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Un cœlacanthe, une des espèces «intégralement protégées», a été pêché ce week-end à Ndzuani

Un cœlacanthe, une des espèces «intégralement protégées», a été pêché ce week-end à Ndzuani

Société | -

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Un cœlacanthe (le poisson et non un joueur de l’équipe nationale de football !) a été capturé le samedi dernier, tout près de la côte de Mutsamudu, à Ndzuani, par des pêcheurs du quartier de Habomo. L’un d’eux, un sexagénaire, a reconnu avoir «bien sué» pour le remonter dans sa pirogue. «Il a mordu vers 22 heures, mais il s’est passé une heure et demie avant qu’on ait pu le remonter. Nous l’avons pris à une profondeur d’environ trois cent mètres», a-t-il témoigné devant les journalistes et les nombreux curieux venus contempler l’étrange poisson, étalé sur la poissonnerie de Habomo le lendemain matin.

 

Cette énième prise a suscité des réactions d’indignation, pour la plupart, de la part de la population  et sur les réseaux sociaux. D’aucuns n’hésitent pas à appeler la vindicte contre les pauvres pêcheurs, qui croyait pourtant pouvoir «en tirer un bon prix», notamment «en le vendant à des chinois», croyaient-ils sans raison. Un jeune du quartier du pêcheur prendra, toutefois, sa défense sur Facebook en ces termes : «les pêcheurs ne savaient pas ce que c’était, vu que c’était la nuit.

Ce n’est que le matin qu’ils se sont rendu compte de ce qu’ils ont mis dans leur pirogue. Puis une fois sur la terre ferme, ils ont appelé le coordinateur (de l’Union à Ndzuani, Abdouroihamane Adinane, Ndlr), mais le monsieur, selon eux, a dit ne savoir quoi faire. Donc à l’heure actuelle le cœlacanthe se trouve chez l’un des deux pêcheurs dans son congélateur.

Demain si le gouvernement ou le Cndrs (Centre national pour la documentation et la recherche scientifique, Ndlr) ne s’intéressent pas, eh ben, on va le souper !». Depuis, le poisson git toujours dans le congélateur. 

Le cœlacanthe est un poisson ancien (il daterait de plus de trois cent cinquante millions d’années), qui existait en plusieurs sous-espèces (seulement deux existent encore de nos jours),  et qui aurait peu évolué morphologiquement depuis plusieurs dizaines de millions d’années, d’où l’intérêt scientifique qu’il suscite.

On le croyait tout à fait disparu des fonds marins depuis soixante-dix millions d’années,  jusqu’à ce qu’un pêcheur sud-africain le capture en 1938. La deuxième prise suivra quatre ans plus tard, en 1952, cette fois à Ndzuani aux Comores.  Menacée tout de même aujourd’hui d’extinction, l’espèce se repartit en de petits groupes d’individus, éparpillés dans quelques pays (Afrique du Sud, Indonésie…), mais le groupe le plus important vivrait dans l’espace maritime comorien. 

Chez nous, la législation environnementale le classe parmi les «espèces animales ou végétales intégralement protégées parce qu’endémiques, rares ou menacées d’extinction», au même titre que la roussette de Livingstone,  la petite roussette des Comores, le maki Mongoz, la tortue verte ainsi qu’une quarantaine d’autres espèces animales et végétales.

Beaucoup de ces animaux et végétaux, notamment les tortues, font toutefois l’objet de capture ou de destruction régulières, dans l’impunité, sauf autour du Parc marin de Mwali.  

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