Des participants venus des Comores, de l’île Maurice, des Seychelles et de Madagascar assistent à cet atelier pour partager leurs connaissances et inventorier les pratiques agro-écologiques expérimentées dans chacun des pays de la région. «Notre mission est d’accompagner le développement des pays du Sud sur différentes thématiques. L’enjeu est d’aider les populations à assurer leur autosuffisance alimentaire dans un nouveau contexte de production, en se libérant au maximum de ce qu’on appelle la chimie de synthèse», a expliqué Joël Huat, chercheur agronome au Cirad.
Les dimensions agronomiques, économiques et sociales
Durant ces trois jours, les participants alterneront entre sessions en salle et visites de terrain, notamment dans des exploitations agricoles locales. Joël Huat, qui est également le chef du projet «Appropriation des pratiques pour la transition agro-écologique » (Aptae-OI), a précisé que l’objectif est de recenser les pratiques agro-écologiques aux Comores afin de compléter les travaux menés dans ce cadre tout au long du projet. «Par exemple, l’association 2 Mains utilise des pesticides naturels, en réalisant un décoction à base de sisal et d’autres plantes pour lutter contre un certain nombre de ravageurs des cultures, comme le manioc, la banane et la tomate. Ce sont ce genre de pratiques que nous voulons recenser », a-t-il ajouté.
Sur le terrain, les participants collecteront également des informations diverses sur les dimensions agronomiques, économiques et sociales. Trois visites de parcelles sont programmées. La première aura lieu dans une parcelle tenue par l’association Espoir des enfants, accompagnée par l’Inrape. Cette association s’engage à promouvoir des pratiques agro-écologiques avec pour principe : « Zéro traitement chimique».
La deuxième visite se déroulera au Crde (Centre de recherche et de développement économique) de Hamalengo Diboini, qui accompagne depuis 2015 les agriculteurs souhaitant adopter l’agro-écologie en les formant sur des techniques alternatives, telles que l’utilisation de compost dans la culture maraîchère. Enfin, la troisième visite sera dans une parcelle de la coopérative de Bangahani, soutenue par l’association 2Mains, qui s’est engagée à mettre en œuvre des pratiques agro-écologiques dans cette parcelle ainsi qu’une autre, Wallah II, à Mwali.
Ce projet vise à tester des variétés améliorées de semences, telles que la pomme de terre, le maïs et les haricots, en utilisant des techniques innovantes d’agro-écologie, telles que l’irrigation goutte à goutte et la production de compost. Quant aux sessions en salle, les participants travailleront en trois groupes thématiques. Le premier groupe aura pour tâche de dresser un inventaire des pratiques agro-écologiques dans les systèmes maraîchers et vivriers. Il s’agira également d’évaluer ces pratiques au sein du même système, et d’inventorier et analyser les expériences de systèmes participatifs de garantie.Le projet Aptae-OI est porté et coordonné par le Cirad en partenariat étroit avec des organisations telles que la Mauritius Chamber of Agriculture, Le Vélo Vert (Maurice), co-demandeurs avec le Cirad, ainsi que les Ong Initiative Développement et Dahari, toutes deux basées aux Comores.
Il a pour objectif d’inventorier, de capitaliser et de diffuser ces pratiques, tout en évaluant leurs performances socio-économiques et agro-environnementales, encore trop peu documentées. Le projet permettra également de promouvoir et de diffuser les pratiques agro-écologiques pour contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les régions ciblées, en priorité Maurice et les Comores. Parmi les livrables attendus, des guides et des capsules vidéo seront élaborés pour capitaliser, partager et diffuser les connaissances et savoirs acquis sur ces pratiques. Ce projet régional est financé par le 11ème Fed (Fonds européen de développement) dans le cadre du programme régional d’appui à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le sud-ouest de l’Océan indien (Sanoi), conduit en partenariat avec la Commission de l’Océan Indien (Coi).