Comores Câbles puis Telco ont organisé des conférences de presse (lire notre édition du mardi 23 juin dernier) où le premier menaçait le deuxième de lui couper la capacité relative au câble Eassy s’il ne règle pas sa facture au plus tard le mardi 30 juin, soit demain. La réponse de Telco ne s’est pas faite attendre puisque dans le même après-midi, l’opérateur a apporté sa version des faits et dans le même temps sous-entendu un deux poids deux mesures qui arrangerait Comores Télécom. Presqu’une semaine après cette sortie, l’opérateur historique a tenu à répondre à Telco et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas allé par le dos de la cuillère.

Trois chefs de département, roaming, réseaux mobiles et interconnexion, voix et data ont été chargés de remettre les pendules à l’heure. Tour à tour, les trois chefs de département ont montré le comportement et l’attitude de Telco «un opérateur habitué à ne pas payer ses factures et à dribbler avec les textes». Nasserdine Ibrahim, chef du département réseaux mobiles a dressé un bref historique de l’évolution de Comores Télécom depuis sa création en vue de tenir sa promesse «d’ouverture vers le monde». Il citera les différents investissements de l’opérateur historique lesquels l’ont conduit là où il est aujourd’hui et qui font de lui «le leader du marché». Entre autres investissements «nous avons déboursés 26 millions d’euros de fonds propres pour le raccordement au câble Eassy mais aussi les câbles Back-bone et Avassa».

Une «injustice»

En 2016, l’Etat a «décidé de placer la gestion du câble Eassy sous l’autorité de Comores Câbles ce qui est pour nous une injustice étant donné que cet investissement est à 100% l’œuvre de Comores Télécom. Nous nous sommes tout de même plié à cette décision mais Comores Câbles doit savoir que c’est notre œuvre», concède amèrement Nasserdine Ibrahim.

L’intéressé ira plus loin et affirmera que «Comores Télécom a même déclaré Comores Câbles comme sa filiale pour qu’il puisse être admis dans le consortium Eassy. Nous nous sommes portés garants et aux yeux de Eassy, Comores Câbles est donc une filiale de Comores Télécom». C’est donc dans cette logique que «Comores Télécom assure à 100% les frais de réparation du câble en cas de problème mais malgré cela, et comme l’a reconnu le directeur de Comores Câbles, nous payons nos factures contrairement à Telco».

«Telco a bénéficié de certaines largesses»

De son côté, Ahamada Keldi, chef du département roaming explique que «l’exclusivité dont parle Telco ne tient tout bonnement pas la route». Sur sa lancée, le conférencier dira «ne pas voir l’intérêt de Telco, mise à part la connexion, puisqu’il refuse d’utiliser les infrastructures locales. Le fait que Telco se connecte ailleurs est une preuve de plus qu’il ne veut pas que son argent serve au pays.

Ils nous ont par exemple payé une facture de 120 millions de francs en liquide pour éviter les circuits habituels et les taxes y afférents». Zainab Madi Mnamdji, chef du département interconnexion, voix et data, ne mâche d’ailleurs pas ses mots «Telco est un mauvais payeur. Il nous doit 96.000 dollars américains qui datent du temps où la gestion du câble Eassy était sous notre responsabilité et depuis janvier dernier, il ne nous a pas payé l’interconnexion nationale. Une facture qui s’élève aujourd’hui à environs 140 millions de francs».

Pour les conférenciers, «Telco a bénéficié de beaucoup de largesse du régime passé et est aujourd’hui passé maître dans l’art de dribbler. Nous invitons Telco à respecter ce pays et les autorités telles que l’Anrtic et Comores Câbes». Avec cette sortie virulente, nul doute que Telco va à son tour dégainer ses armes. Une passe d’armes qui est partie pour durer.

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