Plusieurs fonctionnaires de l’île de Ndzuani ont vu leurs salaires suspendus depuis le paiement du mois de janvier 2023. Ce mois de février, d’autres aussi se découvrent dans ce pétrin. «Mon mari n’a pas été payé depuis janvier, l’on ne sait pas pourquoi, alors qu’il travaille, il a même récemment été affecté à Bungweni et s’y rend régulièrement. Il doit d’ailleurs jongler quotidiennement entre le travail et les allers-retours à la Fonction publique pour plaider son cas, qui n’est toujours pas réglé», confie une contrôleuse de chantier domiciliée à Wani avec son mari, professeur de sciences. Ce sort est partagé par bien d’autres employés de l’Etat, dont une autre employée, actuellement directrice régionale d’un service du ministère de la Santé, mais qui était jusqu’ici payée dans son corps d’origine, la Fonction publique.
Le directeur régional de la Fonction publique, Ansume Ousseine, explique la situation : «en janvier, une suspension de salaires a visé des fonctionnaires ayant abandonné leurs postes. Ce mois de février encore, 427 agents [au niveau national] ont vu leurs salaires suspendus pour le même motif. Dedans, l’on trouve 95 agents du ministère des Finances, 49 de celui de la Justice et 3 issus d’autres départements ministériels. A ce jour, 98 d’entre eux se sont présentés chez nous pour enregistrer leurs réclamations» Cette situation fait en effet suite au contrôle physique des fonctionnaires opéré au cours du dernier trimestre de l’année précédente par la «Commission d’enquête sur les opération irrégulières de la gestion des agents de l’Etat».
Le rapport dressé par cette dernière a été à l’origine, au début du mois de février dernier, de la fameuse liste des 932 agents privés de salaires. Ces derniers disposaient de deux semaines pour prouver leur qualité d’agents en poste ; quelques-uns l’ont fait et ont réussi à réintégrer les états de paiement, mais la grande majorité croise toujours les doigts.
Pour éviter cependant que les victimes de cette filtration subissent la double peine d’être fauchés tout en étant obligés de se payer le voyage à Moroni pour résoudre leurs cas, la direction insulaire de la Fonction publique promet de jouer l’intermédiaire, à défaut de pouvoir elle-même débloquer leurs situations. «Pour que des agents qui perçoivent des salaires de 30 000, 40 000 ou 50 000 francs ne se trouvent pas obligés de se rendre dans la capitale pour régler leurs problèmes, nous collectons leurs réclamations et les expédions à la Direction générale de la Fonction publique, celle-ci les retransmet à son tour aux institutions indiquées», affirme Ansume.