C’est peut-être une nouvelle rassurante pour les passagers qui prennent régulièrement ce vol pour se rendre dans les îles. Le Fokker de la compagnie Rkomor ne peut plus assurer des liaisons domestiques «tant qu’il n’aura pas fait l’objet d’un contrôle de maintenance. Ainsi en a décidé l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm)», selon une source interne.
Cette décision intervient dans un contexte assez particulier. Depuis six mois, un avion de 52 places, affecté au transport inter-îles, a connu une série de crevaisons de pneus lors des atterrissages. Le dernier incident en date remonte au 19 février dernier, à l’aéroport de Wani, où l’appareil a éclaté ses pneus et terminé sa course dans un buisson.
Heureusement, aucun blessé n’a été déploré, mais cet événement a soulevé un certain nombre de questions concernant l’état de l’aéronef. «Une équipe d’inspection s’est rendue à Ndzuani pour en déterminer les causes. Il convient de rappeler qu’après le premier incident similaire survenu en septembre 2023, l’Anacm avait exigé une inspection.
Et voilà que l’incident se répète pour la troisième fois depuis Moheli en novembre dernier. C’est pourquoi cette nouvelle exigence est mise en place. En effet, de nombreux avions atterrissent à Wani sans que leurs pneus n’éclatent», a déclaré notre source, reconnaissant que l’état de la piste y est aussi pour quelque chose.
Hélice endommagée
Samedi dernier, un responsable de Rkomor a confirmé que leur avion devait subir un contrôle à Nairobi, au Kenya. Cependant, ils attendaient que le hangar se libère un peu avant d’envoyer le Fokker, dont l’hélice a subi quelques dommages lors du dernier incident à Wani. L’Anacm a également demandé le remplacement de certaines pièces.
«Même si l’avion a pu décoller après le changement des pneus, cela ne justifie pas une autorisation pour reprendre les activités. Nous prévoyons de vérifier leur système de pilotage. À son retour, un pilote de l’Anacm montera à bord», a ajouté notre interlocuteur. Quant à l’atterrissage d’urgence du Lte 410 de la compagnie le 14 mars dernier, il s’est avéré être une fausse alarme.
L’appareil a indiqué une augmentation de température, mais une fois à l’aéroport de Hahaya, les mécaniciens ont constaté que la sonde mesurant la température était endommagée. Par conséquent, l’aéronef peut continuer ses rotations. Mais cette autorisation dissipera-t-elle les craintes qui ont envahies le cœur des Comoriens qui montent à bord des appareils de Rkomor ? Le Directeur technique de la compagnie, Ezi-Eldine Youssouf, partage ces inquiétudes.
Toutefois, il tient à souligner que l’état des pistes à Mwali et à Ndzuani avait également sa part de responsabilité dans les crevaisons de pneus. «J’ai toujours déconseillé à nos équipes de faire atterrir le Fokker 50 sur les autres îles car plus l’avion est chargé, plus le risque de crevaison est élevé, d’autant plus que le pilote est obligé de freiner à plusieurs reprises pour éviter les nids-de-poule», a-t-il souligné.
Rkomor est une compagnie comorienne qui a débuté ses activités en 2018. Avec Int’Air Îles et Ab Aviation, les trois compagnies se partageaient le marché du transport domestique. Mais au fil des années, Rkomor s’est retrouvée seule sur le marché. Après l’accident de 2022, Ab Aviation n’a jamais pu se remettre sur pied. Quant à Int’Air Îles, après des mois d’activité, elle a dû fermer ses portes lorsque son ancien partenaire a rapatrié son unique aéronef.