Une vaste mobilisation citoyenne se poursuit chaque dimanche pour redonner à la baie de Kalaweni l’image et le prestige d’antan. À l’initiative de la jeunesse des quartiers de Badjanani et de Mtsangani, cette action vise à restaurer un lieu emblématique «de convivialité, de mémoire et de vie sociale» au cœur de la capitale. Selon Amine Said Ahmed, citoyen de Badjanani, la baie de Kalaweni était, dans les souvenirs des parents et grands-parents, un véritable espace de vie. «C’était un lieu de jeux, de baignade, de football, de rencontres. Toute la ville y passait, jeunes comme moins jeunes. C’est une richesse pour les quartiers historiques, pour Moroni et pour tout le pays», rappelle-t-il. Pour lui, cette initiative dépasse largement le cadre d’un quartier. «La baie de Kalaweni est l’une des vitrines du pays. Nous voulons lui rendre ses lettres de noblesse», affirme-t-il, saluant la dynamique faite par les jeunes.
La première grande opération de nettoyage a débuté dimanche 14 décembre avec une forte mobilisation. Des opérateurs économiques, notamment la famille Wadaani, ont apporté un appui matériel en mettant à disposition une tractopelle. La mairie de Moroni, de son côté, a émis une note demandant aux propriétaires de bateaux de libérer temporairement l’espace afin de faciliter le nettoyage. Un camion municipal, des agents de la mairie ainsi que la visite du maire en fin de matinée ont également marqué ce soutien institutionnel.En tout cas, pour les initiateurs, l’action doit s’inscrire dans la durée. «Nous espérons que cette dynamique va continuer et se pérenniser. Il faut accompagner cette mobilisation par des actes administratifs, voire politiques, mais au-delà de tout clivage», insiste Amine Said Ahmed qui appelle à « des mesures concrètes, pour améliorer durablement le cadre environnemental en empêchant les déchets du marché (Shindo shambwani) d’affluer vers la baie et combler certains trous».
Redonner vie à la baie Kalaweni
Conscient de l’enjeu de l’initiative, il reconnaît que «le travail est colossal». «Nous avons fait une bonne partie, mais il en reste beaucoup. On ne peut pas tout régler en deux ou trois dimanches. Malgré tout, nous sommes confiants et déterminés», assure-t-il, appelant l’ensemble de la population à apporter leur contribution. Sur le terrain, la mobilisation est là. Enfants, jeunes, parents et personnes âgées travaillent côte à côte, sous un un soleil de plomb, équipés de casquettes, masques et gants, animés par une même volonté : redonner vie à la baie Kalaweni. La Commissaire Générale au Plan, Najda Said Abdallah de passage pour encourager les équipes a tenu à saluer l’initiative.
De son côté, Faridy Norber, autre citoyen engagé, rappelle l’importance historique du site. «La baie de Kalaweni était avant un lieu de débarquement et d’embarquement vers l’extérieur. Les échanges commerciaux y étaient intenses et elle avait une grande importance économique et sociale», explique-t-il. Il souligne également son «rôle fondateur dans le football local, avec de nombreuses équipes et grands joueurs ayant fait leurs premiers pas sur ce sable blanc aujourd’hui disparu». Avec la pollution, les carcasses de bateaux, les pirogues usées et les déchets non filtrés, la baie a perdu son attrait. «Personne n’ose plus s’y baigner par peur des maladies. Le sable blanc d’autrefois n’est plus qu’un souvenir», regrette-t-il. Pour Faridy Norber comme pour les autres bénévoles, l’objectif est clair : «dépolluer la baie, réorganiser la présence des boutres afin qu’ils continuent à générer de l’emploi, et permettre aux enfants de revenir jouer et aux familles de se retrouver». «Kalaweni doit redevenir un lieu de retrouvailles, de mémoire et d’histoire», conclut-il.
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