Les autorités comoriennes n’envisagent pas de réagir “pour l’instant” aux déclarations du ministre malgache des Transports, Rolland Ranjatoelina, qui a annoncé le placement des Comores sur une liste rouge réservée aux pays où “le risque de trafic d’or est très élevé”. Le porte-parole affirme que le gouvernement va temporiser mais Houmed M’saidie n’a pas caché son étonnement sur les propos de l’officiel malgache.
“Alors, classer l’Afrique du Sud et les Comores dans le rouge, c’est l’hôpital qui se moque de la charité”, taclera le porte-parole du gouvernement. A l’en croire, Moroni n’envisage pas tout de même réagir, pour l’instant. “Nous optons pour le dialogue qui a toujours caractérisé les relations entre les deux pays. Notre diplomatie sera mobilisée pour connaitre les tenants et les aboutissants des déclarations kafkaïennes du ministre malgache des Transports”, a-t-il annoncé. Les autorités malgaches ont confirmé les rumeurs qui circulaient depuis trois jours. Par la voix de son ministre des Transports, Rolland Ranjatoelina, l’Etat malgache a admis que la suspension des vols d’Air Mad est liée à l’affaire des lingots d’or. Cette déclaration intervient quelques jours après que les autorités malgaches aient entretenu le flou autour de “l’étonnante décision” de suspendre “jusqu’à nouvel ordre” les vols de leur compagnie nationale aux Comores.
Sur les ondes de Rfi, le ministre malgache a fait savoir que les Comores sont désormais placées sur la ligne rouge. “Les lignes vertes sont celles qui ne posent aucun problème en matière de trafic d’or”, a expliqué Rolland Ranjatoelina à nos confrères de Radio France internationale (Rfi), qui ont publié un article, vendredi.
Pour le ministre des Transports de la Grande île, les risques de trafic sont élevés pour les Comores, raison pour laquelle son gouvernement ne rouvrira pas les liaisons aériennes “car les conditions ne sont pas réunies”. ces propos n’ont pas laissé Moroni indifférent. Le gouvernement s’était même réuni vendredi après-midi à Beit-salam pour aborder le sujet.
D’après le porte-parole, les autorités comoriennes ne se reconnaissent pas dans les propos du ministre malgache des transports. “En matière de lutte contre le trafic d’or, les douanes comoriennes continuent à démontrer leur efficacité. Et la justice de notre pays enquête pour démanteler la filière tant extérieure que locale. La preuve, à la demande des autorités malgaches, nous avons extradé leurs deux ressortissants liés à l’affaire de lingots d’or. Malheureusement quelques semaines après leur arrivée sur le sol de la Grande île, ils ont été purement et simplement libérés “, a rappelé, Houmed M’saidie que nous avons interrogé samedi après-midi.
Aucune demande
Cette libération prématurée de ces présumés trafiquants après leur extradition est en contradiction avec les arguments mis en avant par Madagascar, explique Houmed M’saidie. A propos de la restitution de l’or, Houmed M’saidie a assuré que jusqu’à maintenant, les autorités comoriennes n’ont reçu aucune autre doléance. “Toutes les demandes malgaches dans cette affaire ont été satisfaites. On n’en a pas eu d’autres. Raison pour laquelle ce qualificatif de liste rouge attribué au pays est tout à fait inacceptable car nous avons rempli notre part du contrat en extradant leurs deux ressortissants”, a insisté le porte-parole du gouvernement et non sans rappeler que jusqu’à lors, “c’est plutôt l’Etat malgache qui n’a pas honoré ses promesses”.
En effet, lors de sa dernière visite au mois de janvier, le ministre de la Justice avait signé un engagement selon lequel le gouvernement payerait les amendes liées à l’exportation illégale des 50kg d’or saisis. Soit donc 5% de la valeur du métal jaune. “Cette somme n’a jamais été versée”, à en croire Houmed M’saidie.