La préfecture d’Itsandra Hamanvu a organisé, mardi dernier, une réunion de haut niveau de concertation et de sensibilisation sur les dangers relatifs aux feux de brousse. Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur laisse entendre que les causes naturelles des feux de brousse sont beaucoup moins importantes et laissent désormais place aux activités humaines et surtout volontaires. «Une campagne de sensibilisation s’avère nécessaire afin de conscientiser la population et renforcer la résilience face aux risques éventuels», souligne-t-il annonçant la mise en place prochaine d’une unité de protection civile dans chaque préfecture ainsi que la mise en place d’une unité mixte de veille qui sensibilisera sur les dangers des feux de brousses et ses inconvénients sur l’économie du pays. Dans son intervention à l’occasion, le préfet d’Itsandra Hamanvu, Said Djae Karihila, a souligné que «dans un pays où l’agriculture est la principale source des revenus de la population, l’économie du pays ne doit pas régresser à cause des feux de brousse qui ravagent les cultures». Ainsi, Il a exhorté les participants à réfléchir et proposer les solutions urgentes et pérennes pour mettre fin à cette pratique des feux de brousse qui ravagent chaque année des hectares de terrain cultivable.
500 hectares cultivables perdus par an
Pour sa part, le maire d’Itsandra ya Isahari a insisté sur les efforts de la jeunesse d’Itsandra qui lutte contre la déforestation, sachant que les régions d’Itsandra et Dimani restent les plus touchées par les feux de brousse. «Certains agriculteurs mettent le feu, pensant cultiver plus facilement, ils ne savent pas qu’ils mettent en danger l’écosystème», regrette Ali Idjihadi. De son côté, Karim Ali Ahmed, représentant du Pnud à cette réunion, a fait savoir que le pays perd chaque année plus de 500 hectares cultivables à cause de ces feux de brousse. Il indiquera qu’à Ngazidja, il reste actuellement 10.000 hectares cultivables. «Si ces feux continuent, nous n’aurons plus d’espace cultivable, dans les prochaines années», prévient-il. Ainsi, le gouvernement en partenariat avec le Pnud a mis en place un projet de renforcement de la résilience des Comores aux risques des catastrophes liées aux changements et la variabilité. Pour Karim Ali Ahmed, l’organisme qu’il représente travaille avec 3.000 agriculteurs dans la lutte contre la déforestation et les feux de brousse, par la plantation d’ylang-ylang sur 60 hectares, donc 45 à Ngazidja. «Le projet a déboursé plus de 10.000 millions pour l’achat et la plantation de 18.000 plans pépinières. Selon les prévisions ces plants devraient rapporter 7 tonnes d’ylang par mois évalué à 144 millions par an».
A son tour, Anfani Soilih, responsable technique insulaire du projet Rrc/Pnud, a exposé les actions entreprises par ce projet qui a pour objectif de renforcer les capacités d’adaptation et la résilience des communautés les plus vulnérables à faire face aux catastrophes. «37 personnes de Dibwani et Bambadjani ont d’ores et déjà bénéficié de ce projet. 18.000 plants ont été plantés sur 46 hectares, malheureusement, un feu de brousse a ravagé 10 parcelles, soit 6 hectares et 2.773 plants ont été brulés, c’est une perte de plus de 5 millions de francs», regrette le technicien qui préconise des mesures strictes pour mettre fin aux feux de brousse. L’ancien maire de Dibwani dans son témoignage dit avoir planté 8.000 plants d’ylang, 400 plants de girofle et 40 cocotiers. «Un feu de brousse a tout ravagé et il ne me reste plus rien», regrette-t-il. Pour sa part, le maire de Dimani a indiqué qu’un agriculteur qui avait eu une recette de 4 millions après la vente de la vanille l’année dernière a vu son champ dévasté entièrement, maintenant il est au lit. Le ministre de la justice, présent à cette réunion, recommande une réunion de sensibilisation auprès des juges pour leur faire comprendre les enjeux des feux de brousse, afin de sanctionner les auteurs.