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Tachfine Ahmed, directeur général de la sécurité civile : Ma vision est de faire de la Dgsc une grande institution au service de la population

Tachfine Ahmed, directeur général de la sécurité civile : Ma vision est de faire de la Dgsc une grande institution au service de la population

Société | -   Nassila Ben Ali

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Cinq moi mois après sa nomination à la tête de la direction générale de la sécurité civile, Tachfine Ahmed se confie à Al-watwan et étale sa vision et ses projets. Le nouveau patron de la Dgsc donne plus d’éclaircissements sur les travaux engagés, le projet de résiliences aux catastrophes naturelles, la gestion des incendies et le statut du personnel et sa formation. Interview.

 

Quelle est votre vision après votre nomination ?

A la tête de direction générale de la sécurité civile, ma vision est claire, elle est simple. C’est de faire de la direction générale de la sécurité civile une grande institution au service de la population, qui pourra utilement accompagner la politique d’émergence initiée par le président Azali Assoumani.

Quelques semaines après votre nomination à la tête de la direction générale de la sécurité civile, plusieurs travaux ont démarré, votre siège fait peau neuve. Comment expliquez-vous cela ?

Je tiens tout d’abord à remercier le chef de l’Etat pour m’avoir confié cette lourde mission depuis le mois de janvier de cette année. Je tiens à vous dire qu’à mon arrivée ici, j’ai constaté qu’effectivement nos infrastructures étaient devenues trop vétustes, des conditions de travail n’étaient pas particulièrement bonnes. Ainsi, il était urgent et de mon devoir, de tout mettre en œuvre pour justement assurer au personnel un cadre agréable. C’est l’objectif des travaux mis en chantier ici, à la Dgsc.

Pouvez-vous donner des détails sur ces travaux ?

Effectivement, on ne voit que l’extérieur, mais nous avons réalisé d’énormes travaux qui visaient particulièrement à améliorer les conditions de travail du personnel. Il y avait des problèmes d’hébergement, des problèmes au niveau de l’alimentation. Il fallait très rapidement remédier à tout cela, pour créer un cadre approprié pour fixer le personnel, faire en sorte que le personnel désigné pour assurer la permanence ne soit pas contraint de quitter le casernement pour aller s’alimenter à l’extérieur ou autre chose. A la date d’aujourd’hui presque toutes les conditions sont réunies pour que le personnel puisse rester ici et travailler. Pour ce qui est de l’extérieur, vous savez Moroni est la capitale de tous les Comoriens, tous les étrangères qui viennent visiter le pays passent par cette route (le boulevard de Strasbourg, tout près du stade de Moroni, ndlr), vous avez pu constater que le trottoir était quand même en mauvais état, il y avait un grillage très abimé, cela ne donnait pas une bonne image au pays. C’est pour cette raison que nous avons entrepris ces travaux.

Justement, parlant du personnel, où en est-on avec le statut ?

En effet, le décret qui a créé la direction générale de la sécurité civile date de 2012, vous imaginez bien que c’était un handicap assez sérieux mais, j’ai la satisfaction aujourd’hui, de vous annoncer que le président de la République, quand il est venu nous rendre visite la semaine dernière, nous a donné des engagements fermes et ce statut va être adopté à l’Assemblée nationale très bientôt. Tout le personnel le remercie pour cette décision qui est très importante parce que cela va procurer aux agents de la sécurité civile plus de motivation.

En ce qui concerne la gestion des incendies, la population blâme souvent votre capacité de réaction. L’on dit pour justifier cela que vous n’avez même de budget, de carburant vous permettant d’agir instantanément. Qu’en dites-vous ?

Pour ce qui est de dysfonctionnement constaté avant, je n’étais pas ici, je n’ai pas peut-être de réponses à vous donner. Par contre, concernant le carburant, c’est faux. Par trimestre, il y a une dotation accordée par le ministère des Finances à la direction génération de la sécurité civile, à Ndzuani, Mwali et à Ngazidja. Maintenant, pour ce qu’on faisait de cette dotation, je ne peux pas donner non plus de réponse là-dessus. Effectivement, on peut toujours estimer qu’elle n’est pas suffisante, mais nous avons une dotation en carburant et dans le cadre du budget qui va prochainement être voté, nous allons justifier cela et demander à ce qu’il y ait une augmentation. Au moment où je vous parle, la dotation qui nous est attribuée est là. Peut-être très difficilement on arrive à accomplir nos missions, mais on y parvient.

Quelles sont justement les difficultés rencontrées ?

Souvent, nous sommes accusés d’être en retard, mais actuellement, nous rencontrons d’autres difficultés qui sont celles de l’habitat. J’ai assisté récemment à des interventions pendant lesquelles nous avons réagi rapidement mais les habitations (la façon avec laquelle les Comoriens construisent leurs maisons), nous n’avons pas pu intervenir. Tantôt, on trouve des fils électriques, tantôt des maisons construites sur les routes et qui empêchent aux camions de pénétrer les zones atteintes par les incendies. C’est ainsi que j’ai recommandé la réparation des motos avec lesquelles nous pourrions relayer les camions-incendie. Concernant l’habitat, nous allons rencontrer le ministère concerné pour évoquer le sujet.

Un grand projet de construction de bâtiment devant abriter la Dgsc existe déjà. Où en est-on ?

Il y a un projet financé par le Fonds mondial pour l’environnement en partenariat avec le programme des Nations unies pour le développement (Pnud), à hauteur de 8.000.000 de dollars, soit approximativement 4 milliards de francs. Ce projet vise à renforcer la résilience des Comores aux risques des catastrophes liées au changement et la variabilité climatique. Nous avons un petit pays insulaire exposé à de nombreux dangers. Ainsi, il était du devoir des autorités de solliciter l’appui des organismes pour nous venir en aide. Ce projet a été mis en place depuis 2018. Il a accusé un retard, mais je pense qu’actuellement les dispositions prises pour que ces travaux soient effectués très rapidement. Ce projet vise plus particulièrement à rapprocher nos services des régions, des communautés. Il y aura des constructions de casernes de pompiers. A Ngazidja, il y aura à Fumbuni, Dibwani, Mitsamihuli. A Ndzuani, ce sera Sima, Bambao Mtsanga, et une direction régionale à Patsy. A Mwali, il y a la direction régionale qui va être construite à Fomboni et une caserne à Nyumashuwa. C’est un projet d’une très grande envergure qui va donner à la direction générale de la sécurité civile une autre dimension. Nous ne sommes pas les seules bénéficiaires de ce projet. Il y a également l’Ovk (Observatoire volcanologique du Karthala) et la direction technique de la météorologie. En ce qui concerne, l’Ovk, l’objectif est de tenir ce qu’on appelle l’alerte précoce, c’est-à-dire, contrôler et surveiller les mouvement du Karthala pour nous alerter rapidement afin d’agir pour évacuer éventuellement la population concernée.

Le projet prend-il en charge la formation des agents qui vont être déployés dans ces sous-centres ?

Non. Les charges afférentes à ces unités locales de sécurité civile (Ulsc) reviendront à l’Etat. Par contre le matériel, les véhicules, (chaque centre sera doté d’une ambulance), tout le matériel qui sera utilisé, les outils informatiques, le mobilier de bureau, la literie, tout cela est pris en charge par le projet. En tout cas, l’argent est là et le projet a déjà commencé. D’ailleurs, la direction régionale de Ndzuani est en chantier et pratiquement terminé. Il y a eu un problème de parcelle mais il est réglé. La direction générale et la direction régionale de Ngazidja seront abritées dans le même bâtiment qui sera construit dans le site de l’ancien aéroport de Moroni .

Comment comptez-vous alors former vos agents, sachant que la majorité n’a pas bénéficié de formation ?

Dire que la majorité n’est pas formée, c’est trop dire. Il faut savoir que nous avons bénéficié d’un appui important de nos collègues pompiers français installés à la Réunion. Il y a de nombreux cadres ici formés il y a longtemps dans le cadre de la coopération régionale. Effectivement, il y a d’autres pompiers, recrutés après, qui n’ont suivi ces formations. Ainsi, la formation reste une priorité pour nous, parce que la dernière fois que le président Azali Assoumani nous a rendus visite, a dit quelque chose de très important. Il n’y a de richesse que d’hommes. C’est que si nous n’avons pas de personnel qualifié, nous ne pouvons pas avancer. C’est ainsi que la formation du personnel à la direction générale de la sécurité civile constitue une priorité.

Comment est-ce que vous gérez les catastrophes en mer, les noyades, les disparitions des pêcheurs, sachant que c’est une mission qui vous revient ? Avez-vous le matériel adéquat ?

Malheureusement, je vous avoue que dans ce domaine précis, nous sommes en fait très démunis. Ce travail de sauvetage en mer revient surtout à l’unité de garde-côtes, même si nous sommes souvent appelés pour venir en aide à des pêcheurs perdus en mer. Nous n’avons pas d’embarcations, pas de vedettes, pour secourir les gens, mais on entre en contact avec des pêcheurs, nous leur donnons du carburant pour aider à la recherche des personnes disparues.
Pour l’instant, je vous avoue que nous nous n’avons pas de dispositif permettant de travailler en mer. Nous sommes dans un pays insulaire, entourés par l’océan, créer une unité de secours en mer fait cependant partie de nos projets, des objectifs futurs, laquelle unité viendrait en appui aux garde-côtes comoriens.

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