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Sécurisation des sites de pompage d’eau I Va-t-on vers une expropriation des terrains environnants ?

Sécurisation des sites de pompage d’eau I Va-t-on vers une expropriation des terrains environnants ?

Société | -

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Le nouveau Code de l’eau stipule, dans son article 100, que les périmètres d’au moins cinquante mètres sont requis pour la protection des sources d’eau destinées à la consommation humaine. Un décret pris en Conseil des ministres détermine les procédures et modalités d’établissement des périmètres de protection des sources d’eau.

 

Le projet de sécurisation des infrastructures hydrauliques des sites de pompage peine à se réaliser. Planifiée pour le premier trimestre de cette année, sa réalisation est loin de voir le jour. Bien que les responsables chargés du projet fassent des pieds et des mains pour protéger la ressource qui alimente la capitale fédérale en eau, ils se heurtent régulièrement à une opposition frontale des propriétaires des terrains environnants.

La clôture des sites de pompage

Le lancement des travaux n’est pas si décomplexé que le ministre de l’Energie fasse part de l’épineuse question pendant le dernier Conseil hebdomadaire des ministres. Il parle d’une probable expropriation des terrains sis aux abords des sites de la société nationale d’exploitation et de distribution de l’eau (Sonede). Pourtant, le code de l’eau, nouvellement promulgué, évoque l’appropriation de la zone environnante de la source naturelle. La clôture des sites de pompage ne serait prise à contre-pied par certains propriétaires des terrains aux abords des stations de pompage de l’établissement public.


Interrogé à ce sujet, le patron de la Sonede, Soundi Goulam affirme qu’il est question de protéger la nappe contre les pollutions et de sécuriser les ouvrages hydrauliques. Et de préciser que la sécurisation des sites de pompage entre dans le cadre du projet d’approvisionnement en eau résiliente aux changements climatiques (Er2c). «Lutter contre le vandalisme et les sabotages restent un travail de longue haleine. Il est important de respecter scrupuleusement ce qu’exige le nouveau Code, plus précisément le rayon de cinquante mètres à partir de la source afin d’éviter toute mauvaise incompréhension à l’avenir», tient-il à rappeler.

Le cas du site de Mde

Faisant allusion aux problèmes que rencontre la société d’Etat au niveau du site de pompage de Mde où un propriétaire d’un terrain privé est vent debout contre l’appropriation de ces quelques mètres au profit de la Sonede. «Le cas du site de Mde, nous nous trouvons dans l’obligation de saisir un juge dans la mesure où la personne concernée est catégorique», explique l’homme de droit chargé du dossier, communément appelé «Me Anoir». Un cas précédent qui inquiète les acteurs du projet de clôture des stations de pompage de Vuvuni.


Soundi Goulam indique en outre que le projet du Fonds vert ne pourra pas apparemment prendre en charge financièrement ces terrains quand bien même le projet détiendrait le financement des travaux de clôture. «On trouve malheureusement trois à quatre propriétaires de terrains aux alentours. Il n’est pas aussi simple d’entamer des travaux sans une garantie pour le futur. La solution la plus adéquate pourrait être l’appropriation via une indemnisation», propose-t-il.


Dans le chapitre 2 du Code de l’eau, dans la section «protection du domaine public hydraulique», il est précisé que les dépendances du domaine public hydraulique font l’objet de délimitation et de démarcation pour assurer la protection quantitative et qualitative des ressources en eau. «Les terrains compris dans l’emprise des dépendances du domaine public hydraulique font l’objet d’expropriation pour cause d’utilité publique conformément à la législation en vigueur», peu-ton lire.

Durée de six mois

A son tour, le coordinateur du projet Er2c, Abderemane Mohamed Mfoungoulié rassure la disponibilité du financement, mais il n’a pas préféré divulguer certains détails. Il indique toutefois que le projet compte protéger la ressource en eau qui alimente la capitale fédérale et ses environs. «Ça fait partie des actions du projet. Protéger la ressource en vue de lutter contre les éventuelles pollutions naturelle ou entropique et éviter le pire en cas d’inondation», justifie-t-il. Quant à la durée du projet, son chef indique par ailleurs que les travaux vont durer six mois, au maximum.

Une des propriétaires, Me Armia, fait par ailleurs savoir que la Sonede vient d’annoncer ses couleurs par rapport à ces terrains entourant les sites en question. «Il s’agit d’une utilité publique. Certes j’ai acheté ce terrain, mais cela ne veut tout de même pas dire que les discussions sont épargnées. Nous, propriétaires, attendons les propositions et démarches de l’établissement public. Jusqu’à maintenant, rien n’est difficile «, rassure-t-elle.


Le ministre de l’Energie annonce, à la sortie du dernier Conseil des ministres, que le gouvernement réfléchit à la façon de sécuriser les sites de pompage d’eau à l’exemple de celui de Vuvuni ya Bambao. Il s’agit, selon lui, de «clôturer ces lieux qui, jusqu’ici, sont à la portée de tout le monde» et même accessibles aux animaux alors que l’eau en question sert à alimenter la population de plusieurs localités telle que la capitale, Moroni.

«Les sites concernés sont aussi entourés de terrains appartenant à des particuliers, ce qui constituerait une autre raison de les sécuriser. L’expropriation de certains terrains, après discussions avec les propriétaires, ne seraient d’ailleurs pas à exclure si cela est nécessaire», nous dit-il. Reste à savoir si cette annonce des autorités donne un quitus aux responsables de la Sonede de procéder au démarrage des travaux.

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