Souvent critiquée pour ses failles techniques et financières, la Sonelec semble amorcer un tournant décisif. Selon son patron, ce succès repose sur une rigueur organisationnelle renforcée dans toutes les directions de l’entreprise, en particulier au niveau technique, commercial et financier. Sur le plan technique, l’accent a été mis sur la régularité de la production et de la distribution de l’électricité, selon le directeur général. «Nous avons concentré nos efforts sur les heures les plus critiques, notamment entre 18h et 23h, afin de garantir un maximum de desserte électrique pendant cette plage horaire où la demande est la plus forte. L’objectif est clair. C’est d’assurer une régularité dans la production et dans la distribution, en veillant à ce qu’aucun Comorien ne reste plus de 24 heures sans électricité. C’est une consigne ferme», a-t-il expliqué.
Quant au plan commercial, Soilahoudine Moumini indique avoir réorganisé le processus de facturation avec une présence accrue sur le terrain, notamment pour effectuer les coupures en cas d’impayés, mais aussi pour veiller à ce que les factures soient émises et distribuées dans les délais. S’agissant du côté financier, la Sonelec a mis en place un système de traçabilité stricte de toutes les transactions. «Chaque transaction est désormais tracée de manière rigoureuse. Toutes les recettes encaissées sont vérifiées et déposées, avec un suivi quotidien de toutes nos agences et concessionnaires. Les opérations bancaires sont pointées systématiquement pour garantir la transparence et l’intégrité des flux financiers», a-t-il fait savoir.Interrogé sur les critiques concernant les nouveaux compteurs Sts, soupçonnés de faire grimper les consommations, le patron de la Sonelec se veut clair. «C’est faux», a-t-il nié avant de poursuivre que «les données montrent clairement le contraire. La mise en service des nouveaux compteurs Sts a entraîné une baisse des recettes de l’ordre de 20 millions de francs comoriens. Cela prouve qu’il n’y a pas eu de surconsommation.» A l’en croire, ce qui a changé, au contraire, c’est la prise de conscience du coût réel de l’électricité.
Le patron de la Sonelec a également indiqué qu’avec l’ancien système, les clients étaient souvent facturés sur la base d’estimations ou de forfaits, surtout en l’absence de relevés et qu’avec le système prépayé, chacun paie exactement ce qu’il consomme, en temps réel. «L’exemple est simple. C’est comme si vous aller au restaurant. Avant, vous pouvez manger à volonté sans connaître le prix exact, et receviez la facture à la fin, parfois même incomplète. Alors que, maintenant, les prix sont affichés dès le départ, vous savez ce que vous consommez et combien cela va vous coûter. Ce changement psychologique explique le sentiment de surconsommation», a-t-il clarifié.
Des défis techniques persistants
La Sonelec renoue-t-elle avec la performance ? A cette question, Soillahoudine Moumini reste lucide et conscient que des défis techniques restent importants, surtout au niveau du réseau électrique qui, selon toujours lui, demeure fragile, notamment à cause de l’ajout récent «de batteries à la centrale de Washili, qui a entraîné une hausse de 80% des déclenchements. Il mentionnera en outre d’autres incidents techniques, comme des transformateurs grillés ou des lignes cassées, lesquels compliquent la situation.
Le directeur général de la Sonelec a ainsi souligné que le véritable chantier, reste le réseau qui, contrairement à la production n’attire personne, car il ne génère pas de profits directs pour les investisseurs.Pour cet ingénieur en génie électrique, l’amélioration de leurs recettes leur permet toutefois d’envisager des interventions ciblées, notamment sur le réseau de distribution. «Par exemple, pour la rénovation du tronçon de ligne entre Itsambuni (Moroni) et Mde qui coûterait environ 12 millions de francs est, gâce à la rigueur actuelle, envisageable», a-t-il illustré.Le patron de la Sonelec appelle alors à la responsabilité citoyenne.
«Frauder ou voler l’électricité, c’est se voler soi-même et nuire au pays, car chaque franc perdu par la Sonelec doit être compensé par l’État, au détriment d’autres secteurs essentiels comme l’éducation, la santé ou les infrastructures», a-t-il martelé. Pour lui, «même si le prix de l’électricité reste élevé, le paiement juste de sa consommation est une condition indispensable pour changer les choses et améliorer durablement la qualité des services».Soilahoudine Moumini a tenu, à cette occasion, à remercier les employés de la société et à saluer leur engagement et leur implication dans le redressement de la société. «Nous espérons bientôt constater les mêmes améliorations dans les autres îles, notamment à Ndzuani, où nous intervenons actuellement sur le groupe G19, un projet retardé par des problèmes d’approvisionnement en pièces détachées, financé encore une fois sur fonds propres», a-t-il lancé, formulant le souhait qu’avec l’amélioration de la fourniture à Ndzuani, une hausse des recettes pourrait être envisagée «pour qu’on puisse avancer tous ensemble sur l’ensemble du territoire».

