Le procureur de la République, Mohamed Abdou, a convié la presse hier pour livrer quelques détails sur cette affaire dite de la déstabilisation présumée du pays. Le parquetier a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire et le placement en détention provisoire de cinq personnes et quatre autres imposées d’une mesure de contrôle judiciaire. Pour les personnes privées de liberté, il s’agit d’un écrivain, d’un avocat et trois militaires dont un officier de l’And. Evoquant la présomption d’innocence, Mohamed Abdou a tenu à préciser que ces inculpations ne signifient pas que ces personnes sont coupables de quelque chose.
«Nous sommes dans un régime de présomption d’innocence, c’est l’enquête qui déterminera les responsabilités des uns et des autres», a-t-il rappelé. A en croire le procureur de la République, l’évolution de cette enquête révélera toutes les personnes impliquées dans cette affaire, les commanditaires, les baileurs et les bénéficiaires. «Nous avons mis la main sur neuf personnes. Qui en profite de cette entreprise, peut-on dire que l’organisation s’arrête là, y a-t-il d’autres personnes impliquées ? Seule l’enquête répondra à ces questions», a ajouté le parquetier. Mohamed Abdou a révélé que suite aux perquisitions opérées aux domiciles des personnes arrêtées, les officiers de la police judiciaire ont mis la main sur beaucoup de matériels.
12,5 millions de francs trouvés dans une poubelle
«Il s’agit de le l’argent liquide, 12,5 millions de francs comoriens trouvés dans une poubelle, un pistolet automatique, des minutions, un treillis, des téléphones portables, un ordinateur portable et des banderoles». Selon le procureur de la République, dans ces banderoles, on pouvait lire entre autres, «Vive l’armée républicaine», «référendum=putsch», «pays sauvé merci And» «tous conçus pour sensibiliser l’opinion à adhérer sur leur démarche», a indiqué Mohamed Abdou. Au sujet de l’ordinateur portable saisi, le procureur a fait savoir que lorsque celui-ci a été examiné, le programme détaillé de cette entreprise a été découvert. «Il y a eu les plans pour faire venir des armes lourdes, des kalaches depuis Ndzuani, le projet de recrutement d’autres militaires pour leur coup, les preuves de décaissement de 300 millions de francs comoriens». A en croire le procureur de la république, ce projet de recrutement d’hommes de main visait des militaires en activité et des retraités. Quant au pistolet automatique saisi, le procureur de la République estime que «les organisateurs de ce coup se sont procurés cette arme en cas de besoin de tirer à bout portant».
Le procureur de la République a ajouté que «l’étude scientifique effectuée sur les munitions et le pistolet automatique saisis dans deux endroits différents prouve que ces deux éléments son liés». Par rapport au passage à l’acte, le procureur de la République souligne que ce projet devait être exécuté avant, pendant et après le référendum. «Le projet consistait à éliminer certaines autorités parmi elles, le président de la Cour Suprême, le ministre de l’Intérieur, le chef d’Etat-major, le chef du corps, le secrétaire général du gouvernement, … Ce sont les piliers important du régime, une fois éliminés, il serait très facile de s’accaparer du pouvoir. Heureusement, l’information a filtré, les services de renseignement les a filés pendant deux mois avant de les intercepter le jeudi dernier».
Par rapport à l’avocat placé en détention provisoire, le procureur a expliqué que le principe d’aviser le bâtonnier de l’ordre des avocats a été observé conformément à l’alinéa 2 de article 61 de la loi portant organisation de la profession d’avocat. Avant d’engager les poursuites contre cet avocat, le commissaire du gouvernement a joint le bâtonnier de l’ordre au téléphone pour l’aviser et un courrier a également été remis au représentant du conseil de l’Ordre présent au tribunal. Mohamed Abdou a fait savoir que les poursuites sont engagées au moment où le commissaire du gouvernement a signé le réquisitoire introductif. Sans cet acte, on ne peut pas dire qu’il y a des poursuites. L’enquête préliminaire et la garde-à-vue ne font pas parties des poursuites.