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Transport en commun interurbain I Les pouvoirs publics doivent s’impliquer

Transport en commun interurbain I Les pouvoirs publics doivent s’impliquer

Société | -   Hassane Moindjié

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Il est plus que temps qu’à côté des initiatives indépendantes qui, dans le système libéral comorien, ont toute leur place dans le secteur, les pouvoirs publics pensent à mettre en place un pôle public ou semi-public du transport collectif qui concourrait à une nette amélioration des conditions générales d’accueil et de sécurité, susciterait un plus grand intérêt pour ce mode de déplacement et, donc, aider à son développement et à sa modernisation.

 

Les évènements intervenus au niveau du transport routier interurbain suite à la récente hausse du prix des carburants devraient nous inciter à plancher enfin sérieusement sur ce secteur dont dépendent, dans leur vie de tous les jours, des milliers de nos concitoyens.Surcharges presque légalisées par l’administration fiscale, risques inconsidérés sur la route, insalubrité notoire, cadence infernale du trafic souvent dictée par le seul appât du gain aux dépens de la sécurité et des conditions d’accueil, etc., etc. Tel est le lot quotidien de milliers de nos compatriotes obligés de recourir au transport collectif interurbain à Ndzuani, Mwali et Ngazidja pour vaquer à leurs activités. Ici, nous sommes vraiment à la limite de la décence.


La situation actuelle revient, en effet, à précipiter, tous les jours, des milliers d’usagers du «transport en commun», aux mains d’une myriade de petits transporteurs indépendants qui fixent ses lois et imposent son rythme «à prendre ou à laisser».En se contentant de ça, depuis plus de quarante ans d’indépendance, les pouvoirs publics à tous les niveaux contribuent à faire des usagers du transport en commun interurbain, les otages des transporteurs indépendants qui peuvent – du fait notamment de l’absence totale de concurrence – se permettre d’imposer leurs lois à des usagers livrés à eux-mêmes et qui n’ont d’autres choix que de s’y plier.

On ne peut plus attendre

Dans ces circonstances, il apparait plus que temps qu’à côté des petits transporteurs indépendants qui, dans le système libéral comorien, ont tout-à-fait leur place dans le secteur, les pouvoirs publics pensent à mettre en place un pôle public ou mixte conséquent qui tiendra compte de la demande croissante émanant de nos concitoyens et de la nécessité désormais devenue une préoccupation planétaire, de contenir le développement exponentiel du trafic routier anarchique et ses conséquences sur l’environnement immédiat des citoyens.Sur le plan économique et social, un tel dispositif, en plus d’ouvrir à la possibilité d’une augmentation sensible de l’offre de sièges «décents» disponibles, serait un sérieux pourvoyeur d’emplois. Il contribuerait à une meilleure prise en compte des risques sur la route, à une cadence du trafic plus humain et plus à l’écoute des usagers, contribuerait à une nette amélioration des conditions générales d’accueil et de sécurité, susciterait un plus grand intérêt du public pour ce mode de déplacement et, à la clé, créerait les conditions du développement et de la modernisation du secteur.


Une chose est sûre : dans l’état actuel des choses, les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités en mettant en place un dispositif pérenne au profit du secteur, des usagers et, de façon générale, de la manière de vivre de toutes et tous. Ils ne peuvent plus se permettre le luxe de se contenter d’attendre qu’interviennent des changements de paramètres impactant le secteur pour chercher, au pied levé, à «calmer les esprits» des uns et des autres en recourant à des colmatages éphémères et au bâton, histoire d’être «tranquilles»… en attendant les prochains clashes. Des clashes qui, par ailleurs, ne pourront que nous être imposés par des circonstances extérieures.Ce serait, à la limite, de l’irresponsabilité.

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