Dans une note datée du 31 octobre, le Comité intérimaire de gestion a informé tous les responsables que l’ancien député n’aura plus le droit de percevoir son salaire. Cette décision est valable jusqu’à ce que l’intéressé puisse à nouveau remplir son devoir. Les démêlés judiciaires d'Ibrahima Mhoumadi Sidi, qui l’empêchent de se rendre à son poste à la faculté Imamou Chafiou où il enseigne le français depuis des années, sont cités dans le document entérinant la mesure de suspension de son salaire.
«Il a été constaté l’absence de Monsieur Ibrahima Mhoumadi Sidi à la rentrée universitaire des étudiants au 1er octobre 2018, enseignant de français à la faculté Imam Chafiou, actuellement soumis à une détention judiciaire», pouvait-on lire dans l’article premier de la note dont Al-watwan s’est procuré une copie. Le président dudit comité, Abdullah Ben Saïd, signataire du document, a ainsi ordonné aux services compétents de l’université, notamment la direction des ressources humaines et le service de la comptabilité, de procéder à la suspension du salaire à partir du mois d’octobre pour «services non rendus» et ce jusqu’à ce que l’intéressé reprenne effectivement ses services.
En attendant son retour
«Il n’est pas question de limogeage ni de suspension», s’est défendu un membre du comité intérimaire de gestion. «Depuis la rentrée, il ne s’est pas présenté. Nous avons suspendu son salaire jusqu’à ce qu’il revienne. On ne peut pas continuer à payer une personne qui ne travaille pas», a-t-il ajouté. Un des juristes de la place abondera dans ce sens. Me Moudjahidi Abdoulbastoi estime que le salaire est le fruit d’un service rendu. «Légalement, cela, pourrait se justifier. Le salaire est une contrepartie d’un travail fourni. Si l’employé ne l’a pas exercé la rémunération n’est pas due. Excepté pour des raisons connues. Dans le cas présent, une telle décision est justifiable jusqu’à ce que la personne reprenne le travail», a-t-il précisé.
Le Syndicat des enseignants de l’Université des Comores (Sneuc) n’a pas été informé, à en croire son secrétaire général par intérim, Moumine Mohamed. «C’est un père de famille. Il aurait fallu couper les indemnités et non le salaire en attendant l’évolution de la situation. Je me demande s’ils ont consulté l’inspection du travail», pense-t-il. Ibrahima Mhoumadi Sidi était vice-président à l’Assemblée nationale au moment de l’adoption de la loi controversée de la citoyenneté économique. Il est ainsi inculpé de faux et usage de faux, usurpation de titre et forfaiture dans le cadre de l’affaire dite de la citoyenneté économique.
Abdou Moustoifa