statut administratif imposé par la France ne peut légitimer l’occupation de Mayotte. Elle considère que «l’intégration de l’île au sein de la Commission de l’océan indien en tant qu’entité distincte des Comores est illégale au regard de la Constitution comorienne comme de la Charte des Nations Unies ». Elle estime également que «toute tentative d’intégration de Mayotte à la COI viole les principes fondateurs de cette organisation régionale et du droit international ».


Face à cette situation, la coalition appelle les pays épris de justice et de paix à soutenir le peuple comorien dans sa lutte pour l’unité et l’intégrité territoriale. Elle exige «l’annulation immédiate du projet de base navale française à Mayotte et prévoit de saisir le Conseil de sécurité de l’Onu afin d’inscrire cette question à l’ordre du jour de sa prochaine session».
Par ailleurs, elle propose l’organisation d’une conférence internationale sur la question de Mayotte dans le cadre des 50 ans de l’indépendance des Comores. Elle appelle également à la tenue d’un sommet extraordinaire de l’Union africaine pour adopter des mesures concrètes contre l’occupation illégale de Mayotte.Enfin, la coalition envisage de saisir toutes les juridictions et instances internationales compétentes, y compris la Cour pénale internationale, pour dénoncer ce qu’elle qualifie de «crime contre la dignité d’un peuple».

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