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Traite d’êtres humains I Les Comores stagnent au niveau 2 du classement

Traite d’êtres humains I Les Comores stagnent au niveau 2 du classement

Société | -   Abdou Moustoifa

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Le pays a en revanche accompli des progrès en engageant des poursuites contre des trafiquants reconnus dont 4 ont été condamnés par un tribunal, notent les Etats-Unis dans un rapport rendu le mois de septembre dernier.

 

En juin 2024, les Comores ont franchi un pas en adoptant une loi qui criminalise les actes de traite de personnes. Ces efforts avaient joué un rôle dans le classement du pays dans la catégorie 2, selon un rapport du département d’État américain sur la traite d’êtres humains paru l’année dernière. Mais d’après le nouveau classement, publié fin septembre, malgré les progrès enregistrés, le pays ne peut pas prétendre à un niveau supérieur. «Le gouvernement des Comores ne respecte pas pleinement les normes minimales pour l’élimination de la traite, mais déploie des efforts considérables pour y parvenir. Il a globalement intensifié ses efforts par rapport à la période de référence précédente, toutefois il est resté au niveau 2 », justifie, dans son résumé, le département d’État américain.


Les blocages à l’origine de cette stagnation sont d’ordre logistique mais pas seulement. En effet, il a été rapporté que les autorités ne disposaient pas de structures d’hébergement ce qui ne garantit pas une meilleure protection des victimes. «Les efforts de lutte contre la traite à Anjouan et à Mohéli sont restés minimes», ajoute le rapport disponible en ligne. A noter que dans la région de l’Océan indien, il n’y a pas que les Comores qui sont classées dans le niveau 2, mais l’île Maurice également en raison de ses efforts jugés «substantiels».Parmi les recommandations qu’il a formulées afin d’aider le pays à rejoindre les meilleurs élèves, le département d’État américain, préconise «l’institutionnalisation des formations au profit des forces de l’ordre, les procureurs, les juges ainsi que les travailleurs sociaux et professionnels de santé». Car, d’après ce rapport, il s’est avéré que les forces de l’ordre encore moins les inspecteurs engagés au ministère du Travail n’avaient pas bénéficié de formations sur la traite d’êtres humains. Sur le volet des poursuites en revanche, les Comores ont marqué des points.

Migrants étrangers,

En 2024, le gouvernement a lancé des enquêtes sur 13 cas de traite contre 3 l’année précédente. Ce n’est pas tout. Quatre trafiquants ont été condamnés. La brigade nationale de répression du trafic illicite de migrants, une unité composée de 16 agents de la Police, de la gendarmerie et de la sécurité civile a enquêté sur des cas de traite. En plus d’avoir aidé à la réinsertion en urgence de 10 victimes, l’État comorien a aussi arrêté un trafiquant aux Comores qui exploitait une victime à Oman. «Le gouvernement gérait dix centres d’écoute, qui offraient une prise en charge médicale et psychosociale aux femmes et aux enfants victimes de violence, y compris aux victimes potentielles de la traite», note le département d’État américain qui a souligné l’absence de programme systématique d’assistance aux victimes et aux témoins, même si les victimes pouvaient témoigner sans révéler leurs identités.


Pour ce qui est des profils des victimes, il y a les migrants étrangers, principalement venus d’Afrique qui souhaitent regagner Mayotte. «Aux Comores, les trafiquants d’êtres humains exploitent des victimes nationales et étrangères, tandis que les trafiquants exploitent des victimes comoriennes à l’étranger», rapporte le département d’État américain. À Ndzuani et Ngazidja, les enfants et les femmes, notamment dans les zones rurales, restent les proies des trafiquants. «Les 3 000 à 4 000 enfants comoriens non accompagnés à Mayotte sont particulièrement vulnérables à la servitude domestique et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle», alerte le rapport qui recommande le développement d’un système de collecte de données sur les crimes liés à la traite et les efforts d’application de la loi.

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