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Usine de pêche : Soixante agents au chômage technique à cause d’une “insécurité”

Usine de pêche : Soixante agents au chômage technique à cause d’une “insécurité”

Société | -   Nazir Nazi

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L’usine de pêche marche au ralenti ou même pire. Le directeur général de la société a énuméré une série de dysfonctionnements qui ont causé le licenciement de plusieurs dizaine de personnes et la mise au chômage technique d’une soixantaine d’autres. On regrette le vol de carburant, de bateau (qui a été retrouvé à Ndzuani), d’équipements et autres émetteurs. On se plaint en outre du non respect des engagements des responsables de deux coopératives.

 

L’usine de pêche de Vwadju, appelée actuellement Comoros national fishingcompany (Cnfc), est déserte. Pour la simple raison, que ses soixante agents ont été mis au chômage technique. Une décision prise suite à une réunion organisée le mois dernier par le conseil d’administration sur le fonctionnement de l’usine.

C’est dans la salle de conférence que le directeur général de la société, Ali Abdérémane Chamsoudine, a accepté d’évoquer les raisons du chômage technique.

 

La société n’est pas tombée en faillite, a-t-il lâché.

 

Il a préféré parler du climat d’insécurité qui s’est instauré. Selon lui, tout a commencé lorsque l’usine a décidé de se servir de ses sept grands bateaux de dix-huit mètres pour pêcher, à la place des petits de six mètres équipés des moteurs de six à quinze chevaux.


Coût du sabotage, 12 millions de francs

Après avoir payé six millions de francs comoriens pour la licence de deux bateaux pour une durée de douze mois, à raison de trois millions de francs chacun, le directeur de la Cnfc comptait déployer chaque bateau pendant quinze jours pour plusieurs tonnes de poissons, surtout les gros thons.

Sachant que chaque bateau a une capacité de dix tonnes. La pêche fut pour ainsi dire infructueuse. La raison ? Les émetteurs présents dans chaque bateau et d’autres équipements ont été dérobés.

 

Après une attente de dix heures, les pêcheurs ont voulu récupérer les équipements et les poissons, ils ont constaté que les lignes ont été coupées et les émetteurs volés par des pêcheurs inconnus. Cette même situation s’est produite dans trois zones : au large du nord de Ngazidja, à côté de Shindini et entre Mayotte et Ndzuani. C’est du  sabotage, reste-t-il convaincu.

 

Un sabotage estimé à hauteur de 12 millions de francs. Du coup, le conseil d’administration et la direction générale de la Cnfc attendent  que la partie comorienne puisse garantir la sécurité maritime pour relancer les activités.

“Des pêcheurs comoriens ont affirmé, lors d’une réunion, qu’ils ne sont pas prêts à voir une activité de pêche de masse puisqu’elle risque de désavantager la pêche locale. C’est triste. Il est important également de sensibiliser les pêcheurs comoriens à ce sujet”, estime Ali Abdérémane Chamsoudine, avant d’évoquer d’autres causes ayant provoqué le dysfonctionnement de l’usine.


Passé de 200 agents à 60

Si aujourd’hui la Cnfc compte 60 agents au lieu des 200 agents qui y travaillaient au début des activités, s’explique toujours le patron de Comoros national fishing company, c’est parce que les  coopératives (lire plus bas) n’arrivaient pas à honorer certains engagements. Au point que la société a traversé des situations financières “pénibles”.

 

On est passé de 200 agents à 120 et puis à 60. On a été obligé de ne pas renouveler les contrats.


Sans détour, il a pointé du doigt la gestion des deux coopératives des pêcheurs de Hantsambu et de Mitsamihuli. “On donnait tout aux coopératives et les  pêcheurs devaient par la suite rembourser les frais de carburant et de lubrifiants, de glace embarquée à bord pour la conservation des poissons…”, énumère-t-il.

 

Pourtant, “bien que  les pêcheurs payaient les frais auprès de leurs coopératives, ces dernières ne versaient rien. Après un audit, il s’avère que les dirigeants des coopératives étaient responsables de cette fâcheuse situation “, constate-t-il.

A l’entendre, la dette des deux coopératives est estimée à 13 millions de francs. Raison pour laquelle leurs contrats n’ont pas été renouvelés. En plus,

 

six moteurs de 15 chevaux et un bateau de six mètres ont été volés par des pêcheurs de la coopérative de Mitsamihuli. Heureusement le bateau a été retrouvé à Ndzuani. Pire, ils volaient aussi le pétrole. Après avoir centralisé nos activités, les pêcheurs transbordaient également les poissons, regrette le directeur de la Cnfc.

 

“Une réunion du conseil d’administration est prévue ce mois à Doha et une solution pourrait être trouvée”, espère-t-il. Interrogé à ce sujet, le président de la coopérative des pêcheurs de Hantsambu, Mohamed Ali Abdou, dit avoir  versé près de 6 431 329 francs sur les 7 482 421 qui doivent être versés à la société.


Convention de partenariat jamais signée

Dans le même document dont ce dernier fait référence, il conteste la dette à hauteur de cinq millions de francs considérée comme frais de loyer. “Le directeur de la société faisait référence à l’article 2 d’une convention de partenariat qui n’a jamais été signée entre les deux parties. Il fallait signer la convention pour qu’elle soit applicable. Ce qui n’est pas du tout le cas”, démontre le président de la coopérative.

Selon lui, sa coopérative ne pouvait pas verser mensuellement la somme d’un million de franc alors qu’elle ne s’est pas engagée dans le partenariat. “Du 18 mars au 18 juin, la société n’a jamais envoyé de facture de loyer à la coopérative. Et puis, on a travaillé ensemble pendant trois mois. Au moins, la société devait  demander les millions de francs”, dit-il avant d’évoquer une lettre de la coopérative adressée à la direction de la société.

Dans ladite lettre dont Al-watwan détient une copie, Mohamed Ali Abdou demandait “des éclaircissements sur les nouveaux prix du kilo de poisson durant le ramadan”. “A la demande du gouvernement, on vendait à perte à la société alors qu’on achetait cher chez les pêcheurs. Comment pouvions-nous alors payer les charges”, se demande-t-il.

 


Dans la convention de partenariat, conclue pour une durée de cinq ans, la Cnfc s’est engagée à acheter, au minimum, 40% de la production de la coopérative. 60% du produit doit être vendu dans la communauté.

Pour les relations commerciales avec les tiers, la coopérative est autorisée à appliquer un discount d’au minimum 10% sur les prix d’achat du poisson par rapport aux tarifs pratiqués au profit des membres coopérateurs.

Sur les revenus de leur activité, les pêcheurs coopérateurs prendront à leur charge l’intégralité des frais et charges d’exploitation inhérents à leur activité : frais de carburants et lubrifiants, coût des appâts, frais de bouche, renouvellement des engins de pêche, glace embarquée pour la conservation du poisson, frais d’immatriculation des navires et les taxes de débarquement.

Une part de participation aux frais collectifs de la coopérative, comprenant principalement les salaires du personnel à terre opérant pour la coopérative, frais d’administration et de gestion, la location du centre communautaire, les frais de maintenance et les consommables (glaces, électricité…).


 

 

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