Le secteur ne s’est jamais si mal porté. A plusieurs reprises, les deux principales compagnies aériennes nationales ont failli mettre la clé sous le paillasson. Depuis le 15 septembre 2016, un appareil d’Ab Aviation est cloué au sol par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm) pour «non-conformité aux normes de sécurité».
Le même appareil (B-737) a pourtant opéré pendant de longs mois et a même transporté l’équipe nationale masculine senior de football et… le chef de l’Etat. Allez donc savoir…. «Ab» a dû se séparer d’une partie de son personnel, soit quarante cinq sur quatre vingt employés, et suspendre sa ligne Moroni-Antananarivo.
Outre ces défauts techniques, l’Anacm reproche à la compagnie de ne s’être pas acquittée de ses arriérés de redevances et de trainer une énorme ardoise auprès d’autres entreprises publiques dont la Société comorienne des hydrocarbures ou l’Aimpsi.
En dépit d’un marathon de négociations entre Ab et le gouvernement et nonobstant l’implication du parlement dans cette crise, aucune solution n’a à ce jour été trouvée.
L’autre compagnie comorienne, Int’Air Iles, a également traversé une zone de fortes turbulences entre décembre et mars.
Elle a eu maille à partir avec la direction générale de l’aviation civile française qui refusait, jusque-là, de lui accorder l’autorisation d’exploiter la ligne Moroni-Dzaoudzi-Pierrefonds pour des raisons de «cabotage» et de «sécurité».
Il a fallu l’implication personnelle du chef de l’Etat, Azali Assoumani, pour que la situation se décante et qu’Int’Air Iles puisse desservir le sud de La Réunion. Mais, les ennuis de la compagnie ne se sont pas arrêtés-là.
Tout récemment, elle s’est vu interdire par l’aviation civile malgache l’atterrissage sur le tarmac d’Ivato pour «violation de son espace aérien.» De nombreux passagers de la compagnie comorienne ont, ainsi, été bloqués à Antananarivo.
Préoccupations
Une autorisation provisoire lui a ensuite été accordée pour le rapatriement de ses clients. La compagnie s’est finalement vue imposer la fameuse «sûreté additionnelle» au départ de Hahaya.
Ce qui risque d’obliger Int’Air Iles à augmenter ses charges, donc à revoir à la hausse ses tarifs régionaux, jusqu’ici les moins chers par rapport aux autres compagnies, Air Madagascar et Air Austral. Et si c’était l’objectif recherché par Madagascar ?
En matière de sûreté et de sécurité aériennes, force est de souligner que beaucoup reste encore à faire. Avec des niveaux de sûreté et de sécurité en-dessous de la moyenne, soit respectivement 32% et 22%, les Comores sont nettement en dessous du seuil tolérable de 60%. Sans compter la non-certification ni de l’Aimpsi, ni de l’Anacm.
En effet, selon un rapport produit par des experts de l’Organisation internationale de l’aviation civile (Oaci), l’Anacm ne dispose d’aucun technicien capable de délivrer un Permis d’exploitation aérien (Pea). Il faut dire que cette question de sécurité aérienne préoccupe les nouvelles autorités nationales.
Un atelier organisé le 22 avril dernier avait réuni les différentes parties prenantes du secteur pour, justement, plancher sur cette problématique. Le président Azali avait alors demandé un accompagnement accru des compagnies aériennes nationale vu la nature géographique et l’insularité des Comores.
Secteur en mouvement et nouvel aéroport en perspective
Cinq mois après son arrivée au pouvoir, le chef de l’Etat a réussi à booster le secteur du transport avec l’arrivée dans le ciel comorien de la plus grande compagnie aérienne d’Afrique, Ethiopian Airlines, qui dispose d’une flotte de près de quatre vingt appareils, essentiellement des Boeing, et d’un Airbus A-350-900.
Avec ses prix compétitifs au départ de Moroni vers les quatre coins de la planète et des services de qualité, Ethiopian a finalement conduit les autres compagnies desservant les Comores à revoir leur politique tarifaire.
La diaspora ne tarit pas d’éloges à l’endroit de la société, qui dessert Moroni quatre fois par semaine. Autre chantier entrepris par le nouveau gouvernement : l’extension et la réhabilitation de l’aéroport international Moroni Prince Saïd Ibrahim (Aimpsi).
Le 9 mai dernier, le vice-président en charge des Investissements, Djaffar Ahmed, et le Pdg de la société chinoise Sinohydro, Liang Jun, ont, en effet, procédé à la signature de ce projet d’un coût total de 77 milliards de francs comoriens.
Le délai d’exécution est de trois ans et demi. Le nouvel aéroport disposera d’une capacité d’accueil de 4,5 millions de passagers, d’ici à 2050. Il pourra également recevoir jusqu’à dix-neuf appareils, tous types confondus. La piste, aujourd’hui de deux mille neuf cent mètres, sera allongée de sept cent mètres.