logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Trois questions à Ali Moindjié I Le nouveau Code de l’information est une «avancée notable» dans la profession

Trois questions à Ali Moindjié I Le nouveau Code de l’information est une «avancée notable» dans la profession

Société | -   Abdallah Mzembaba

image article une
Adopté à l’unanimité mardi dernier, le nouveau code de l’information est, de l’avis du ministre de l’Information, Ahmed Ben Saïd Jaffar un texte permettant d’avoir une presse «libre et responsable». Ali Moindjié, conseiller au Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), estime que le texte marque un tournant. Il revient sur certaines grandes nouveautés notamment la création la Société commune aux entreprises publiques audiovisuelles comoriennes (Scepac), l’aide à la presse et la régulation des medias en ligne.  

 

Le nouveau texte valide la mise en place de la Société commune aux entreprises publiques audiovisuelles comoriennes (Scepac), au-delà de son rôle, son existence ne risque-t-il pas d’alourdir un secteur déjà parsemé d’ambiguïtés ? N’y a-t-il pas un risque de chevauchement entre les missions du Cnpa et celles du Scepac ?

Nous déplorons toute la faiblesse de l’audiovisuel public de notre pays caractérisé par de nombreux dysfonctionnements mis en lumière par des études du Cnpa. L’un d’eux, est l’éclatement du secteur en quatre entités indépendantes. En clair, il existe quatre stations de radiotélévisions publiques financées par le même contribuable mais indépendantes les unes des autres. Évidemment, la radio et la télévision publiques doivent avoir des déclinaisons régionales d’autant qu’on est des îles. Mais il n’y a pas de raison de ne pas mutualiser les moyens et de tenter d’en rationaliser la gestion. La Scepac est donc une sorte de holding qui regroupe les entreprises de communication audiovisuelles nationales et insulaires dans le but de leur permettre de partager la même vision et la même stratégie de développement tout en jetant des passerelles entre elles.
L’idée est qu’au moment où la tendance mondiale est au développement de nouvelles plateformes alternatives à la traditionnelle offre hertzienne, ces entreprises ne peuvent se développer en dehors d’une dynamique commune et solidaire. Il y a aussi une considération politique à la base : la configuration actuelle éloigne un peu ces stations de leur rôle premier qui est de contribuer à renforcer une vision commune à l’unité nationale.


Il ne peut pas y avoir de chevauchement possible entre le Cnpa et la Scepac. Le premier est le régulateur des médias, la seconde est une société de portefeuille des radios et télévisions publiques payées par le contribuable. Parce que justement, il y aura une politique commune de production, une répartition concertée des moyens et un droit de regard sur la gestion des carrières notamment, l’audiovisuel public devrait pouvoir passer sans trop de heurts le cap technologique actuel.

Les médias privés vont désormais bénéficier d’une aide de l’Etat, comment cela va-t-il se passer ? Cela marque un tournant dans l’histoire de notre pays, mais ne risque-t-on pas d’avoir les mêmes problèmes d’ingérence que ceux rencontrés par les médias publics ?

La presse privée traverse de graves difficultés qui l’empêchent de prendre son envol : étroitesse du marché publicitaire, difficulté de distribuer les journaux dans un pays morcelé en îles et surtout cherté de l’impression. Dans ces conditions, parler de pluralisme et de diversité, c’est prêcher dans le vide. D’où l’absolue nécessité d’aider cette presse. La loi reconnait désormais le fondé d’une aide de l’Etat à cette presse. Aides directes (subventions) et aides indirectes sous forme d’avantages fiscaux et ou douaniers… C’est une avancée. Quant aux modalités pratiques, il appartiendra aux acteurs de mettre en place les processus concertés de cette aide sans laquelle, il n’y aura pas de presse privée plurielle dans le pays.

Le nouveau texte évoque aussi l’épineuse question des médias en ligne, comment contrôler ces derniers et avec quels moyens en sachant que beaucoup d’entre eux sont créés par des personnes vivant à l’étranger. Le Cnpa est-il outillé pour mener cette mission ?

En réalité, il n’y aura pas de difficulté particulière pour que le Cnpa puisse suivre les médias en ligne. La loi définit «la compétence territoriale». Donc ce dont il s’agit ce sont les médias enregistrés aux Comores ou ayant une part importante de leur personnel aux Comores. Les promoteurs de ces médias vont passer des conventions avec le Cnpa et s’engager sur un cahier de charges.

Soit ils respectent la convention et le cahier de charges, soit ils ne les respectent pas. Les médias basés dans d’autres pays n’entrent pas dans la législation du Cnpa.
Maintenant, il ne faut pas céder à la confusion entre entreprises de communication en ligne et des individus qui diffusent leurs humeurs sur les réseaux sociaux. Quant aux moyens, ils viendront du budget de l’Etat, d’une partie de la redevance télé et des entrées financières propres du Cnpa.

Commentaires