Le procureur de la République a annoncé, jeudi 6 janvier, que les personnes arrêtées et placées en détention dans le cadre du trafic de 28 lingots d’or (50,08 kg) à l’aéroport de Hahaya ont été poursuivies pour cinq chefs d’inculpation.

Selon Ali Mohamed Djounaid, les cinq chefs d’inculpation sont "participation à un groupe criminel organisé" punie par l’article 266-10 du code pénal, "contrebande" prévue et réprimée par les articles 482, 483, et 384 de la loi N°15-016/Au du 28 décembre 2015 portant Code général des douanes, "intéressé à la fraude" réprimé par l’article 468 du code général des douanes, "abus de fonction et complicité" puni par le code pénal (article 521, 23 et 24) et "corruption" réprimée par les articles 513 et 514 du code pénal comorien.

«11 opérations illicites»

Le magistrat a fait part de son étonnement sur les opérations illicites jamais détectées par les portiques de sécurité de l’aéroport. "Il est curieux de constater que pendant toutes les opérations effectuées par les membres de ce réseau de trafic illicite d’or, ces derniers passaient toujours à l’aéroport tranquillement et les portiques de sécurité n’ont jamais détecté quelque chose dans les bagages", s’est-il étonné.

Ali Mohamed Djounaid annonce "11 opérations illicites" entre septembre et décembre 2021. Il affirme que l’or devrait être acheminé à Dubaï via les Comores, ajoutant que les membres du réseau dissimule les lingots depuis Madagascar jusqu’au large des côtes à Ndzuani. "Le mode opératoire habituel du trafic, la marchandise transitait habituellement à l’aéroport de Prince Saïd Ibrahim avant d’être acheminé à Dubaï", a indiqué le procureur qui apporte des détails sur les opérations de transit de l’or.

"Arrivé sur le sol comorien, d’autres membres du réseau de trafic d’or utilisaient une vedette très rapide, réservée pour les opérations afin de récupérer la marchandise, qui, par la suite est dissimulée dans une « glacière » pour faire croire qu’il s’agissait des poissons, pour être acheminé à Shindini, Grande Comores à bord d’une vedette", fait savoir Ali Mohamed Djounaid.

«Accueillis au salon Vip»

Selon le procureur, les lingots d’or étaient "toujours accompagnés de sommes d’argent destinées à payer des pots de vin aux différents agents de contrôle de l’aéroport pour faciliter la sortie de l’or sur le territoire national à partir de l’aéroport de Hahaya". Et d’ajouter que les membres de ce réseau de trafic illicite d’or "étaient toujours accueillis en salle Vip en attente d’embarquement".

Ces responsables et des agents de l’Aéroport Prince Said Ibrahim (Aimpsi) et de la douane "percevaient des sommes d’argent à chaque opération de passage d’une quantité d’or. Certains percevaient 250 euros par kilogramme et d’autres 40 à 80 euros par kilogramme".

A en croire le procureur, des facilités étaient ordonnées par des hauts responsables de l’aéroport qui "donnaient toujours des instructions aux différents agents chargés aussi bien de l’accueil en salle VIP que ceux chargés des contrôles pour faciliter les formalités des membres de ce réseau de trafic illicite d’or".

Pour rappel, trois personnes dont deux Malgaches ont été arrêtées le 28 décembre 2021 aux environs de 6h du matin à l’aéroport de Hahaya. Et tout, 28 lingots d’or, soit 50,08 kg, ont été saisis par la gendarmerie nationale. Plusieurs personnes ont été arrêtées au cours de l’enquête.

Sur les 11 personnes présentées devant le juge d’instruction, le 5 janvier, dix ont été placées en détention provisoire dont le directeur général des aéroports des Comores, Yasser Assoumani, certains agents de l’Adc et l’ancien receveur des douanes au centre douanier de Mutsamudu, Faridi Abodo.

Au cours de l'enquête, la gendarmerie a également saisi une somme de 17 000 euros (plus de 8 millions de francs comoriens) et deux armes.

A suivre.

Nourina Abdoul-Djabar