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Tourisme et Covid-19 I Une année 2021 éprouvante pour le secteur de l’hôtellerie

Tourisme et Covid-19 I Une année 2021 éprouvante pour le secteur de l’hôtellerie

Société | -

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Les hôtels ont été frappés de plein fouet par la crise liée à la Covid-19. Les patrons ont dû s’adapter pour la survie de leurs entreprises en se livrant à des mesures qui, naturellement, n’ont pas été bénéfiques à tout le monde. Baisse de salaires, de tarifs, licenciements, chômage partiel et un rythme d’avant-Covid toujours pas retrouvé. A Ndzuani et a Mwali, les professionnels ne parviennent pas à se relever de la crise sanitaire.

 

Le Coronavirus continue de bouleverser l’économie mondiale, deux ans après son apparition. Et celle des Comores n’en fait pas exception. Plusieurs domaines en ont fait les frais, notamment celui du tourisme et, plus particulièrement, le secteur de l’hôtellerie pour qui, l’addition aura été salée en 2021. Al-watwan a mené une enquête auprès de trois établissements, respectivement, le Retaj, Golden Tulip et le Jardin de la paix. Et leurs patrons ont dû s’adapter pour ne pas voir leurs entreprises s’effondrer. Malgré de nombreux efforts, certains d’entre eux ne se sont toujours pas remis «entièrement» des séquelles laissées par la Covid-19.D’autres sont convalescents.A Ndzuani et a Mwali, les professionnels ne parviennent à se relever de la crise sanitaire. La vie d’avant Covid est un lointain souvenir pour les patrons d’hôtels qui tentent, tant bien que mal, de retrouver leur «rythme de croisière», le tout en état sevré de toute aide des autorités touristiques.

Opération survie

Dans les trois établissements où nous avons mené notre enquête, on note, presque, les mêmes mesures prises pour la survie des entreprises. Alawiyat Idriss Farid, directrice du Jardin de la paix, affirme que son établissement «a diminué sa masse salariale. On a essayé de réduire nos coûts. On survit», a-t-elle lancé, sobrement. Mais il en fallait plus, pour stopper l’hémorragie financière causée par la Covid-19. Les tarifs touchant le loyer ont été revus à la baisse. «On a baissé le prix de nos occupations entre 2 500 et 5 000 fc, pour des chambres qui coûtent entre 12 500 et 47 500fc», a déclaré Alawiyat Idriss Farid.


Même son de cloche du côté du Golden Tulip où la Covid aura eu un impact encore plus grave. Tous les moyens étaient mis en place pour ne pas «mettre les clés sous le paillasson». «À partir du mois d’avril, les renvois ont commencé. Néanmoins, les personnes renvoyées touchaient 30% de leurs salaires. Mais cette subvention a pris fin à partir du mois d’août car l’établissement ne pouvait plus l’assurer», a fait savoir Lailati Mahamoud, manager marketing au Golden Tulip.La baisse des salaires est aussi passée par là. «Ceux qui étaient maintenus à leurs postes touchaient 50% de leur solde», a renchéri Lailati Mahmoud. Si la fin de l’année a pu offrir un peu de répit à l’hôtel avec le retour des personnes qui étaient renvoyées, «10% du personnel n’auraient toujours pas réintégré l’entreprise».


Changement d’ambiance du côté du Retaj où malgré que l’établissement ait été éprouvé par le virus, son directeur général, Ben Karroo, assure que l’année 2021 a été «bien». S’il reconnaît que le chiffre d’affaires est loin des standards des années précédentes et qu’il a dû se résoudre à la baisse des prix des chambres, il assure toutefois que l’idée de licenciement ou de baisse des salaires n’a jamais effleuré son esprit. «Début janvier, j’avoue qu’on était un peu dans le dur. Mais petit à petit, la machine s’est enclenchée sans que je n’aie eu à baisser les salaires ou, au pire, diminuer le personnel qui est la force de notre survie», s’est félicité celui qui a été récompensé du titre de meilleur directeur général aux Comores aux International GM awards 2021.


Dans les trois hôtels visités, la clientèle est essentiellement étrangère. Ce qui ne leur a pas du tout facilité la tâche, car le trafic aérien subi la loi de la Covid. «Nous avons beaucoup d’annulations de gens qui n’ont pas leurs tests Covid. Et c’est dommage par ce que notre clientèle est exclusivement étrangère, des gens qui viennent travailler au pays pour en moyenne, une durée de 10 à 15 jours», a déclaré Alawiyat Idriss Farid.

La question de la clientèle

Du côté du Retaj, la clientèle est «56% étrangère. Ce sont des séminaristes, des hommes d’affaires, des marins ou encore l’équipe nationale de football qui viennent pour une durée de 5 à 6 jours», a fait savoir Ben Karroo avant d’ajouter qu’il y’avait quand même une clientèle locale qui arrive spécialement de Ndzuani et de Mwali.
La même donne au Golden Tulip où, «80% de la clientèle est étrangère et leur durée d’occupation est d’une semaine. 20% de la clientèle est locale». Ce sont surtout des sociétés privées comme la Bic ou Comores télécoms et il reste en moyenne 5 jours.


Dans leurs politiques de reconstruction, les patrons pointent du doigt les instances du tourisme et leur silence assourdissant. «On n’a pas eu d’aides. On attendait un accompagnement du ministère du Tourisme qui avait promis de revoir la facture de l’électricité et de l’eau, ce qui n’a jamais été fait», a déploré Ben Karroo. Même regret pour Alawiyat Idriss Farid qui déclare : «Nous n’avons eu aucune subvention. Nous sommes livrés à nous-mêmes malgré les requêtes envoyées à l’endroit de l’Office national du tourisme».Le responsable financier du Golden Tulip nous confirmera que son service n’a jamais reçu de subventions d’aucune institution du tourisme. Face à ces accusations, et malgré nos nombreuses demandes, la direction de l’Office national du tourisme n’a jamais voulu s’exprimer sur le sujet.

Housni Hassani, stagiaire

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