Ce samedi 19 juin se tient une audience au tribunal de commerce de Moroni, point d’orgue du conflit qui oppose le Collectif des représentants maritimes (Corema, 17 agences maritimes) et la Société comorienne des ports (Scp), lequel dure depuis plus de trois mois. En cause, le relevage des ports jusqu’ici géré par le Corema et dont la Scp s’occupe de la gestion. Le relevage en question consiste à la manutention manuelle du petit quai du port de Moroni. Il s’agit plus précisément du déchargement de navires d’au plus 850 tonnes de marchandises, lesquelles y sont disposées en vrac et qui doivent être débarquées presque exclusivement par la seule force des dockers.
Les 1er et 2 mars dernier, le Corema entame une grève de deux jours pour «contester la confiscation par la Scp alors que le protocole d’Accord signé en 2008, dispose que la petite manutention est assurée par le Corema en contrepartie d’une redevance de 20% versée à l’Autorité portuaire des Comores», a expliqué son président, Mohamed El Maanrouf rencontré non loin du port ce 16 juin. Pour désamorcer la crise, une tentative de médiation par la Chambre de commerce se met en place. «La médiation a échoué puisque la Scp a refusé de signer la convention de conciliation», selon notre interlocuteur.
Le Corema reproche plusieurs griefs à la Scp. Dans un courrier adressé au ministre de tutelle, Djae Ahmada Chanfi en avril dont nous nous sommes procurés une copie, l’organisation y dénonce «un déchargement illégal par des manutentionnaires dépêchés par la Société des ports, et ce, avec retards excessifs causant ainsi des dommages considérables pour Corema et ses clients, des marchandises sabotées, perdues ou volées ». Mohamed El Maanrouf regrette la mise au chômage des employés du Corema, « de vrais professionnels de la manutention qui ont fait leur preuve depuis 12 ans ». Le ministre des Transports Djae Ahamada Chanfi n’aurait jusqu’ici fourni aucune réponse au Corema. Il n'a pas non plus donné suite à notre appel.
Le protocole d’Accord signé en 2008
Toujours est-il que le directeur général de la Scp, Salim Dahalani, par le biais de son chef de Département des affaires juridiques et de la coopération à la Société comorienne des ports (Scp), Fakri Hachim a accepté de répondre à nos questions.En ce qui concerne la violation supposée de l’accord, il accuse le Corema de s’y être livré en premier. «Les faits sont têtus mais il faut rappeler à juste titre que c’est le Corema qui a procédé en une rupture abusive et unilatérale de cet accord (le protocole de 2008, ndlr) en déclenchant une grève illimitée au port de Moroni sans aucun préavis, mettant à mal la continuité du service public», a-t-il réagi via la messagerie WhatsApp.
Pour ce qui est de la marchandise qui aurait subi une dégradation ou qui aurait été subtilisée, Fakri Hachim rétorque : «des cas de pertes et de vols, nos services juridiques et contentieux traitent ces questions avec le professionnalisme requis. Il faut dire que certains produits peuvent être endommagés depuis le port d’embarquement ou même subir une détérioration en mer, ce que nos agents ne manquent pas de constater».
Le Corema et des clients se plaignent «de la lenteur du déchargement et du manque de professionnalisme» des dockers risquant de décourager les commandants de ces petits navires transportant du bétail, des légumes ou encore des condiments nous proviennent de Madagascar ou encore de la Tanzanie. «Les données statistiques démontrent le contraire. Nous l’avons souligné, la Sscp travaille avec plus de 80 dockers dont 60 étaient des dockers du Corema».