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Une marche à Moroni contre les violences faites aux femmes et aux enfants 

Une marche à Moroni contre les violences faites aux femmes et aux enfants 

Société | -   Abdou Moustoifa

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Malgré le combat mené quotidiennement par les associations et organisations non gouvernementales qui militent pour le respect des droits des femmes et des enfants, victimes de violence, la tendance est loin de dégringoler. La non-application de la loi Mourad favorise, selon les militants, une multiplication des actes de violence à cause notamment de l’impunité, dit-on.

 

La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et enfants est célébrée partout dans le monde ce dimanche 25 novembre. Aux Comores, une marche a été organisée, samedi 24 novembre à Moroni, pour dénoncer «ces actes ignobles, ces violences faites contre les femmes et les enfants». Toutes les Ong impliquées dans cette lutte étaient présentes : Hifadhu, Mwana tsi wamdzima, Ascobef, Cap et les services d’écoute, entre autres. Le commissariat chargé du genre, l’Unicef, l’ambassade de France ou encore des personnalités comme l’ancien gouverneur Mohamed Abdoulwahab et son épouse, la première dame de Ngazidja, y ont tous pris part à cette manifestation. Du lycée Saïd Mohamed Cheikh jusqu’à la place de l’indépendance, ces hommes et femmes ont, à cor et à cri, exprimé leur soutien aux victimes de ces violences.


Leur message était clair : "stop aux violences". Chaque année, depuis 1981, presque tous les pays du monde célèbrent la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. «Nous avons participé à cette marche pour sensibiliser la population à lutter activement contre les violences faites aux enfants et aux femmes. Nous ne devons plus accepter le silence, l’injustice. Exiger la protection par la justice est obligatoire», a déclaré, la présidente de l’Ong, MwanaTsi wa Mzdima, Nadjda Saïd Abdallah. Juste après la marche, il y a eu un débat très enrichissant sur ce phénomène.

207 cas

Le docteur Saïd Ibrahim, membre de cette Ong, et également pédopsychiatre, a évoqué les conséquences psychologiques engendrées après les viols. Il a plaidé pour la formation des personnes accueillant les victimes en tenant compte des fondements culturels pour soigner ces dernières.

Rien qu’en 2018, il y a eu 207 cas signalés. On compte plus de 120  jeunes filles victimes d’agressions sexuelles. Dix-huit cas de grossesses.

Au cours du défilé, les défenseurs des droits des femmes et des enfants ont dénoncé l’impunité. Les participants aux discussions ont surtout pointé du doigt le laxisme au niveau de la Justice. «La loi Mourad qui criminalise le viol sur mineur est souvent mise de côté. Elle n’est pas appliquée», ont regretté les acteurs qui ont eu à prendre la parole au cours des échanges. «Même chose pour les sanctions prévues par cette loi. Les victimes regardent impuissants les coupables circuler sans la moindre inquiétude. Cela est inadmissible et intolérable», ont-ils dénoncé.


 


Cette forme d’impunité qui s’enracine au fil des années mettent à mal les victimes ainsi que les familles qui, selon Nadjda Saïd Abdallah, préfèrent ne pas à aller se confier puisqu’ils savent que justice ne leur sera pas rendue. La présidente de l’Ong Hifadhu, Rahamatou Goulam s’est réjouie de la tournure qu’a prise la marche. «Il y a eu une forte mobilisation. Nous tenons d’ailleurs à remercier les personnes qui ont répondu présentes à l’appel. Pour nous, le combat continue. Du lundi jusqu’à samedi, nous avons eu trois cas. Donc, il faut multiplier les efforts et sensibiliser les gens, les parents par exemple», a-t-elle lancé. Une série d’activités est prévue cette semaine. Demain mardi, une conférence débat sera organisée à l’Université des Comores. Une caravane de sensibilisation doit avoir lieu à Mitsamihuli. Les dates seront communiquées.

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