Le pénitencier de Koki (Ndzuani) s’est vidé de ses occupants, dans l’après-midi du mercredi 19 août dernier. Quelques 80 détenus qui s’y trouvaient se sont fait la malle, pendant que les gardes pénitentiaires étaient en train de déjeuner au réfectoire. Les évadés se seraient également emparés de quatre armes à feu, appartenant à des militaires qui y étaient en garde, et les auraient emportées avec eux.
Depuis, l’armée et les forces de l’ordre se sont activement lancées à leur recherche. Plusieurs zones, dont Dindihari et Bandra-kowa (respectivement banlieue des hauteurs de Mutsamudu et colline surplombant cette ville) ont été ratissées, des points de contrôle routiers ont été érigés et des vérifications des véhicules et de l’identité des passagers ont été opérées. Mais jusqu’au samedi 22 août, aucune information officielle n’avait filtré de ces opérations : ni le parquet de Mutsamudu, ni la gendarmerie, ni les autorités politiques de l’île n’avaient accepté de communiquer sur cette énième évasion spectaculaire, ni sur les résultats de cette traque.
Les informations qu’Al-watwan a pu recueillir sur cette affaire proviennent donc de sources anonymes, néanmoins crédibles. Selon elles, le mode opératoire utilisé par les prisonniers pour s’échapper de leur lieu de détention, et celui qui avait déjà été expérimenté avec succès au milieu des années 2000 par d’autres détenus. C’est une scie à métaux qui aurait servi à couper les grilles d’une ouverture d’aération, par où les détenus de deux cellules communes passeront ensuite un à un jusqu’au dernier.
Un éternel recommencement
En 2005, quand des prisonniers avaient opéré de la même manière pour s’évader, ladite fenêtre, jusque-là assez grande et située à une hauteur moyenne, avait depuis été réduite et rouverte plus en haut, de manière à dissuader d’autres futurs potentiels fugitifs. Peine perdue.Les évasions collectives sont devenues un rituel à Koki. La dernière remonte à décembre dernier : une cinquantaine de prisonniers étaient parvenus à prendre la poudre d’escampette, à la suite d’une révolte due, semble-t-il, à de conditions de détention moins meilleures. Les évadés avaient réussi à forcer la porte, mais il y eut un mort parmi eux, que l’autorité judiciaire qualifiera comme accidentelle. Au début de la même année, en février plus précisément, cinq autres détenus avaient profité du moment où les gardes leur apportaient le repas du soir pour les bousculer sur le seuil de la porte, et prendre la fuite.
Dire que la prison de Koki est une passoire serait peut-être exagéré. Mais, à en croire le chef des gardes pénitentiaires, beaucoup reste encore à faire pour la rendre plus sûre. «Je vais demander aux autorités de nous sortir de l’obscurité en mettant un lampadaire dans cette cour. C’est une question de sécurité. Nous sommes également en sous-effectif, et pas équipés. Les prisonniers sont plus nombreux et ils pourraient s’en prendre à nous un jour. Il nous faut des outils de travail, matraques, menottes, tenues… Et n’oubliez pas non plus nos conditions d’employés, mais pour le moment l’équipement et la lumière pressent», avait déclaré le dénommé Bond à une mission du ministère de la Justice, venue distribuer des masques et d’autres produits hygiéniques aux prisonniers et au personnel du pénitencier, au mois de juin dernier. Deux mois plus tard, ses craintes se matérialisent.
SM & DMM
Il est interdit de copier ou de reproduire partiellement ou totalement, cet article sans l’autorisation d’Al-watwan.