Le site du Karthala, le plus grand volcan du pays se situe précisément à 7km de la capitale Moroni, à une altitude située entre 800 et 2361 mètres. Ce qui signifie que le chemin jugé plus court pour s’y rendre est celui de la ville de Mvuni. Toutefois, il ne s’avère pas le plus abordable. Ce chemin semé d’embûches rend le voyage on ne peut plus désagréable. Ce samedi 11 juin, accompagné d’une équipe technique du Centre nationale de documentation et de recherches scientifiques (Cndrs), nous avons quitté Moroni à 7h45 direction le Mont Karthala en passant justement par Mvuni.
A bord de grosses 4X4 Mitsubishi, c’est surement ce de véhicule qui peut faire le poids face à une route complètement abimée. Il a fallu deux heures de route pour parvenir à rallier la cité des cabanes communément appelé Ndrondroni. Ici, le trajet s’arrête là pour les véhicules et les randonneurs doivent terminer le voyage à pieds. De Ndrondroni jusqu’au cratère, il nous a fallu à peu près quarante-cinq minutes pour y arriver sous un température glaciale accompagnés d’un guide qui nous attendait à cette étape. Une occasion pour admirer les pentes de la montagne, dont l’inclinaison varie de 10 à 15 degrés sur le flanc ouest et de 24 à 30 degrés sur le flanc est, couvertes d’une forêt tropicale entaillée par endroits par des coulées de lave fraîches.
Pas à l’abri d’une possible éruption
Mohamed Moissuli alias vote nous explique que « le site se trouve sur une zone humide et il fait presque froid toute l’année ». Ce natif de Mvuni ya Bambawo exerce le métier de guide sur le Karthala depuis 1982 et dit « se souvenir de tous les évènements survenus ici ». « J’ai en mémoire l’éruption de 2007 », dit –il. « Ce jour-là, je me suis rendu ici avec des touristes australiens pour contempler ce qui se passait au fond du cratère. Je ne sais pas pourquoi mais je ne ressentais aucune peur malgré les secousses qu’il y avait autour de nous. C’était vraiment magnifique à voir », s’est-il remémoré.
Pour rappel, c’est à cette date-là que le volcan Karthala s’est réveillé après plusieurs années de sommeil. Les conséquences de cette éruption ont été catastrophiques avec notamment des puits d’eau endommagés et une partie de l’île qui a été envahie par la cendre. «Avant, au fond du cratère, l’on pouvait contempler la forme des îles mais depuis ce jour-là, la cendre qui s’est abattue dans le cratère a totalement recouvert le trou laissant disparaitre ces jolis dessins», a expliqué vote.
Agir vite
André Di Muro, un physicien de l’Observatoire volcanologique du Piton de la fournaise de la Réunion que nous avons aussi rencontré sur place, nous informe que le volcan est toujours endormi. «Il se manifeste normalement après onze ans et cela fait quinze ans qu’il ne s’est pas manifesté donc cela veut dire que nous ne sommes pas en sécurité. Beaucoup d’années se sont écoulées et nous ne sommes pas à l’abri d’un probable cyclone ». Des mesures préventives doivent être envisagées dans le cas où le pire arriverait afin de faire en sorte que les dégâts ne soient pas lourds de conséquences.
Et comment s’y prendre lorsque sept des onze stations censées contrôler les activités du volcan sont endommagées. « Elles ne fonctionnent pas car les matériels ont été détruits par les vaches, d’autres volés et d’autres tombés en panne. Tout ça c’est de notre responsabilité de faire quelque chose sur ça et je pense même que s’il y a possibilité que chaque citoyen cotise pour la réparation de ces stations, nous allons envisager toutes les pistes possibles et non rester les bras croisés et attendre le pire », a déclaré le directeur général du Cndrs, Mze Toiwilou Hamadi.
A notre retour pour rallier la cité des cabanes, nous avons pu visiter une station placée à quelques kilomètres du cratère et, bien évidemment, a été endommagé par les vaches. Les stations permettent de détecter les endroits les plus vulnérables lors d’une éruption volcanique pour une évacuation rapide des habitants de cette zone.
Les autorités doivent agir vite pour la réparation de ces stations. Le Karthala regorge d’endroits magnifiques notamment les pentes de la montagne, la forêt tropicale ou encore les coulées de lave. Reste à en prendre soin pour que le voyage ne soit pas aussi difficile comme ce fut le cas pour nous ce jour là où nous avons pu regagner Moroni qu’aux environs de 18 heures. Les conséquences d’une route qui est un véritable désastre.