Pour rappel, ce n’est pas la première fois que le régulateur «impose» des tarifs «décriés» par les opérateurs. Pour autant, quand ces mêmes opérateurs voient leurs intérêts menacés, ils n’hésitent pas à monter au créneau. Le 3 Decembre 2019 par exemple, l’actuel directeur général de Comores Télécom, Msa Mladjao se vantait de n’avoir pas attendu une décision de justice pour aller à l’encontre de l’Anrtic et ainsi faire baisser les tarifs «en constatant le mécontentement de nos 500.000 clients, nous avons décidé de faire un rétropédalage avant même que la justice ne se prononce».
Une sortie soutenue, le même jour, par le chargé de communication de l’époque, Antoisse Ezidine, «une équipe de monitoring suivait de près les réactions de nos abonnés sur les réseaux sociaux. Il y a eu une réunion de crise dans la journée à l’issue de laquelle, les dirigeants de la société ont décidé de revenir. Après tout, il faut être à l’écoute des consommateurs», a-t-il renchéri.
Aujourd’hui moins téméraire, l’opérateur historique semble avoir courbé l’échine et c’est aussi une des raisons qui provoque l’ire de ses consommateurs d’autant que, du côté de l’Anrtic, on assure que les deux opérateurs ont soutenu et même encouragé cette régulation dont le but est d’encadrer la data (lire notre édition du 18 août dernier).
Dans les faits, la population tire à vue contre Comores Télécom et Anrtic accusés tous les deux «de ne pas jouer franc jeu et de vouloir duper tout un peuple». Sur les réseaux sociaux les commentaires virulents fusent. C’est le cas de Sefrick Abdou, journaliste, qui affirme que «quand nos voisins de l’Océan indien font un pas en avant, nous en faisons un par en arrière».
Un avis que partage un autre internaute, Mohamed Soilihi Fahar-eldine pour qui «opérateurs et régulateur marchent à contre-courant du monde !!! Au lieu d’innover, ils nous plongent dans l’archaïsme ! Ils veulent que nous financions leurs trains de vie démesurés ! Basta !!! Stop ! Ngarikozawo !».
communications électroniques
Plus mesuré, Ahmadou M. Soilihi, ingénieur informatique et télécom, et aussi dans le secteur privé, déclare que les changements de tarifs ne se font pas aussi violement et surtout pas d’une façon aussi anarchique. «L’équivalent de l’Anrtic c’est l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse en France.
C’est une autorité de régulation qui attribue les fréquences, accompagne les opérateurs, définit la réglementation à tous ou à une partie des opérateurs, fait une expertise au moyen des avis qu’elle rend à la demande du gouvernement, dialogue régulièrement avec les opérateurs pour conserver une connaissance du marché et ainsi de suite...» Il ne s’agit aucunement, selon notre source de fixer des tarifs, puisque «c’est une organisation autonome et indépendante qui est un peu ‘le gendarme des télécommunications’. Il faut donc comprendre que ce n’est pas le gendarme qui fixe les prix des marchés».
Et donc, «il n’est pas imaginable qu’elle puisse décider de fixer les tarifs des télécommunications. Les tarifs sont fixés sur la base d’une loi dans un pays qui fonctionne normalement. Et en France, cette loi prévoit qu’en cas d’augmentation l’opérateur soit obligé de prévenir ses clients quelques mois à l’avance, le temps nécessaire pour que le client décide de se désabonner ou non à sa guise.
Et donc, la manière arbitraire dont les tarifs sont augmentés par ComoresTélécom n’est pas acceptable», explique Ahmadou M. Soilihi. Et selon ce dernier, «le fait que les autorité considèrent Comores Télécom comme une source d’argent conséquente pour les caisses de l’Etat n’arrange pas la situation. C’est là où demeure la difficulté de cette société depuis plusieurs années.