L’interconnexion tant attendue des deux opérateurs locaux des télécommunications ne vient toujours pas. Pourtant des délais et sanctions, en cas de refus, ont été annoncés par le régulateur (lire notre édition n° 3111 du mercredi 8 février 2017). Hier, dans un point de presse dans ses locaux, le directeur général de l’Autorité nationale de régulation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Anrtic) a tenu à porter des éclaircissements sur la situation.
Certes, les deux sociétés s’étaient engagées à s’entendre sur l’interconnexion nationale, dans un délai qui ne devait pas dépasser le 20 février dernier, à la base des tarifs arrêtés après concertations par le régulateur. «Nous avions pris cette décision après plusieurs concertations avec les directeurs de Comores Télécom, Oumara Mgomri, et de Telco Sa, Alain Brillard, et des autorités.
Dans la mesure où les deux opérateurs avaient manifesté leur volonté de s’interconnecter, nous pensions que l’imbroglio allait prendre fin», a rappelé Said Mouinou Ahamada. Ce dernier lâchera : «Hélas ! Au dernier moment, il y a eu un revirement de situation». Le directeur de l’Anrtic a expliqué les raisons qui avaient amené ces services à prendre cette décision. «En l’absence d’une publication du catalogue de l’interconnexion par Comores Télécom, selon les dispositions légales, le régulateur peut procéder à un encadrement des tarifs».
Mais quand on parle de revirement de situation, c’est lorsque l’opérateur historique pose aujourd’hui des préalables qui n’ont rien à voir avec les attributions du régulateur, à en croire son patron. «L’interconnexion nationale n’est pas effective car Comores Télécom exige la révision de la convention d’établissement de Telma-Comores, l’abrogation de l’arrêté qui octroie certains avantages, notamment fiscaux à Telco Sa, et la révision des tarifs des appels internationaux entrants de son concurrent».
Said Mouinou fait savoir clairement que la révision de la convention d’établissement de Telco ainsi que l’abrogation de l’arrêté portant sur les exonérations octroyées au nouvel opérateur est une prérogative qui revient uniquement au gouvernement.
Des conditions et encore des conditions
Il dira, en outre, qu’en ce qui concerne les appels internationaux entrants, ce sont des conventions que chaque opérateur signe avec des opérateurs étrangers et qui, par conséquent, n’entrent pas dans le champ d’intervention du régulateur. Selon le directeur, l’Anrtic intervient uniquement dans les appels locaux et ceux qui sortent.
Revenant sur le compromis qui a été trouvé, le chef du département communication de l’Anrtic, Sahali Assaf, a donné des amples explications.
«La décision portant encadrement des tarifs de l’interconnexion est basée sur l’équité, la transparence et la légalité pour éviter de faire des mécontents. La présence des directeurs généraux des deux opérateurs lors de la signature des documents d’encadrement des tarifs par l’Anrtic vaut adhésion. Par conséquent, nous sommes surpris de voir que les choses ont changé au dernier moment». Et pour intervenir dans le volet des ‘’appels internationaux entrants’’, Il a insisté qu’«il faudrait que chaque opérateur nous remette toutes les conventions qu’il a signées avec des opérateurs internationaux».
Tout en se renvoyant la responsabilité de l’impasse, les deux opérateurs continuent à clamer qu’ils sont ouverts aux discussions et sont prêts à s’interconnecter.
Quant aux sanctions évoquées auparavant, Said Mouinou Ahamada a révélé le délai raisonnable de 30 à 90 jours pour trouver une solution à l’amiable avant toute éventuelle sanction.
«Notre rôle premier est de trouver un terrain d’entente pour ramener les protagonistes à faire des concessions et aboutir à l’interconnexion et non de sanctionner. Nous devons également veiller à ce qu’aucun opérateur ne pratique des prix excessivement chers aux dépens des consommateurs ou des prix anormalement bas aux dépens de son concurrent, seulement dans le cadre local», tient-il à préciser.