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Vagues de migrants aux Comores : un phénomène qui a commencé il y a 5 ans

Vagues de migrants aux Comores : un phénomène qui a commencé il y a 5 ans

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Le pays est confronté ces dernières années à des migrants venant majoritairement de la région des Grands Lacs sur le continent. Ils sont dupés par les passeurs qui leur font croire qu’ils sont arrivés à Mayotte. Leur point de départ est la région de Mtwara en Tanzanie. Leur périple coûterait entre 2000 et 3000 euros par passager.

 

3 vagues de migrants ont échoué sur nos côtes ou au large en moins d’une semaine. Les autorités locales comme centrales et la population se sont mobilisées pour venir en aide à ces continentaux. Coïncidence ou non, le chef des garde-côtes comoriens a été remplacé ce lundi par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, alors que Mitsamihuli au nord de Ngazidja accueillait plus tôt dans la matinée 66 migrants, parmi lesquels 16 femmes, 36 hommes et 14 enfants. Le lieutenant Fahmy Husny El-Nassib est ainsi le nouveau patron de cette institution, en remplacement du lieutenant-colonel Azad Ahamada. Il devra sécuriser des frontières qui s’avèrent poreuses, une tâche qui s’annonce fastidieuse. En tout cas, le mode opératoire des passeurs est désormais connu : ils font croire à ces voyageurs fuyant des conflits armés, des persécutions ou une situation économique délicate, qu’ils sont arrivés sur l’île comorienne de Mayotte.


Inédit jusqu’à récemment, le phénomène a vu le jour il y a à peu près 5 ans. Des migrants venant majoritairement de la République démocratique du Congo mais aussi de la Somalie, du Burundi, du Mozambique, du Rwanda voire du Burkina Faso sont régulièrement interceptés. Un phénomène qui va crescendo comme le révèle un document de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) aux Comores, datant d’octobre 2024, qu’Al-watwan a pu consulter. «155 migrants ont été interceptés aux Comores de janvier à juillet 2023, contre 80 migrants en 2022 ou 100 migrants en 2021», y lit-on. Cette agence des Nations unies note que «certains migrants pourraient faire l’objet d’un trafic illicite».


Le point de départ de ces infortunés, toujours selon le même document, est la Tanzanie. Les migrants à bord de bateaux motorisés partent de la région de Mtwara. La distance entre cette région de ce pays voisin et les Comores est de 370 kilomètres. «Les migrants traversent le canal de Mozambique dans des voyages en bateau qui durent jusqu’à 3 jours», indique le document rédigé par l’antenne locale de cette agence onusienne. Les sources divergent quant au coût du voyage qui oscillerait entre 2000 et 3000 euros (entre 1 million et 1 million 500 mille francs) par passager.Initialement, les passeurs débarquaient ces continentaux à Ndzuani. Ensuite, quand la sécurité aux frontières dans cette partie du pays a été renforcée, c’est à Mwali qu’ils accostaient (voir encadré) puis à Ngazidja. Sur cette île, pour ne citer que les dernières opérations, les migrants ont été débarqués sur 3 points d’accès différents : à Salimani ya Hambou au centre de l’île, à Shindini au sud et à Mitsamihuli au nord. Ce qui complique davantage la tâche des garde-côtes.


Des migrants interrogés ont indiqué qu’à leur départ, ils avaient pris place dans une embarcation plus grande pouvant contenir jusqu’à 70 passagers. Mais un transbordement dans des kwasa se fait, généralement au large des côtes comoriennes. Ce qui laisse penser que ces passeurs ont des complices sur place.D’ailleurs, lors de ces transbordements, des familles peuvent être séparées. C’est le cas d’un jeune garçon qui avait quitté la Tanzanie avec sa mère et ses deux frères en 2022. A un moment de leur périple, il est monté dans un kwasa et sa famille dans un autre. L’adolescent a fini à Ndzuani où il a dû être scolarisé dans une école publique. Sa famille, elle, est arrivée à Mayotte.

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