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Sécurité routière à Ndzuani : d’autres écueils moins visibles sur la route

Sécurité routière à Ndzuani : d’autres écueils moins visibles sur la route

Société | -   Sardou Moussa

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La gendarmerie nationale est en pleine campagne à Ndzuani, à l’occasion de la «Semaine de la sécurité routière» pour inciter les chauffeurs et motocyclistes à respecter le Code de la route.

 

A l’occasion de la «Semaine de la sécurité routière», ouverte du 10 au 15 juin, la gendarmerie a entrepris de distribuer le week-end dernier des autocollants aux automobilistes de Ndzuani. Sur ces derniers figure un message d’incitation au «respect des mesures de sécurité à bord des véhicules».


Et sur la page d’information officielle de la gendarmerie nationale, l’on insiste sur l’obligation du port de la ceinture de sécurité à bord des voitures, du casque pour les motards, la limitation de la vitesse surtout en zone habitée, la surveillance routière etc., comme mesures à perpétuer et à renforcer dans l’espoir de faire baisser encore le taux d’accidents routiers, qui est passé de 255 en 2019 à 236 l’an dernier (dont 53 à Ndzuani, avec 12 décès).


La route anjouanaise cache toutefois d’autres écueils, que les déclarations officielles n’évoquent pas forcément. Saïd Hassane, vice-président de la section syndicale d’Usukani wa Masiwa à Ndzuani, est, lui, mieux placé pour en parler. Interrogé par Al-watwan par rapport à ce qui lui semble être les principales causes de la dégradation de la sécurité routière, il a d’abord et surtout fustigé le travail du service des mines de l’île. «Notre service des mines délivre des permis de conduire à des jeunes inconscients, qui vont ensuite vouloir frimer avec leurs téléphones mobiles au volant ! Ces jeunes deviennent chauffeurs de tourisme, de transport en commun et de poids lourd au même moment, alors qu’il y a des étapes à passer. Car tout cela s’apprend», a-t-il déclaré, sur un ton visiblement très remonté.


Le service des mines de Ndzuani est en effet connu pour ses «libéralités» vis-à-vis des demandeurs de permis de conduire, mais pas seulement eux. Ici, les visites techniques des véhicules, obligatoires à des échéances déterminées et dont la certification sur papier est régulièrement demandée aux chauffeurs par la police routière, se passeraient également de manière tout à fait complaisante, comme l’affirme encore Saïd Hassane.


«Nous l’avons déjà dit et nous l’assumons : ce service ne sert à rien, il devrait être purement et simplement fermé ! Nous avons maintes fois évoqué avec ses responsables ce problème des visites techniques faites uniquement le papier contre paiement, sans que cela ait changé ! Au final ils [les responsables du service] se sont mis en colère contre nous et ne nous parlent plus…»


En 2020, lors d’une tentative d’enquête d’Al-watwan sur toutes ces pratiques incriminées au service des mines anjouanais, un cadre de l’établissement avait répondu, sous anonymat, que «c’est bien vrai tout cela mais que voulez-vous… ?».

Voitures à volant à droite en circulation

Un autre facteur qui favorise l’insécurité routière, ne concerne pas cette fois uniquement le travail du service des mines, mais plutôt aussi les douanes et la police routière, est la présence encore sur la route anjouanaise de véhicules qui a leur volant à droite, malgré leur interdiction depuis octobre 2018 par une note circulaire du ministère de l’Intérieur. Selon le responsable syndical, une note du receveur des douanes de l’île avait récemment ordonné qu’ils soient «ramassés», mais cela ne s’est toujours pas produit.


Selon plusieurs sources concordantes parmi des chauffeurs et des douaniers, les importateurs de ces véhicules utilisent un moyen détourné pour les faire entrer dans le territoire : «Ils les commandent avec leur volant à droite depuis Dubaï, mais là-bas des mécaniciens les modifient en les faisant passer du côté gauche, puis une fois dédouanés aux Comores, d’autres mécaniciens locaux les remettent à droite», explique un grand connaisseur du dossier.Selon toujours ce dernier, «il s’avère nécessaire de remettre le volant à sa place une fois le véhicule arrivé aux Comores car autrement, il ne tiendra pas longtemps, ce changement de côté l’ayant rendu mécaniquement fragile».

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