Récemment, vous avez reçu plusieurs autorités dans votre centre. Quel sens donnez-vous à ces visites ?
Tout d’abord, ces visites m’ont bien réconforté car ces autorités ne cessaient de nous encourager. Des ambassadeurs, des ministres, des représentants de banques et autres nous ont rendus visite. Pour nous, leurs déplacements sont synonymes d’encouragements et une possible volonté de continuer à déployer des efforts considérables dans ce secteur.
Depuis la création de votre centre, vous ne cessez d’organiser des séances de sensibilisation et de distribution de vos produits auprès des habitants. Pourquoi cette campagne ?
Ce ne sont pas de simples distributions, il s’agit des partenariats entre des propriétaires de terrains et notre centre. Nous distribuons gratuitement ces semences pour encourager les Comoriens à se lancer dans le secteur de la production de semences et d’huiles essentielles qui doit être développée dans notre pays. Ce qui est possible et faisable dans un court délai.
Combien et quelles sont les différentes variétés de plantes que vous detenez?
À l’heure actuelle, nous avons le vétiver, bigaradier, romarin, combava, basilic, ylang-ylang et girofle. Pour le vétiver, nous avons une capacité de 48 mille pieds prêts à distiller. C’est presque deux ans de fonctionnement de l’usine sans aucun arrêt. Nous avons déjà commencé à récolter. Nous envisageons d’épargner le pays de toute rupture de stock de vétiver dans les vingt-cinq années à venir. Nous avons trois à cinq tonnes de bigaradiers. D’ici 2026, le pays ne va plus importer mais plutôt exporter. Notre romarin est prêt à distiller.
Et qu’est-ce qui bloque alors la distillation?
Le souci est qu’il nous faudra un alambic pour chaque produit. Nous avons déjà lancé la commande des équipements, nous attendons leur livraison dans le pays. Du coup, nous avons conservé certaines quantités de l’année dernière qui peuvent conrrespondre à une cinquantaine de marmites.
Pouvez-vous nous résumer l’utilité de ces produits ?
On peut se servir du vétiver dans la parfumerie, l’alimentation, la médecine, la protection de la terre contre la sécheresse et dans le domaine cosmétique. Quant au bigaradier, on peut produire du jus, vinaigre, produit désinfectant, confiture, salade de fruits. Il peut également être utilisé dans la médecine, la production d’électricité et du gaz. Pour le romarin, on peut s’en servir dans l’alimentation et la médecine. En ce qui concerne le combava, ce produit est utile dans la parfumerie, cosmétique, alimentation et médecine.
Certaines de ces plantes en parfumerie avaient disparu de certaines de nos îles aux années 1970. Comment a-t-il été possible de les ressusciter ?
Effectivement, leur disparition était inquiétante. Mais nous avons lancé une opération de récupération de ces produits auprès du Shungu à Maore, Tringini et Koni à Ndzuani, Karthala et Boboni à Ngazidja. À l’heure actuelle, nous avons une quantité suffisante. Leur multiplication est davantage faite à Ndzuani avant de les produire à Ngazidja.
S’agit-il de plantes résilientes, qui résistent au changement climatique, ou plutôt envahissantes ?
Notre centre a préféré bosser sur des plantes qui ne sont pas envahissantes. Nous misons beaucoup plus sur celles que nous jugeons protectrices.Il y a toutefois neuf autres plantes en observation.
Quelle sera la capacité de production au sein de vos centres?
Nous envisageons, pour le vétiver, 20 kilos de racines pour une marmite de 150 litres d’eau en 3 heures de temps pour la production d’huile. Par rapport au bigaradier, nous comptons mettre en place un dispositif permettant de distiller 300 kilos de fleurs en 3 heures de temps via un alambic de 500 litres d’eau. On peut distiller le péricarpe, les graines et les feuilles du bigaradier. Quant au romarin, il s’agit de distiller 45 kilos de feuilles dan une marmite de 100 litres en 3 heures de temps. Nous avons prévu, pour le basilic, de préparer 50 kilos de feuilles dans un alambic de 100 litres d’eau en 3 heures. En ce qui concerne le combava, 75 kilos de feuilles avec un alambic d’une capacité de 250 litres. Pour vous rassurer, nous avons lancé des pépinières permettant d’atteindre les 15 mille tonnes.
Que pensez-vous faire après avoir extrait l’huile essentielle?
Tout d’abord, nous espérons faire accroître la production dans ce secteur. Nous envisageons procéder à une transformation locale de 70% de nos produits à des fins cosmétiques. Et les 30% du reste pour l’exportation. Ce qui va permettre de créer des emplois.
Pouvez-vous nous parler du marché dans ce secteur?
Notre pays se place parmi ceux qui manifestent un besoin et une production en matière de ces produits. Mais les quantités produites et demandées sont négligeables. Avec notre projet de production, car les matières existent actuellement de manière suffisante, on pourra répondre à ces deux problématiques. Il suffit d’un marqueting bien adapté.
Un dernier mot?
A travers nos recherches, nous venons de découvrir une plante antimoustique. Nous sommes en train de l’observer et penser à son exploitation via son huile. Je voudrais solliciter l’Etat à créer des partenariats mondiaux dans ce secteur. J’ai une mention spéciale à mon équipe plus précisément les chefs des zones et le directeur général de Gazcom sur leurs appuis. Nos équipes, au niveau de Ngazidja, ne cessent d’impressionner.