Le dimanche 6 juillet, le stade de Malouzini à Moroni a vibré au rythme des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de l’Union des Comores. Devant «plus de 6000 personnes» selon les organisateurs, le président Azali Assoumani a assisté à un événement grandiose, marqué par un défilé militaire impressionnant, des danses traditionnelles, et des chants populaires entraînants. Dès 5h15, une foule immense, composée d’hommes, de femmes et d’enfants vêtus de leurs plus beaux habits, a commencé à affluer vers le site des festivités. Ils ont malheureusement dû patienter jusqu’à 11h sous un soleil ardent avant le début des célébrations.
«Les liens d’amitié et de fraternité»
Pendant cette attente, les diverses délégations internationales, venues marquer ce demi-siècle d’indépendance aux côtés des Comoriens, ont pris bonne place. Parmi elles, trois étaient menées par leurs chefs d’État : la présidente de la République Unie de Tanzanie, Dr Samia Suluhu Hassan, invitée d’honneur à la cérémonie, les présidents mauricien et éthiopien, Dharam Gokhool et Taye Aske Sélassié. Les Républiques de Madagascar et du Sénégal étaient représentées par les présidents de leurs Assemblées nationales respectives, Justin Tokely et El Malick Ndiaye. Les ambassadeurs résidant aux Comores, le directeur de l’Agence marocaine de coopération internationale (Amci), le secrétaire général de la Commission de l’Océan indien (Coi), le directeur de l’Asecna, un ministre d’État des Émirats arabes unis, le directeur de cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, ont également étaient de la partie.
Pour cette édition de la fête, un éventail de langues, français, anglais, swahili, shikomori, chinois et arabe a rythmé la cérémonie, garantissant ainsi la compréhension pour toutes les délégations étrangères présentes. Aux côtés des forces comoriennes, trois détachements militaires venus de la Tanzanie, du Royaume du Maroc et de Chine ont défilé, symbolisant et renforçant les liens d’amitié et de fraternité avec ces nations. Parmi les invités, la délégation tanzanienne s’est particulièrement distinguée. L’aura de sa présidente, Dr Samia Suluhu Hassan, a marqué les esprits, tandis que les performances enflammées des artistes Hadidja Kopa et Jay Melody ont su animer l’assistance pourtant éprouvée par une longue attente depuis le matin.
A 11h 08, le chef de l’Etat, chef suprême des armées, Azali Assoumani, a débuté la revue des troupes militaires, accompagné du chef d’état-major, le général de brigade Youssouf Idjihadi. La cérémonie s’est poursuivie avec la récitation de versets du Saint Coran par la jeune Haoula Ahmed, venue de Mayotte. Le Grand Mufti de la République, Aboubacar Saïd Abdillah, a ensuite pris la parole, soulignant l’importance de reconnaître les réalisations des prédécesseurs. «Nous devons être fiers et exprimer notre reconnaissance envers ceux qui nous ont précédés, tout en saluant les réalisations du président Azali et de son gouvernement pour le développement du pays », a-t-il déclaré. Et de lancer un appel pressant à l’unité de tous, invitant chacun à s’impliquer pour «bâtir» ce pays.
«La force de notre unité nationale»
Le gouverneur de l’île autonome de Ngazidja, Ibrahim Mze Mohamed, a souhaité la bienvenue à l’assistance, soulignant qu’il ne s’agit pas de célébrer une date, mais un héritage forgé dans la résilience et l’unité nationale. Selon lui, « cinquante ans, c’est le moment de se souvenir de tous ceux et toutes celles, connus ou anonymes ayant porté haut le flambeau de notre liberté par leur courage et leur sacrifice, qui nous a permis de vivre aujourd’hui dans une nation souveraine», saluant la présence de différentes délégations notamment celle de Mayotte et de la diaspora qui illustre «la force de notre unité nationale».La présidente de la République unie de Tanzanie, Dr Samia Suluhu Hassan, a livré un discours d’une vingtaine de minutes en swahili, rendant un vibrant hommage aux pionniers de l’indépendance des Comores. Elle a également rappelé avec force les valeurs, traditions et relations profondes qui unissent les peuples comorien et tanzanien, bien au-delà des simples liens bilatéraux, précisant que certains militants de l’indépendance, notamment du Molinaco étaient accueillis en Tanzanie.
Le chef de l’Etat Azali Assoumani a soutenu que cette célébration marque aussi celle des cinquante ans des relations sino-comoriennes, rappelant que la Chine a été le premier pays à reconnaître les Comores indépendantes. Il a salué «l’engagement» du Royaume du Maroc, «partenaire stratégique» pour l’énergie, la formation et l’investissement, accordant un intérêt très particulier pour la République unie de la Tanzanie.Pour le chef de l’Etat Azali Assoumani, cinquante ans d’indépendance n’est autre que le moment opportun pour poser un bilan sincère sur ce qui est déjà fait ainsi que les défis à relever. Selon lui, «c’est notre rendez-vous avec l’avenir, le temps de consolider les acquis, de refuser les divisions et de bâtir un état moderne, des Comores prospères et ouvertes au monde, où chaque citoyen a sa place et sa chance, où notre jeunesse devient un moteur de progrès et d’innovation». Cette année, aucune distinction n’a été décernée lors de la fête.