Saif Youssouf Ahamada, récemment diplômé en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne Paris 3, a organisé une cérémonie le samedi 17 août dernier dans sa localité natale de Vanadjou ya Itsandra, qui a rassemblé des intellectuels, des notables, des femmes et des hommes politiques pour exposer son travail.
Ce fut l’occasion pour l’ancien journaliste de présenter sa thèse de plus de 800 pages, sa vision, ainsi que les péripéties auxquelles il a dû faire face pour collecter les données nécessaires à la finalisation de ses recherches. « C’est un travail qui aborde la question épineuse de l’île comorienne de Mayotte et de la crise migratoire [Al-Watwan ne considère pas la traversée vers Mayotte comme un acte migratoire, car Mayotte est une île faisant partie de l’Union des Comores].
J’ai adopté une approche pragmatique pour mener à bien ce projet, notamment en allant à la rencontre des personnes ayant vécu ces traversées et en observant les événements qui s’y déroulent. Cela n’a pas été facile, car les détenteurs des informations ne m’ont pas facilité la tâche», a expliqué le chercheur, désormais enseignant.
Il a également précisé que l’idée initiale de son projet a germé lorsqu’il travaillait à l’Office de radio et télévision des Comores (Ortc). «À travers ces reportages, je me suis longtemps demandé quand tous ces drames allaient cesser. Je me suis rendu compte que personne ne s’était penché sur cette question pour inciter à un changement. Au final, je pense que chacun d’entre nous a vécu la douleur de perdre un proche lors de ces traversées», a-t-il confié.
L’importance des archives
Par ailleurs, il a décrit de manière poignante les tragédies auxquelles ces migrants ont dû faire face. « J’ai rencontré une femme qui a traversé la mer et j’ai réalisé à quel point c’était choquant. Elle m’a raconté qu’elle a été contrainte de jeter son bébé à l’eau pour éviter qu’il ne pleure et attirer l’attention de la police lors des patrouilles nocturnes», a révélé Saif Youssouf Ahamada.
Selon lui, plusieurs départements et institutions aux Comores ne participent que très peu, voire pas du tout, à la conservation des archives. «En effet, de nombreux doctorants comoriens se voient obligés d’orienter leurs recherches vers d’autres civilisations.
Je tiens à souligner que j’ai effectué de nombreuses enquêtes aux Comores avant de partir en France, et j’ai constaté qu’on n’accorde pas suffisamment d’importance aux archives, ce qui constitue un obstacle pour d’autres chercheurs souhaitant s’aventurer dans ce domaine. Pour finir, j’ai discuté avec les responsables de l’Université des Comores de l’idée d’ouvrir un département dédié, à l’avenir», a-t-il annoncé.