Le bateau « Acadie » a retrouvé hier dimanche 20 octobre en milieu d’après-midi son port d’attache à Mutsamudu après deux longues journées désagréables au large de Majunga. Arrivé jeudi 17 octobre en milieu de journée dans « la ville des fleurs», le bateau, au départ de l’île de Ndzuani, n’a pas pu accoster au port de Majunga. Le capitaine du navire se verra signifier, dans la foulée, une mesure d’interdiction des navires en provenance des Comores prise, la veille, par le gouvernement malgache lors du Conseil des ministres du 16 octobre.
«276 passagers» à bord du navire
Les responsables du navire et les voyageurs n’ont pas caché leur exaspération, estimant que la mesure était prise après le départ du bateau à Ndzuani. Les passagers étaient composés essentiellement de Comoriens et de Malgaches. «Il n’y a eu aucune information avant notre départ sinon, on aurait pu faire autrement», s’est désolé un membre de l’équipage dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Il y avait environ «270 passagers» à bord du bateau qui fait des rotations régulières entre les Comores et la Grande Ile.
«Nous étions contrariés, nous avons organisé un long voyage, il y a des femmes enceintes, des enfants et des personnes fragiles, c’est une mesure injuste, pourquoi on nous avait pas informé bien avant notre départ», s’est interrogé un autre membre de l’équipage qui a vidé sa colère au milieu d’une cohue de passagers, fatigués après des dizaines d’heures en mer. Le bateau était resté bloqué pendant environ 50 heures à quelques mètres du port de Majunga. L’affaire avait défrayé la chronique pendant trois jours aussi bien aux Comores qu’à Madagascar.
Les autorités malgaches, de leur côté, avancent des raisons sanitaires pour justifier la mesure d’interdiction des bateaux au départ des Comores. «Cette décision fait suite à la persistance de l’épidémie de cholera en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique avec l’enregistrement de dix nouveaux cas aux Comores. (…). Afin de prévenir la propagation du cholera, le transport maritime en provenance des Comores sera suspendu jusqu’à ce que la situation épidémiologique soit maîtrisée», indique la note verbale N°24/1072-AE/SG/DAJCC/Comores/Cholera, en date du 17 octobre 2024, transmise aux autorités comoriennes via le Consulat des Comores à Majunga.
La mission consulaire comorienne sur place a entrepris des démarches administratives pour arracher un compromis avec l’objectif de faciliter le débarquement des passagers dont certains étaient déjà épuisés après un voyage éprouvant.
Des perturbations de la ligne maritime ?
Le consulat des Comores a rencontré le gouverneur de Majunga, le préfet et tous les autres responsables pour les convaincre de laisser entrer les voyageurs en leur imposant une quarantaine systématique et un suivi médical adapté. Mais les démarches entreprises resteront infructueuses. «Cela n’a pas abouti, rien n’a été accepté, les autorités sont restées inflexibles, elles ont refusé et cela a suscité notre incompréhension. Mais nous nous sommes pliés de la décision prise», a expliqué le consul des Comores à Majunga, Bacar Djambaé Mze.
Dans la note verbale du gouvernement malgache, il a été indiqué que «seuls les navires transportant des marchandises stratégiques seront autorisés à accoster et aucun marin ne sera autorisé à débarquer» et qu’ensuite «une chimioprophylaxie sera appliquée à tous les voyageurs en provenance des Comores et des autres pays touchés par le cholera des leur arrivée à l’aéroport pour tous les vols internationaux ».
La mesure risque de perturber la ligne maritime entre les deux pays voisins. Jusqu’à hier après midi, les autorités comoriennes n’avaient pas réagi officiellement. Mais l’on a appris des discussions en cours, côté gouvernement, mais on ignore encore la nature de ces discussions et les décisions qui peuvent en découler.