La cherté des produits pétroliers et des prix des produits alimentaires riment avec la hausse de prix. Le riz ordinaire, premier produit de base le plus consommé dans le pays est introuvable. Le riz de luxe a pris place dans les foyers malgré que le kilogramme peut aller jusqu’à 1750 francs.Mais le citoyen n’a guère le choix. Qu’en pensent les consommateurs ? Jusqu’à quand cette situation peut-elle durer ?
Mohamed Said Mohamed est agent à la Société comorienne des ports (Scp). Pour lui, le citoyen est victime dans la mesure où «nous n’avons pas oublié que le gouvernement a octroyé la coquette somme de cinq milliards pour accompagner les grossistes afin de pallier à cette crise alimentaire. Mais nous ne voyons pas la différence car certes, la vie en générale est devenue de plus en plus difficile partout mais notre gouvernement doit réagir le plus vite possible surtout sur cette question liée à l’importation du riz ordinaire car si cette situation persiste d’ici un ou deux mois, je n’oserai pas imaginer ce qui peut se passer».
Toujours selon ce fervent supporteur des Cœlacanthes, « le problème reste sur les produits importés qui sont toujours introuvables. Les produits locaux au moins sont là même si c’est difficile pour s’en procurer mais à mon avis le gouvernement devrait mettre l’accent sur le respect des mesures d’accompagnement pour que le citoyen lambda ne se sente pas lésé», a fait savoir celui qu’on surnomme Zidane.
Rencontrée en face du portail de l’hôpital El Maarouf, Fatima M’madi qui tient difficilement son petit commerce de vente de beignets et de «sambusa», reproche le gouvernement de ne pas prendre ses responsabilités. Selon elle, «cette cherté est à la fois grave et insupportable. Seul le gouvernement a la solution. Même avec cinq mille francs, il est difficile de nourrir une famille en une journée. Qu’allons-nous faire de cette vie avec des enfants qui veulent manger, s’instruire et s’habiller ?», s’interroge-t-elle.
«Tout est devenu trop cher»
Même constat pour Kalathoumi Mohamed. Cette mère au foyer fait savoir que les problèmes ont toujours existé dans ce pays mais, cette fois, selon elle, ça va de mal en pis. «Nous avons toujours eu des problèmes sur les salaires tardives, problèmes routières ainsi de suites mais cette fois-ci, c’est vraiment compliqué. Nous sommes arrivés à un stade où nous n’arrivons pas à nous procurer de la nourriture parce que tout est devenu trop cher.
Certains parmi nous ont des proches à l’extérieur qui subviennent à nos besoins financièrement mais même avec l’argent, les produits de premières nécessités comme le riz ont disparus», s’est-elle plaint. Elle expliquera également que dans une situation pareille, les institutions d’Etat comme la Douane comorienne devraient faire preuve d’indulgence. Selon elle, «étant donné que le riz reste introuvable, je pense que lorsqu’une personne envoie ici une voiture avec quelques sacs de riz à l’intérieur, pourquoi ne pas revoir à la baisse les frais et les taxes douanières?».Un autre jeune homme qui a souhaité garder l’anonymat pointera du doigt «les salaires misérables».
Salaires de 50.000 francs
Pour lui, «l’Etat doit relever les salaires. Ce n’est pas normal qu’un citoyen continue à percevoir le même salaire en temps normal et le même salaire en cette période compliquée. Surtout avec des salaires de 50.000 francs pour certains et moins que ça pour d’autres. Normalement l’Etat doit fixer un salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) pour tous les fonctionnaires parce que sans cela, il n’y aura jamais une augmentation de salaires. J’admets qu’il arrive un moment où le gouvernement procède à des avancements sur les salaires des fonctionnaires de l’Etat mais ceux qui travaillent dans les secteurs privés, qu’est-ce qu’ils vont devenir», s’est-t-il posé la question.
Il rappellera qu’une fois que le prix augmente dans ce pays, il ne baisse jamais. «Ici, une fois que les commerçants augmentent le prix d’un produit, ce dernier reste toujours le même et ne revient jamais à la normale. Les comoriens plus précisément ceux de Ngazidja devraient se remettre en question et se faire une prise de conscience sur cette vie chère parce que dans les autres îles par exemple, le prix d’1kg de poisson n’a jamais grimpé jusqu’à deux mille francs parce qu’une fois que le vendeur ose augmenter, les clients manifestent et n’achètent pas mais par contre à Ngazidja nous ne sommes pas solidaires».
Par Hairiat Mohamed (stagiaire)