Alors que les agriculteurs locaux privilégient les variétés améliorées pour leur rapidité de production, les variétés locales, elles, sont menacées de disparition. Pour y faire face, l’Inrape (Institut national de recherche en agriculture, pêche et environnement) affirme avoir lancé un programme de collecte de ces variétés traditionnelles afin de les multiplier et de les redistribuer aux producteurs.Autrefois, les marchés de la capitale regorgeaient de variétés locales de bananes, de maniocs ou d’ignames. Aujourd’hui, ces produits, véritables patrimoines agricoles, deviennent de plus en plus rares, supplantés par des variétés importées comme les fias, désormais omniprésentes.
Pour comprendre les raisons de ce changement, Al-watwan s’est entretenu avec Dr Issa Mze Hassani, chef du département Santé et production végétale à l’Inrape.
Un programme de sauvegarde
Selon lui, le principal facteur qui pousse les agriculteurs à délaisser les variétés locales est leur cycle de production plus long. «Actuellement, les producteurs veulent à tout prix des variétés comme la Fia 17, car elles poussent vite et donnent de grandes bananes», explique-t-il. Pourtant, sur le plan économique, les variétés locales restent plus rentables.Il cite l’exemple des ambrevades, qui nécessitent six mois pour produire. « Avec des variétés améliorées, on peut obtenir une production en trois mois seulement. Cela joue un rôle important dans la sécurité alimentaire, en réduisant la dépendance aux importations et les coûts pour les consommateurs », précise-t-il. Conscient du risque de disparition des variétés locales, l’Inrape a mis en place un programme de sauvegarde. «L’objectif est de collecter ces variétés, de les multiplier et de les redistribuer aux agriculteurs comoriens, afin d’en garantir la durabilité et préserver ce patrimoine agricole», souligne Dr Hassani.
Au-delà de leur forte présence sur les marchés, certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’impact écologique des variétés améliorées, jugées plus exigeantes en ressources naturelles. À cela, notre interlocuteur répond qu’il n’existe pas d’impact significatif avéré. «Même parmi les bananiers locaux, les plus grands n’absorbent pas la même quantité de ressources que les plus petits», nuance-t-il. Enfin, il appelle à ne pas confondre variétés améliorées et organismes génétiquement modifiés (Ogm). «Ce sont deux choses différentes. Une variété améliorée peut résulter d’un croisement entre deux types de plantes sans modification du patrimoine génétique, contrairement aux Ogm qui introduisent des gènes étrangers», explique-t-il, avant de rappeler que la loi phytosanitaire interdit l’introduction d’Ogm dans le pays.