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Sécurité routière : L’installation des feux de signalisation à Moroni suscite déjà la controverse

Sécurité routière : L’installation des feux de signalisation à Moroni suscite déjà la controverse

Société | -   Abdou Moustoifa

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Malgré leur importance pour réguler la circulation routière, les feux de signalisation, installés depuis mercredi dernier dans la capitale et dans sa périphérie immédiate, suscitent déjà la controverse. Si certains saluent cette nouvelle initiative qui s’étendra dans tout le pays, d’autres voient en elle une entorse au droit.

 

L’opération d’installation des feux tricolores de signalisation au niveau du trafic routier a débuté mercredi dernier, 7 juin, à Moroni.

Un mois après la mise en place des caméras de surveillance à certains endroits de la capitale, ces nouveaux travaux ont pour but de réguler la circulation routière souvent perturbée par les embouteillages et la conduite pas très civique des conducteurs.

 


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Selon le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, ces feux seront, dans un premier temps, installés dans la capitale et dans sa proche périphérie.

A Ngazidja, elle couvrira l’axe Itsandra, au nord de la capitale, jusqu’à Mde, au sud. A en croire toujours le premier flic du pays, il s’agit d’un projet pilote initié par le ministère de l’Intérieur à la demande du président de la République pour garantir la sécurité des citoyens.

L’implantation de ces appareils au niveau des carrefours et ronds-points facilitera, selon lui, le travail des agents de la sécurité, plus particulièrement, les policiers et les gendarmes.

Il précisera, en outre, que ces travaux se poursuivront jusqu’à ce que les kits déjà disponibles soient installés en attendant l’arrivée d’autres lots.

 

Absence d’une étude préalable

«Nous avons commencé la phase d’essai mercredi dernier. D’ailleurs, nous avions prévu de lancer cette opération avant même le premier anniversaire du président Azali mais pour des raisons techniques, les équipements ne sont pas parvenus à temps», expliquait-il.

Mais près d’une semaine après leur installation dans les rues de la capitale, ces feux suscitent déjà la controverse.

D’une part, par des automobilistes qui conduisaient au petit bonheur la chance (le plus souvent) et, d’autre, par une population excédée par les embouteillages monstres que les feux de signalisation ont crées.

Pourtant, dès samedi dernier, les feux étaient déjà opérationnels au niveau de certains carrefours de Moroni. Cependant, on a constaté des bouchons comme ce fut le cas à Itsandra au rond-point menant à la résidence de Beït-Salam alors que la circulation y est généralement très fluide.

Au niveau du rond-point Gobadju, au sud de la capitale par exemple, ce fut des citoyens qui ont entrepris de réguler la circulation, les premiers jours, car certains automobilistes faisaient fi… du poteau tricolore.

Si le ministre de l’Intérieur se veut rassurant, quant aux rôles qu’ils pourront jouer dans la circulation routière, d’autres responsables se demandent si une étude préalable a été effectuée avant même leur installation.

«Je salue l’initiative du gouvernement de vouloir réguler le flux des automobiles, mais est ce que les dispositions nécessaires ont été prises pour que ces efforts ne fassent pas long feu ?», s’interroge Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, président de la Fédération comorienne des consommateurs (Fcc).

Selon lui, ce processus devrait faire l’objet d’une vaste consultation entre les différents acteurs concernés par ces nouvelles dispositions afin qu’ils soient tous capables de s’en approprier.

Même son de cloche pour le président du Modec, Mohamed Abdallah Irchadidine, qui estime que l’arrivée d’une telle technologie dans la circulation routière aurait dû prendre en compte toutes les éventualités car même le code de la route comorien ne prévoit pas de telles infractions.

 

Aucune base juridique

Malgré que le premier flic du pays ait annoncé l’organisation d’une vague de sensibilisation concernant ces nouvelles dispositions de la circulation, l’inexistence de ces feux dans le code de la route comorien sème le doute.

Pour Me Omar Zaid, les sanctions relatives à ce type de délits n’existent pas dans le code de la route même celle qui a été révisé en 2009.

«Depuis l’installation de ces feux, un certain nombre de mes collègues et moi avons effectué pas mal de recherches sur ces feux mais à la grande surprise il n’y a pas un seul endroit où de tels actes sont qualifiés d’infraction», a-t-il souligné.

 

 

S’il reconnait la nécessité ou l’urgence de réguler la circulation routière pour garantir la sécurité de la population, il n’a pas non plus manqué de rappeler que cela ne signifie pas forcément que les sanctions qui en découleront ont une base juridique.

Pour justifier son argument, Me Zaid se réfère à l’article 4 de la constitution comorienne et à l’article 7.1.2 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui stipulent ceci «Aucune personne ne peut être sanctionnée sur une infraction qui n’existait pas au  moment des faits».

Il a, toutefois, appelé les autorités à procéder à un aggiornamento des textes. Le président du Modec va dans le même sens et évoque une proposition de loi qui inclura les nouvelles dispositions relatives aux feux de signalisation.


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