logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Tachfine Ahmed I «Nous avons l’ambition de faire de cette institution un grand service de l’Etat»

Tachfine Ahmed I «Nous avons l’ambition de faire de cette institution un grand service de l’Etat»

Société | -

image article une
À quelques jours de l’inauguration du nouveau bâtiment devant abriter la Direction générale de la securité civile (Dgsc), le directeur général, le lieutenant-colonel Tachfine Ahmed revient sur les conditions de travail du personnel, le projet de construction de ce nouvel édifice, le statut de son personnel ou encore les perspectives engagées pour améliorer l’institution. Le personnel, quant à lui se montre très réticent et ne veut pas répondre à nos questions sur leurs conditions de travail. Pour le Dgsc, «c’est pour éviter d’être obligé d’inventer et risquer de raconter quelque chose qui pourrait créer de la panique au sein de la population».

 

Comment évaluez-vous les conditions de travail au sein de la société ?

On ne l’a jamais caché ici à la sécurité civile, nous avons des agents qui gagnent en tout et pour tout 40.000 francs. Vous connaissez l’inflation, la cherté de la vie actuellement. Et vous imaginez bien qu’avec 40.000 francs, un agent qui a une femme avec deux ou trois enfants ne peut pas supporter longtemps une telle situation. Donc, nous espérons très prochainement que la nouvelle grille salariale va faire l’objet d’un décret du chef de l’Etat et entrera en vigueur. Ça sera une très grande satisfaction pour le personnel. Il n’y a pas en fait seulement la grille salariale mais il y a aussi les indemnités qui seront versées au personnel par exemple qui sera affecté dans les autres îles, car actuellement nous avons une grande difficulté pour procéder aux affectations. On ne peut pas se permettre par exemple avec 40.000 francs d’affecter un fonctionnaire à Mwali ou Ndzuani, parce que là-bas ce fonctionnaire doit être logé et se nourrir ; ça m’étonnerait qu’avec ce salaire, il puisse travailler sereinement. Donc, cette nouvelle grille salariale avec les indemnités qui vont être accordés au personnel vont les permettre de travailler de façon sereine.

Les travaux de construction d’un nouveau bâtiment ont pris fin, quand comptez-vous l’inaugurer ?

Avant tout, il faut savoir que le nouveau bâtiment que nous allons inaugurer prochainement a été financé à hauteur de 400 millions de nos francs conjointement par le Fonds mondial pour l’environnement et le Pnud. Et c’est une société chinoise qui a réalisé les travaux et comme vous avez pu le constater les travaux sont achevés. Nous avons procédé à une réception technique provisoire du bâtiment il y a près de dix jours.

Nous avons aussi visité le site comme vous le savez, c’est un chantier énorme, c’est un bâtiment composé de quatre niveaux au rez-de-chaussée plus trois étages. Nous sommes satisfaits de la qualité du travail accompli par la société chinoise que nous tenons à remercier. Nous allons l’inaugurer une fois que le chef de l’Etat sera de retour au pays. Je tiens à rappeler qu’il y a un autre bâtiment tout neuf qui a été construit à Patsy à Ndzuani. Et ce bâtiment va abriter la direction régionale. Nous allons également procéder à son inauguration très prochainement.

Un nouveau projet de loi portant statut du personnel de la Dgsc a été adopté récemment. Est-il déjà promulgué ?


Le statut des fonctionnaires de la sécurité civile a été adopté par l’Assemblée Nationale. Et, par la suite, le décret d’application a été signé par le chef de l’Etat Azali Assoumani. C’est une grande satisfaction pour le personnel de la sécurité civile qui a travaillé plusieurs années sans statut. Les avantages de ce statut sont nombreux. Il va d’abord formaliser un cadre légal au travail proprement dit. Il va également améliorer les conditions de vie, de travail, et les salaires vont être revalorisés. Cela nous pousse à revenir encore aux conditions de travail du personnel. Vous savez que pour la Dgsc, il ne suffit pas d’avoir de beaux bâtiments mais il y a aussi la qualité du travail et cette qualité dépend beaucoup des connaissances, de l’expertise du personnel. Nous devons avoir un personnel qualifié. Depuis que la Dgsc existe, nos partenaires nous sont d’une grande utilité. Le royaume du Maroc nous a octroyé huit bourses pour une formation de deux ans en sapeurs-pompiers. C’est un moyen de permettre à ce service d’atteindre un niveau de professionnalité plus élevé. Ici la formation de base et la formation continue constituent une priorité absolue.

Comment définissez-vous le plan de carrière au sein de la Dgsc en matière de ressources humaines? équipements et le choix d’un personnel qualifié ? Que souhaitez-vous voir améliorer au sein de la société ?


La Dgsc a beaucoup évolué mais on ne va pas s’arrêter en si bon chemin et nous avons l’ambition de faire de cette institution un grand service de l’Etat. Nous avons certes besoin de nouveaux équipements, de matériels. J’ai parlé tout à l’heure de la formation de base et continue. Il y a ceux qui pensent que la mission de la Dgsc est de seulement éteindre le feu. Mais nous avons d’autres priorités à savoir la gestion des risques et catastrophes. C’est un volet très important car il tient compte de la situation géographique de notre pays. Nous sommes un pays insulaire et nous sommes exposés à de nombreux aléas.

Nous avons les inondations, les risques de tremblement de terre, les risques du volcan, les cyclones, les risques de pollution maritime et même on peut parler aussi de risques de tsunami. Nous devons travailler sur la gestion de risque et catastrophe et depuis quelques années cela fait partie de nos priorités. A titre d’exemple depuis juillet, le service chargé de la surveillance du Karthala nous a informés d’une activité anormale du volcan. Je tiens à rappeler que cela ne veut pas dire obligatoirement qu’il va y avoir une éruption volcanique, je tiens bien à rassurer la population mais cela reste une possibilité. Nous avons le devoir de prévenir, de nous mettre dans la situation au cas où cette éruption devait se produire. Notre mission est de protéger la population comorienne.

Contrairement aux autres sociétés, vous disposez d’un personnel qui se montre très réticent à l’idée de répondre aux journalistes surtout lorsqu’on évoque leur situation compte tenu des conditions de travail. Comment expliquez-vous cela ?

Comme dans tout service, à la Dgsc, nous avons aussi un service de communication. Les gens ont le droit de s’exprimer mais il se peut que l’agent n’ait pas tous les éléments qu’il faut, raison pour laquelle, pour ne pas dire tout et n’importe quoi, nous vous dirigeons vers les personnes qui pourront vous renseigner utilement. Pour éviter d’être obligé d’inventer et risquer de raconter quelque chose qui pourrait créer de la panique au sein de la population, nos agents préfèrent s’abstenir et vous diriger vers les personnes compétentes pour plus de renseignements.

Propos recueillis par Mhoudini Yahaya et Faissoil Fatihoudine (stagiaire)

Commentaires