Ouvert en 2021, Al Camar Lodge est un hôtel situé à l’entrée de Ndzauze, dans un site historique et naturel de quatre hectares connu sous le nom de Sada, au nord de Ngazidja, et qui aurait, dans le temps, abrité le village de Ndzauze.Construit par les quatre partenaires que sont Me Ibrahim Ali Mzimba, Fabienne Fabre et le couple Genet, Al camar Lodge est un complexe composé de cinq bâtiments portant, chacun, le nom d’un pays ou d’un territoire du sud-ouest de l’Océan indien : l’île Maurice, Madagascar, les Seychelles, les Comores et la Réunion.Il compte vingt-trois suites et huit chambres toutes équipées, notamment, avec les moyens derniers cris de communication, et des terrasses privées avec vue imprenable sur la mer, une piscine de 25 m de long, un lagon semi-artificiel, une plage, des crics (de petites baies sur le rivage), deux salles de conférence, et un vaste jardin.
«Tout» l’Océan indien dans un site
Pour se rendre à cette imposante installation située, donc, au bord de la mer, on emprunte une piste de près de six cent mètres à partir la route nationale (Rn1).
Son architecture est un savant mélange de moderne et de traditionnel dont la construction a été assurée à 90% par une main d’œuvre locale. C’est ainsi qu’on peut admirer des toitures en béton plombées avec de grosses tranches de bois comme dans les maisons en dur qu’on peut trouver dans les médinas historiques de Moroni, Mtsamdu ya Ndzuani ou encore de Zanzibar en Tanzanie.
Selon les responsables rencontrés dans le site, les noms de pays de l’Océan indien alloués, ici, à chacun des cinq bâtiments, n’est pas le fait du hasard : «des éléments de l’architecture reflètent cela. On a fait en sorte que toute notre région y soit, pour ce qui est de l’architecture, effectivement représentée. C’est ainsi que certains des mobiliers viennent de ces pays», précisent-ils.On y emploie, en haute saison, cinquante personnes et vingt-cinq en basse saison y compris trois jardiniers et des agents de maintenance. A la demande des clients, l’hôtel peut organiser «des excursions, des sorties en mer, des plongées, des soirées musicales, des tournées dans l’île, des randonnées, des visites au Karthala», entre autres.
«Nous le vallons bien!»
Al Camar Lodge propose en outre un service de massage, mais également des clubs privés réservés uniquement aux clients résidents.Invitée à réagir par rapport à la distinction de la gouverneure, la responsable de la réception et de l’hébergement, Salmata Boina Haliba, a exprimé sa satisfaction et soutenu que du fait des prestations qu’il offre et leur qualité, Al Camar Lodge la mérite amplement : «Al Camar Lodge est un hôtel de luxe qui fait la différence par rapport à ses concurrents de la place par le fait, notamment, que nous nous sommes focalisés sur tout ce qui est comorien. C’est ainsi que la plupart des mobiliers installés dans les chambres sont fabriqués ici, à Batsa, à Membwadju et à Domoni ya Ndzuani. Les menus et les produits utilisés sont des spécialités locales. Le personnel est à 100% comorien. La différence entre Al Camar Lodge et les autres hôtels reste bien sûr au niveau de la qualité mais aussi, sans nul doute, l’endroit où il se trouve, dans un cadre original. Ici, on a tout : la forêt, la terre et la mer», argumente-t-elle.
A Al Camar Lodge, on est, d’ailleurs persuadé de pouvoir garder ce titre plusieurs années durant. «Nous venons juste de commencer et cette distinction nous motivera davantage», assure Salmata Boina Haliba.Dans leur ferme résolution de franchir un nouveau palier, la stratégie des responsables va consister à attirer encore plus de clients.C’est ainsi que l’objectif est tout d’abord de finir les chambres dont des travaux sont en cours, puis mettre en place une salle de sport, une salle de massage, un bar et d’autres prestations pour pouvoir satisfaire une plus large clientèle encore.«Les progrès sont constants. Nous avons débuté avec un restaurant et dix chambres, on est monté à quinze, maintenant on en est à vingt-deux. Nous envisageons de construire un terrain de golf avec neuf trous. Ce qui nous fait défaut actuellement c’est l’espace. Il nous faut trois hectares et on est à un hectare et demie», a-t-elle renchérit. On évolue, également, au niveau de la construction.
Des services adaptés à tous
En matière de fréquentation et après la crise de la Covid-19 qui a fortement impacté le secteur du tourisme, pendant la haute saison, Al Camar Lodge a accueilli une clientèle venant, majoritairement, de l’étranger, de France, des Etats unis, d’Europe et d’Afrique. Cependant, des Comoriens viennent y célébrer, par exemple, leurs lunes de miel, ou commander des menus spéciaux et «nous arrivons toujours à satisfaire tout le monde», arbore-t-elle fièrement.Pour ce qui est des tarifs, sachant que 90% des chambres sont des suites, la nuitée dans une chambre varie entre 60.000 et 95.000 francs et la suite entre 100.000 et 185.000 francs, petit déjeuner inclus.Al Camar Lodge offre, en outre, un service pour hautes personnalités et dispose de «suites présidentielles». «C’est le bâtiment «Maurice» qui reçoit ce genre de prestation», précise notre interlocutrice qui rappelle que les clients étrangers sont accueillis à l’aéroport par des véhicules d’Al Camar Lodge.
A fond pour l’économie locale!
S’il y a bien un domaine dans lequel l’installation hôtelière revendique sa différence, c’est sa politique de recrutement et de consommation «résolument en faveur du monde rural», à en croire les gérants qui en veulent comme preuve le fait qu’elle se situe dans la région de Mitsamihuli-Mbude à quarante kilomètres de la capitale, Moroni : «nous n’avons pas choisi ce site uniquement pour sa beauté naturelle, nous voulons à travers ce projet, certes, valoriser les richesses de la nature luxuriante du nord, mais, également, faire profiter à cette région ses richesses économiques», explique le chef personnel et responsable des achats, Fréderic Philibert, dit Kamardine Sg.
C’est ainsi que l’hôtel emploierait un personnel à 99% recruté dans le Mitsamihuli et Mbude, il s’approvisionne largement auprès de producteurs de la région : «Nous recourrons aux fruits et légumes comoriens tels que les ananas de Ndzauze, les papayes de Djomani, le manioc de Duniani et Funga, les salades, les concombres, les tomates de Ipvembeni, entre autres.
Nous servons du poisson, de la langouste et du poulpe achetés dans la région. Il ne fait aucun doute qu’Al Camar Lodge participe à la promotion de l’économie rurale», assure-t-il.Dans sa lancée, il souhaite que tous les autres acteurs du secteur y empreintent cette voie pour mieux promouvoir le tourisme local et valoriser les régions : «Il y a de beaux sites dans beaucoup de régions du pays et une telle politique aiderait à lutter contre le chômage en multipliant les opportunités d’emplois et de soutien à la production locale dans les régions éloignées de la capitale».
Tout n’est pas que rose
Toutefois, à côté de l’optimisme dont font preuve ses responsables, la qualité reconnue de ses services, la grande beauté naturelle de son site, Al Camar Lodge doit faire face à des difficultés, parfois sérieuses, et au premier rang desquelles la rareté de la main d’œuvre qualifiée dans certains domaines. Pour le site, il s’agit d’un souci majeur que la motivation des employés, aussi réelle soit-elle, ne peut, à elle seule, combler : «Ce titre d’honneur nous avons su le conquérir avec des personnels peu qualifiés, cela veut dire qu’avec une main d’œuvre mieux formée nos prestations gagneraient beaucoup en qualité», semblent fermement convaincus nos interlocuteurs.
Un optimisme à toute épreuve
C’est dans cette optique que le responsable des ressources humaines exhorte les pouvoirs publics à penser à mettre en place un «programme conséquent de formation et d’orientation des jeunes» au profit d’un secteur touristique qui peut être plus porteur encore.L’autre problème rencontré concerne la fourniture électrique : «Comme vous pouvez le comprendre aisément, l’énergie est indispensable pour le fonctionnement d’un établissement comme le nôtre. Nous en avons besoin pour la conservation des denrées, pour les communications, pour éclairer suffisamment le site, etc.». Malheureusement, dans cette région du nord de l’île, le service de la société publique de l’électricité, la Sonelec, n’est pas toujours régulier.
Pour pallier à ce manquement hautement préjudiciable à l’ensemble de l’activité et qui peut mettre en péril la qualité des prestations offertes à la clientèle, «nous avons trois générateurs pour prendre le relais aux moments des coupures de courant, ce qui alourdit considérablement notre facture de carburant. Tous les cinq jours, il nous faut payer 130.000 francs rien que pour le carburant».Dans ces conditions, il ne serait nullement exagéré de dire, comme semble convaincu le chef du personnel et responsable des achats, Fréderic Philibert alias Kamardine Sg, que les recettes enregistrées servent «en trop grande partie» à se procurer du carburant.Malgré ces réelles contrariétés, de retour d’une visite de cet hôtel, on ne peut qu’être frappé par la grande volonté de réussir, la détermination et l’optimisme à toute épreuve d’une équipe de propriétaires et de gérants absolument convaincue de l’avenir radieux d’un site assurément absolument paradisiaque.