“Je produis du jus naturel, frais et sans conservateur dans des bouteilles de 330 ml sucré et non sucré pour les diabétiques malgré les difficultés financières et d’approvisionnement en matières premières”, souligne Ouinasse Mohamed El-had qui recommande la consommation du produit pendant 6 mois bien que le délai d’expiration soit de 12 mois. “Je recommande la consommation de mes produits pendant 6 mois bien qu’ils puissent aller jusqu’à 12 mois. J’ai des techniques industrielles. Mes produits sont conservés naturellement et peuvent être consommés par des enfants, à partir d’un an”, dit-elle.
Arrivée aux Comores en 2018 après des études à Madagascar
À son arrivée au pays, le contexte n’était pas favorable pour se lancer dans la culture entrepreneuriale, selon elle. Ouinasse Mohamed El-had se lance dans l’aventure entrepreneuriale depuis 2018, après ses études à l’Ispm (Institut Supérieur Polytechnique de Madagascar). “C’est nouveau aux Comores, du moins dans les transformations. Depuis 2018, je me suis lancée avec 0 moyen. J’étais en phase d’essai et de prototypage. Je savais que faire cela pourrait m’ouvrir des opportunités. J’ai eu un financement d’un appel à projet organisé par Efeicom. J’ai fait un grand pas avec.
J’ai fait l’acquisition d’emballage que j’ai personnalisé et commencé la mise en bouteille en essai à partir du mois d’avril dernier. Cela m’a permis de m’ouvrir à d’autres clientèles dans les autres îles”, souligne cette dame de 36 ans avant de faire savoir que l’idée de l’agro-entrepreneuriat la hante depuis toute petite.
“De là, j’ai su que le pays a du potentiel en matière agricole”. Elle regrette que le secteur soit mis en arrière-plan.
“J’ai toujours considéré que c’est un des piliers de développement d’un pays. Aujourd’hui, toute l’Afrique s’en est rendu compte. Il reste à notre pays de développer le secteur. C’est ce qui m’a permis de faire ma formation pour me spécialiser dans la transformation agro-industrielle. J’ai vendu du jus à partir de rien. C’était difficile à défaut d’approvisionnement d’emballage”, devait-elle souligner.
Difficultés d’approvisionnement en matières premières
L’entreprise familiale emploie trois personnes, elle-même, son conjoint et une stagiaire. “Ensemble, nous arrivons à produire 2000 pièces par mois, soit 500 par semaine. J’arrive à payer ma stagiaire. Ceci dit, ce n’est pas un gros salaire. Pour l’instant, le produit n’a pas encore eu sa visibilité comme il faut. Je n’arrive pas à écouler cette quantité par moi-même”, regrette-t-elle. Ouinasse Mohamed El-had fait la promotion de la qualité de son produit. Elle tacle les autres produits importés.
“C’est un jus du fruit lui-même. Aujourd’hui, tous ceux qui sont importés sont de produits de synthèse. La preuve en est que depuis un temps, un bon nombre de personnes est atteint de maladies cardiovasculaires. Ces produits sont toxiques pour la santé, et même pour l’environnement. Nous avons choisi du verre qui coûte cher au lieu du plastique pour préserver notre environnement”, déplore cette ingénieure en biotechnologie. Selon elle, le problème majeur à résoudre est l’approvisionnement en matières première et le manque de clients.
“Les limites de l’entreprise, c’est la clientèle. Ça serait mentir si je dis que je n’ai pas de difficulté financière puisque même les grandes entreprises ont des difficultés”, dit-elle avant d’ajouter : “une culture de partenariat est difficile dans notre pays surtout au niveau des producteurs agricoles qui ont perdu confiance en tout. C’est difficile d’avoir un fournisseur stable. J’achète mes matières premières en gros dans le marché. Par exemple, j’ai 5 fournisseurs de papaye. Ce n’est pas souvent la même variété de papaye.
Quand je transforme un produit à base de papaye, les couleurs peuvent varier. Ouinasse Mohamed El-had se dit fière de l’entreprise familiale dont elle demeure la principale architecte. “Je suis fière de ce que je suis aujourd’hui. Je sais qu’entreprendre, ce n’est pas gagner du bénéfice du jour au lendemain. Le plus important, c’est de créer quelque chose qui plaît et les bénéfices viendront après”, nous apprend-elle.
Par Ahmed Zaidou (stagiaire)