Hier lundi 15 janvier, au lendemain du premier tour des élections du président et des gouverneurs, le Sud de l’île de Ndzuani les régions de Nyumakele et la ville de Mutsamudu ont été les théâtres de plusieurs scènes de troubles. Des coups de feu ont été entendus hier dans plusieurs localités de Nyumakele.
Le matin vers 10 heures, deux barrages ont été érigés entre Manyasini et Adda. Il semble que c’était pour protester contre la manière dont la journée électorale de la veille s’était déroulée, d’après des habitants de la région. Il était difficile de rallier la ville de Mremani, où de jeunes ont saccagé un bâtiment public, en l’occurrence le siège la mairie, puis mis le feu à celui de la gendarmerie.
Au niveau de Hadda, les jeunes de la ville sommaient les chauffeurs de bus de retourner à Mutsamudu. «Arrête chauffeur, tu dis à tes passagers de descendre du bus car la route est barrée», a ordonné à un transporteur, un des jeunes massés devant l’école primaire publique du village. Les passagers ont alors dû continuer leur route à pied.
Deux des passagers, natifs de cette localité, étaient membres du bureau de vote le dimanche. Selon eux, cette colère des jeunes avait commencé le jour du vote vers 17 heures. Estimant que le scrutin a été émaillé de fraudes, « ils avaient voulu casser les urnes et s’en prendre aux membres du bureau de vote ».
Cependant, les forces de l’ordre, appelées à la rescousse et dépêchées sur place, « ont dû intervenir pour assurer la sécurité du personnel du bureau et l’exfiltrer ». Mais pour les disperser, « les militaires ont été obligés de procéder à des tirs de sommation pour les dissuader de s’approcher des bureaux de vote et sécuriser les urnes », dont certaines auraient été cassées, selon toujours ces deux membres du bureau de vote de Hadda.
Barricades à Mutsamudu
A Mutsamudu, la tension est montée suite à la publication des résultats provisoires de l’élection du gouverneur. Des groupements de gens se sont subitement rassemblés dans les rues du chef-lieu de l’île.
Les routes ont été barricadées, et des militaires ont entrepris de les déblayer tout en faisant usage de bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers, qui leur jetaient des pierres. Certains résidents ont quitté le quartier de Gungwamwe, où ces troubles sévissaient, pour se réfugier en altitude. Certains commençaient même à faire des provisions dans les rares boutiques encore ouvertes, situées dans les quartiers épargnés par les affrontements.
Par Issoufou Abdou goli et Zaidou Ahmed