logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Transport maritime I Ahmad Abdillah : «Nous ne cautionnons pas du tout le transport de passagers par les kwassa»

Transport maritime I Ahmad Abdillah : «Nous ne cautionnons pas du tout le transport de passagers par les kwassa»

Société | -   Sardou Moussa

image article une
A travers cet entretien avec le directeur régional de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) de Ndzuani Ahmad Abdillah, Al-watwan tente de circonscrire la problématique des voyages maritimes entre nos îles, à un moment où trouver une place dans le seul bateau qui assure les liaisons Mutsamudu-Moroni demande parfois beaucoup de patience.

Le secteur des transports maritimes inter-îles connaît de sérieuses difficultés ; un seul bateau d’une seule compagnie assure actuellement une liaison régulière entre Mutsamudu et Moroni une fois par semaine. Comment en sommes-nous arrivés là ?

C’est une question importante qui préoccupe le gouvernement depuis deux mois. Nous multiplions les démarches et les prises de contact pour la résoudre. Il y a eu des compagnies maritimes de transport de passagers ici, comme Sgtm [Société générale de transport maritime], appartenant à un français, Merza One et El-Djaanfari, appartenant à des compatriotes. Malheureusement ces bateaux ont rencontré des problèmes.

Pour Merza One, un conflit a éclaté avec le propriétaire et il a cessé ses activités des années durant. Depuis un mois les discussions ont repris ; ses responsables nous envoient régulièrement leurs procès-verbaux et nous pensons que peut-être une solution sera trouvée.El-Djaanfari, de son côté, avait un problème avec l’un de ses moteurs, nous ne pouvions pas alors le laisser naviguer. Ils [les responsables du bateau] ont informé le commandant du port qu’ils s’apprêtaient à faire l’essai du deuxième moteur entre dimanche et mardi dernier, mais je ne sais pas s’ils ont effectivement pu le faire.

Nous sommes en négociations avec les responsables de la Sgtm pour voir s’ils peuvent programmer un deuxième voyage par semaine, car même s’ils ont un bateau de 400 places, il ne suffit pas. Avant ils effectuaient deux voyages par semaine, mais ils avaient cessé car il n’y avait pas assez de passagers. Mais là nous traversons une période de haute saison, qui nécessite plus de rotations.

Des fois les bateaux n’ont pas assez de passagers à cause peut-être aussi du fait que beaucoup préfèrent emprunter les hors-bords, par souci de rapidité ou de prix. Mais ne serait-il pas plus judicieux d’autoriser des bateaux qui « ne répondent pas aux normes » de transporter quand-même nos passagers au lieu de les laisser à la merci des kwassa ?

Nous devons voir deux volets dans ces liaisons inter-îles : il y a d’une part les liaisons Ndzuani-Mwali ou Ngazidja-Mwali, et d’autre part celle qui concerne Ndzuani et Ngazidja.Dans le premier cas, ce sont des bateaux cargos qui effectuent ces lignes, qui ne peuvent en principe transporter plus d’une douzaine de passagers, mais nous leur accordons des dérogations pour embarquer jusqu’à 30 passagers, voire parfois 50. S’ils doivent dépasser les 50, nous vérifions avant s’ils ont les moyens de sauvetage nécessaires.

Nous faisons cela car dans ces bateaux de transport de fret il y a plus de sécurité que dans les kwassa. Nous, Anam particulièrement, ne cautionnons pas du tout le transport de passagers par kwassa.Vous pouvez aller vérifier à Dodin [embarcadère de kwassa de Mutsamudu] pour voir qui sont là-bas pour autoriser leur départ, et leur demander pourquoi ils continuent à le faire alors qu’ils sont interdits.Les naufrages sont fréquents, ils devraient carrément arrêter. C’est pour cette raison que le président de la République tient à réaliser le projet dit de « connectivité inter-îles ». Ce sont ces petits ports qu’on veut construire dans chaque île, et il y aura des vedettes rapides, aux normes de transport de passagers, qui assureront les voyages.

 

Concernant les liaisons entre Mayotte et le reste de l’archipel, cela fait une décennie depuis que les compagnies de droit comorien ne font plus cette ligne. Il n’y a que la Sgtm qui l’exploite. Comment peut-on expliquer cela ?

Mayotte (île comorienne) considère que sa législation est la même qu’à La Réunion et en France. Lorsqu’ils fondent leurs compagnies, les armateurs comoriens n’aiment pas s’associer avec d’autres gens. Ils préfèrent créer des sociétés personnelles. Or tous les bateaux ne répondent pas aux normes requises à Mayotte.
Feu Mohamed Djaanfar avait ses « Ville de Sima » qui y allaient, Bacar Zaki et Mamilo également, mais la loi a évolué. Chez nous chacun voulait faire cavalier seul, et on n’a pas pu évoluer… On associe à tort Maria Galanta [appellation courante de Sgtm] à Michel Labourdère, mais cette société ne lui appartient pas, il fait partie de ses petits actionnaires. Donc le jour où nos compatriotes auront compris que l’on peut s’associer pour fonder une entreprise, l’on aura gagné.

Justement au sujet de Sgtm, l’on dit que c’est une société française qui pourtant assure des voyages intérieurs aux Comores, ce qui semble-t-il, n’est pas autorisé par le code maritime comorien…

Qu’il s’agisse d’une société française, malgache ou comorienne, mais qui a pris un pavillon international aux Comores… pareil pour de nombreux navires battant pavillon comorien mais qui ne viennent même pas ici…

Un de nos armateurs a déclaré à la radio que si leurs bateaux ne sont pas autorisés à transporter des passagers, c’est plutôt parce que cette société, Sgtm, soudoie les autorités comoriennes pour leur mettre des bâtons dans les roues…

Cela est facile… C’est vous les journalistes qui devez faire cette enquête. Vous auriez dû chercher cette personne, visiter son bateau, y effectuer un petit contrôle… Vous avez le code de la marine marchande comorien, et le code international, voyez vous-mêmes si leurs bateaux respectent les normes de transport de passagers. Ce sera à vous de répondre à cette question mais pas nous.

Mais c’est vous qui êtes visés…

Oui mais ce que nous fournirons comme explication sera considéré comme mensonge, c’est pour cela que nous vous demandons de jouer les juges…

Commentaires