L’Ecole de police de Ntrenani à Ndzuani, qui sert occasionnellement, depuis septembre 2021, de «centre de rétention administrative» pour migrants clandestins, s’est vidée, jeudi 23 juin, de la majorité de ses pensionnaires. 15 migrants dont 9 femmes, 5 enfants et un homme ont enfin obtenu l’autorisation du gouvernement de quitter cet endroit, et de rejoindre un centre d’accueil, celui de la Mission catholique de Mutsamudu.
Les conditions de vie à Ntrenani
L’organisation Caritas (qui chapeaute la Mission catholique), avait en effet émis, depuis fin mai, le souhait de recevoir les personnes vulnérables enfermées à Ntrenani, et de leur offrir «logement, nourriture, vêtements, soins de santé, produits d’hygiène personnel et une aide pour leur ultérieur départ au pays de destination finale prévu par le bureau de l’Unhcr [Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés]». Le gouvernement vient donc d’accéder à cette requête. D’aucuns lient ce geste avec la célébration de la Journée mondiale du réfugié, ce 20 juin.
Interrogée par nos soins après sa sortie, une migrante a remercié «tous ceux qui ont œuvré» pour leur «libération», et décrit avec amertume leurs conditions à Ntrenani. «Cela fait presque neuf mois qu’on était en prison, maltraités par les policiers. On mangeait difficilement depuis le retrait du Croissant-rouge il y a un mois. On mangeait par la grâce de Dieu, parfois à 19 heures, parfois à 20 heures, et le prochain repas c’était le lendemain à ces mêmes heures», a d’abord confié cette femme, qui a requis l’anonymat, avant de plaider en faveur de ses camarades qui sont restés au centre (il y reste encore huit hommes).
«Nous remercions toutes les personnes qui ont appuyé notre libération, mais nous souhaitons que les autres qui sont restés là-bas sortent aussi parce qu’il y a des policiers qui sont méchants. Quand tu veux aller te soulager la nuit ils n’ouvrent pas, tu es obligé de le faire dans la chambre, dans un seau, et devant les enfants… ce n’est pas facile, la vie là-bas est très difficile», conclut-elle.
Rappelons qu’avant ce contingent, un précédent groupe d’enfants non accompagnés ainsi qu’une famille de quatre personnes avaient déjà été reçus par la Mission catholique. Et avant eux, une femme enceinte y avait été accueillie, mais a fini par s’évader, d’où sans doute l’hésitation qu’ont manifesté les autorités à laisser d’autres migrants rejoindre ce centre. Il convient également de rappeler que plusieurs évasions en groupe de migrants ont eu lieu à Ntrenani, lesquelles ont coûté leurs emplois à certains des policiers qui étaient de garde, d’où sans doute aussi cette fermeté affichée par ces derniers vis-à-vis de ce dernier groupe.