Les établissements scolaires comoriens sont de plus en plus confrontés à un dilemme : faut-il bannir les téléphones portables pour préserver la concentration des élèves, ou au contraire, encourager leur usage comme outils pédagogiques ? Le débat s’intensifie à mesure que les écoles tentent de concilier discipline et modernité.
Au Groupe scolaire Avenir (Gsa), la question ne se pose plus. Après une tolérance relative, la direction a récemment opté pour une interdiction stricte. Désormais, tout élève surpris avec un téléphone se voit infliger une sanction sévère, allant jusqu’à la confiscation de l’appareil jusqu’à la fin de l’année. L’objectif affiché : limiter les distractions, les tricheries et les usages abusifs des réseaux sociaux.
Une position que partage Ahmed Hassane, directeur et enseignant à l’École moderne arabo-française (Emaf) de Dzahadjuu la Hambuu. Il reconnaît cependant l’ambivalence de cet outil devenu omniprésent. «Bien que les élèves s’en servent souvent pour des futilités, le smartphone reste un instrument mémoratif utile pour la recherche, la consultation de résumés ou d’exercices», explique-t-il. Avant d’ajouter : «Mais dans la pratique, il provoque un relâchement de la concentration et favorise les tricheries. Nous avons choisi de l’interdire totalement, car la rigueur fait partie de notre pédagogie».Pour M. Hassane, autoriser les téléphones en classe témoigne d’un « manque de responsabilité » de la part des chefs d’établissement. Il salue donc la fermeté de son école, qui aurait permis de «réduire sensiblement les cas de triche et d’améliorer l’attention des élèves».Mais cette interdiction stricte ne fait pas l’unanimité. Certains estiment qu’elle ne répond pas aux réalités du monde actuel, où le numérique s’impose dans tous les domaines, y compris l’éducation. Des enseignants plaident pour «un usage encadré», considérant que «priver les élèves d’un tel outil pourrait les désavantager face aux exigences de la société moderne».
Côté parents, les avis sont tout aussi partagés. Si certains voient dans l’interdiction une mesure salutaire, d’autres redoutent une coupure trop brutale avec la technologie. Une mère d’élève confie pourtant son soulagement face à cette décision. «Mon enfant passe son temps sur TikTok, Snapchat ou WhatsApp. Il ne révise presque jamais. Peut-être qu’en interdisant les téléphones à l’école, il apprendra à s’en détacher un peu», témoigne-t-elle.Entre les défenseurs d’une éducation plus connectée et ceux qui réclament un retour à la rigueur, la question du téléphone portable à l’école reste donc ouverte. Car si le smartphone peut être un formidable outil d’apprentissage, il demeure aussi une source majeure de distraction.Le véritable défi pour les établissements comoriens semble donc désormais être de trouver le juste équilibre entre sécurité, discipline et adaptation à l’ère du numérique.
Toimayat H. Ali
