logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Traditions : à Ntsaweni, les femmes s’élèvent contre le gaspillage du grand mariage

Traditions : à Ntsaweni, les femmes s’élèvent contre le gaspillage du grand mariage

Société | -   Djaaffar Ahamed

image article une
Dans le chef-lieu de la région de Mbude, les femmes dénoncent les dépenses excessives liées au grand mariage. Elles militent pour un retour aux pratiques anciennes du katiba, adaptées aux moyens de chacun.

 


À Ntsaweni, le mariage, qu’il soit le mdhoihiricho ou le grand mariage, tend vers une profonde remise en question. Fatiguées du gaspillage, les femmes de cette ville ont décidé de se mobiliser. Leur objectif est clair : réduire les coûts exorbitants et permettre à chacun de célébrer selon ses moyens, sans perte ni ostentation.
Le chef du village, Mhoutari Salim Abdallah, partage cette vision. «J’aimerais qu’on revienne au katiba, car à l’époque, chaque personne faisait le grand mariage selon ses moyens. Il pouvait même construire une maison », explique-t-il. Aujourd’hui, selon lui, tout repose sur l’aide financière des proches vivant à l’étranger, une dépendance qu’il juge dangereuse. «Ceux qui font du gaspillage n’ont pas de souci financier, mais à notre époque, nous souffrions pour obtenir de l’argent», insiste-t-il.


Les femmes, premières à supporter les charges du foyer, ont lancé une réforme concrète : réduire le nombre de vaches abattues, autrefois neuf ou dix, et accepter leur remplacement par de l’argent. «La vie est difficile aujourd’hui », rappelle Mhoutari, qui salue cette initiative. Pour Ahmed Saïd Hamadi, conseiller pédagogique à la retraite, ce mouvement est une révolution sociale. «C’est tout à fait normal que ces femmes osent dire non. Elles sont les plus touchées par ce mariage traditionnel», remarque-t-il. Il plaide néanmoins pour la préservation des coutumes, mais sans excès. «On doit garder nos traditions et nos mœurs sans gaspillage», dit-il.

Un mariage plus responsable

Fatima Hilali, figure engagée de Ntsaweni, illustre la lourdeur du système actuel. « Ici, le padjaya vaut 3,5 millions et le djosa mindu 4 millions. Avec cet argent, on peut accomplir beaucoup de choses», observe-t-elle Grâce aux ajustements décidés, ces montants ont été revus à la baisse, et le prix des vaches a considérablement diminué. « Chaque année, davantage de gens peuvent se marier grâce à ces réductions», se réjouit-elle. Petit à petit, même le mdhoihiricho tend à se simplifier. Pour Fatima, l’essentiel n’est pas de se montrer mais de bâtir une vie de couple solide. «Le problème, ce sont ceux qui veulent imiter les autres. C’est là que commence le gaspillage», déplore-t-elle.À travers ce combat, les femmes de Ntsaweni ouvrent la voie vers un mariage plus responsable, où l’honneur et la tradition se conjuguent enfin avec sobriété et dignité.

Commentaires