logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Télécommunications : Les raisons de la coupure de Telco Sa

Télécommunications : Les raisons de la coupure de Telco Sa

Société | -   Mohamed Youssouf

image article une
La capacité de Telco Sa sur le câble Eassy a été coupée avant-hier par Comores câbles et la qualité de la connexion a été impactée puisque le second opérateur a dû basculer dans le «backup» qui est juste une solution de secours. Il s’agit d’un différend qui porte sur des factures mensuelles impayées qui porteraient sur 180 millions de francs. Comores câbles a pris cette décision parce que l’opérateur privé ne reconnaitrait pas l’existence de la société nationale. «Telco Sa a renvoyé toutes les factures à Comores câbles estimant qu’aucun contrat ne lie les deux sociétés», a fait savoir Ali Karani, directeur général de Comores câbles.

 

Habitués à une connexion qualifiée de qualité, les abonnés de  Telco Sa doivent désormais composer, depuis avant-hier, avec une connexion dont la qualité est considérablement revue à la baisse. La faute à un différend qui oppose l’opérateur privé et la société nationale Comores câbles sur fond de factures impayées. C’est du moins la version du directeur général de la société nationale, Ali Karani qui, suite à une panne sur le câble Eassy, a délibérément solutionné le problème au profit de Comores Télécom tout en ignorant soigneusement le côté de Telco Sa.

 

La société Comores câbles est une société nationale chargée de financer, détenir, maintenir, exploiter et commercialiser les câbles. J’ai deux clients (Telco et Comores Telecom, Ndlr) à qui j’envoie régulièrement des factures depuis novembre 2016. Mais aucun des deux n’a payé ne serait-ce qu’un mois. J’ai décidé d’assigner en justice Comores Télécom et de couper la capacité de Telco Sa,

 

nous a révélé Ali Karani; selon lui, l’opérateur historique reconnait Comores câbles raison pour laquelle, il a entrepris une action en justice. Quant à Telco, «les responsables m’ont envoyé un courrier me demandant de produire le document qui fait état d’un quelconque lien avec eux au point de demander qu’ils paient ces factures.

En clair, Telco Sa ne reconnait pas notre structure et pour le manifester, toutes les factures me sont renvoyées. Personne n’est sans savoir que lorsque vous faites un abonnement, en cas de non paiement prolongé, les services sont naturellement coupés», a expliqué notre source. Du côté de l’Autorité nationale de régulation des technologies de l’information et communication (Anrtic), les différends entre les sociétés sont à régler, mais pour l’heure, la connexion doit être rétablie avant tout.

 

Nous avons reçu un courrier de Telco Sa nous informant que Comores câbles a coupé sa capacité. Au-delà des considérations contractuelles, l’Anrtic a sommé la société nationale de rétablir immédiatement la capacité de Telco pour ne pas léser la population. Juridiquement, seule l’Anrtic peut donner l’autorisation à un opérateur de couper l’interconnexion avec un autre. Pour opérer, Comores câbles aurait dû obtenir l’autorisation du régulateur et tous les opérateurs sont tenus de respecter les lois, décrets, arrêtés et notes du directeur général de l’Anrtic,

 

a longuement expliqué le conseiller en communication du régulateur, Assaf Sahali. Mais, à en croire Ali Karani, Telco Sa doit régler à Comores câbles une facture mensuelle de 18 millions et Comores Télécom doit payer  35 millions, et sachant que les deux opérateurs n’ont jamais versé un rond depuis novembre 2016, Comores câbles peine à assurer ses obligations.

«Par trimestre, j’envoie à l’extérieur 57 millions pour l’entretien à raison de 200 millions par an, 10 millions à E-marines pour le stockage des câbles, sans oublier les charges salariales. Les installations à la station d’atterrissement de Moroni ont besoin d’une température qui oscille entre 21 et 23%. Sachant que les climatiseurs en place ne sont pas performants, il faut que j’investisse dans d’autres dont l’un revient à 2,5 millions», devait détailler le directeur général de Comores câbles,  sans oublier les interventions de techniciens étrangers qui coûtent jusqu’à 75.000 dollars pour quelques jours seulement.  Ce dernier s’attend à ce que Telco Sa vienne demander une capacité «pour qu’on déroule les conditions».

«Il fut un temps où, Telco Sa expliquait qu’il n’avait rien à payer à Comores télécom parce que les câbles étaient sous la responsabilité de Comores câbles. Maintenant, la société estime qu’elle n’a pas un contrat d’achat de capacité avec nous et n’a donc pas à nous payer des factures», a-t-il rappelé. Le régulateur demande de son côté, que les opérateurs l’informent en cas de litiges parce que lui seul est habilité à trancher sur ces questions. «Dans ce cas précis, la loi n’a pas été respectée. Les questions de contrat sont à discuter mais en cas de différends, les sociétés ont le devoir d’avertir l’Anrtic», selon Assaf Sahali.
Quant à Telco Sa, elle a décliné notre demande de fournir des explications sur la question.


Commentaires