Le quotidien Al-Watwan a célébré, hier, son 4000e numéro, trente-six ans après sa première édition. 4000 numéros et tant d’évènements relatés d’abord en version papier et, désormais, sur le web. Cette présence constante dans le paysage médiatique, elle la doit aux générations de lecteurs, aux partenaires et aux professionnels que vous êtes. 4000 fois merci!A mesure que votre journal prend de l’âge, son équipe se rajeunit. Une jeunesse qui doit être mise à contribution surtout en ces moments d’incertitude où, partout, la presse quotidienne mondiale imprimée et son modèle économique sont ébranlés avec, notamment, l’émergence fulgurante du numérique.
Depuis plus de trente ans, les bonnes nouvelles sont rares quant à sa survie. Des grands groupes de presse sont plongés dans le doute. La hausse des coûts de production d’une part et la baisse des recettes de l’autre, entrainant dans son sillage l’effondrement des ressources publicitaires, pourtant éléments clés de son financement. Partout, la menace de fermeture guette. Les spécialistes sont unanimes : la crise est structurelle.
Déjà fin 2010, le célèbre futurologue américain Ross Dawson avait prédit l’”extinction graduelle” de la presse écrite. Certes, c’est un peu exagéré. Mais à voir les plans sociaux lancés un peu partout à travers la planète par de grandes firmes médiatiques, on ne peut faire comme si de rien n’était.Chez nous, les effets de ce “big-bang” sont particulièrement dévastateurs.L’étroitesse du marché et le faible nombre des lecteurs plongent la presse dans une extrême fragilité et font que des titres naissent et disparaissent prématurément. Les journaux qui existent le sont par “persévérance et par amour du métier”, me confiait El Hade Saïd Omar, le patron de La Gazette des Comores.
Plan de développement
Votre quotidien Al-watwan doit sa survie à une assistance massive de l’Etat et de partenaires multi et bilatéraux. Faut-il rappeler, en outre, que l’Etat est le premier client des principaux quotidiens de la place, par le nombre des abonnements (228 sur 700 tirages, pour Al-watwan) et que ces mêmes journaux puisent l’essentiel de leurs ressources publicitaires auprès des organisations internationales et de certains projets?*Ajoutez à cela le fait regrettable que les entreprises privées et publiques ne recourent presque jamais à la presse pour leurs annonces et vous comprendrez sans doute l’extrème fragilité de son mode économique.
Faudra-t-il, pour autant, se laisser gagner par le fatalisme? Evidemment non !Pour faire face, votre organe a mis en place, un plan de développement échelonné sur plusieurs volets dont le modèle économique, le contenu éditorial et une mutation progressive vers le web.
La gravité de la situation explique l’urgence qu’il y a à enclencher le volet industriel d’Al-watwan placé sous le régime d’une entreprise à caractère industrie et commerciale (Epic).
Dans l’espoir d’équilibrer les comptes, le plan de développement explore plusieurs, pistes, notamment, maitriser sa chaîne de production, investir dans des produits innovants, adapter le modèle de distribution à un public cible, être plus présent dans les grands établissements scolaires et campus de l’université, exploiter des produits de niche tels que les festivités coutumières, les petits commerces, etc.
Par ailleurs, nous avons redéfini, depuis le 6 janvier dernier, le contenu éditorial sur la base d’une nouvelle maquette de douze pages (réduite à 8 durant la période de la crise sanitaire). Une formule que nous avons voulu plus maniable, esthétique, plus agréable à lire et plus représentative de l’opinion. Puis une charte éditoriale définissant entre autres, un mode et un style d’écriture avec comme finalité vous livrer une information simple, claire.
Avec ses milliers d’abonnés sur la plate-forme numérique, la transition d’Al-watwan Presse Edition vers le numérique s’opère progressivement. Depuis des années Al-watwan a intégré l’Internet dans sa stratégie de développement, mais si cette transition ne s’opère pas aussi vite que nous le souhaitons, le modèle économique peine à suivre. Les réflexions se portent, d’ores et déjà, sur comment rendre notre plate-forme numérique, un support d’investissement viable et résiliente. Ici, il est beaucoup plus question d’une promotion de vente adaptée à la nouvelle génération des consommateurs.Les besoins de formation indispensables demandent un accompagnement spécifique et c’est pour cela que nous sommes en train de redéfinir nos priorités envers nos partenaires sur l’offre de formation.
“Faire un pas en avant”
Pour l’heure, cette feuille de route nous a permis d’entrée, de réhabiliter et d’équiper le siège du journal à Moroni avec le concours de l’Etat, son premier partenaire notamment le ministère des finances et celui de l’information, ainsi que d’autres partenaires comme l’ambassade de Chine à Moroni. Parallèlement, des négociations sont en cours pour que nous puissions disposer dans les meilleurs délais de locaux propres à Ndzuani où nous sommes sous location et à Mwali pour que l’organe puisse assurer une plus grande continuité territoriale et être plus proche de ses lecteurs.
Ce dynamisme se poursuit cette année avec le renforcement du parc automobile, la mise à disposition de moyens de mobilité au service de distribution, l’équipement en mobilier de la rédaction, le renforcement du parc informatique du service de montage ainsi que d’autres matériels numériques destinés au service multimédia. “Clamer que le chemin est long ne le raccourcit pas, le raccourcir c’est faire un pas en avant”. A Alwatwan, nous avons décidé de faire nôtre cette devise de l’Université des Comores.
Maoulida Mbaé, directeur général
Il est interdit de copier ou de reproduire partiellement ou totalement, cet article sans l’autorisation d’Al-watwan.