Depuis l’ouverture de son bureau aux Comores en 2017, l’Agence turque de coopération et de coordination (Tika) s’est imposée comme un acteur majeur du développement dans l’archipel. Infrastructures, éducation, santé, formation professionnelle : ses domaines d’intervention sont multiples et traduisent la volonté affirmée par la Turquie de renforcer ses liens avec les Comores. L’arrivée du nouveau coordinateur, Gisayeddin Karateps, à Moroni marque une nouvelle étape dans ce partenariat.
Institution publique placée sous l’autorité du gouvernement turc, la Tika est bien plus qu’un simple acteur de l’aide au développement. Présente dans plus de 60 pays, elle incarne le bras opérationnel de la diplomatie humanitaire et technique de la Turquie. Son action s’inscrit dans une logique de soft power structurant, fondée sur des valeurs de solidarité, de partage culturel et de coopération Sud-Sud. «Nous ne sommes pas une Ong. Nous sommes une institution de l’État turc. Nos projets sont mis en œuvre en étroite concertation avec les autorités locales, dans le respect de leurs priorités», explique Gisayeddin Karateps, désormais en charge de coordonner les actions de l’agence à Moroni.
La Tika a réalisé environ 173 projets aux Comores. Parmi les plus emblématiques figurent la construction d’un stade à Ndzuani, la réhabilitation du Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs), l’appui à l’agriculture avec la distribution de semences et d’équipements, ainsi que des formations spécialisées en Turquie pour les pompiers comoriens.Selon M. Karateps, ce soutien multiforme a eu un réel impact sur le terrain. De nombreux bénéficiaires saluent la rapidité d’exécution, la qualité des infrastructures et les retombées directes sur les communautés.
Éducation et formation
La pandémie du Covid-19 avait toutefois entraîné une suspension temporaire des activités. Aujourd’hui, avec la reprise des projets, le nouveau coordinateur entend insuffler un nouvel élan à la coopération. Dès son arrivée, Gisayeddin Karateps a entamé une série de rencontres avec les autorités comoriennes, notamment le ministre des Affaires étrangères, afin de redéfinir les priorités stratégiques. «Nous voulons renforcer notre soutien à l’éducation, sous toutes ses formes : scolaire, universitaire, professionnelle », affirme-t-il.
La Tika envisage ainsi l’envoi de jeunes Comoriens en Turquie pour des formations techniques, mais aussi l’accueil de formateurs turcs aux Comores, afin de former localement une nouvelle génération de techniciens, enseignants et artisans qualifiés.Des discussions sont également en cours pour appuyer les institutions de recherche scientifique, les services sociaux destinés aux femmes et aux personnes handicapées, ainsi que l’enseignement religieux à travers les écoles coraniques. «J’ai visité l’Association pour la trisomie 21. Nous allons voir comment l’appuyer concrètement », indique-t-il.
Pour M. Karateps, la force de la Tika réside aussi dans sa capacité à intégrer les dimensions culturelles et religieuses dans ses interventions.Les Comores ne lui sont pas inconnues. «Je connais ce pays depuis quarante ans. J’ai lu sur son histoire, sa culture. Je sais que c’est un pays musulman. J’ai visité plusieurs écoles coraniques. Ici, je me sens chez moi», confie-t-il avec émotion.